Pérou - Toledo prépare son gouvernement et une tournée internationale
L’une des personnalités-clés du prochain exécutif sera le banquier Pedro Pablo Kuczynski. Auteur du chapitre économique du programme électoral de Toledo, il fut le seul présenté avec certitude comme futur ministre par le prochain président, mardi à Lima devant la presse. Alejandro Toledo n’a toutefois pas précisé si Kuczynski dirigerait l’Economie ou les Finances, voire les deux à la fois. Lié à la haute finance des Etats-Unis, pays ou Toledo obtint ses doctorats, Pedro Pablo Kuczynski administre un important portefeuille d’actions à Miami. Au Pérou, il fut ministre de l’Energie et des Mines sous la présidence de Fernando Belaunde (1980-1985). Egalement ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), Kuczynski est considéré par les milieux financiers internationaux, selon des analystes américains, comme " l’unique source fiable de tranquillité " pour les investisseurs dans l’entourage économique de Toledo. Mardi, il était difficile de savoir si la hausse de la bourse de Lima pour le deuxième jour consécutif saluait la victoire de l’ex-petit cireur de chaussures Toledo ou davantage la défaite de son adversaire social-démocrate, Alan Garcia, plus marqué à gauche. Devant les journalistes, Alejandro Toledo a souhaité que Javier Perez de Cuellar demeure ministre des Affaires étrangères, poste que l’ancien secrétaire général des Nations unies cumule actuellement avec celui de président du Conseil des ministres du gouvernement intérimaire. Perez de Cuellar écarte pour l’instant cette hypothèse, offrant néanmoins sa collaboration au futur chef de l’Etat. L’actuel ministre intérimaire de la Justice, Diego Garcia Sayan, assesseur de Toledo avant d’assumer cette charge, est également courtisé par le vainqueur de l’élection présidentielle. Luis Solari, secrétaire général de Pérou Possible, le parti de Toledo, indique que l’équipe ministérielle sera prête dans deux semaines. Alejandro Toledo assure avoir négocié avec succès " l’appui de plus de 61 congressistes " (sur un total de 120), soit d’une majorité absolue parlementaire. Suite aux élections législatives du 8 avril, concomitantes du premier tour de la présidentielle, le Pérou Possible d’Alejandro Toledo est la première force parlementaire avec 45 élus à la chambre unique du Congrès. Il précède l’Alliance populaire révolutionnaire américaine (APRA, 28 élus) d’Alan Garcia, l’Unité nationale (17 élus) de la démocrate-chrétienne Lourdes Flores et le Front Indépendant Moralisateur (FIM, 11 élus). Les relations entre ces quatre partis principaux seront déterminantes pour la stabilité politique du Pérou. Alan Garcia a déjà offert sa collaboration à Alejandro Toledo pour former un éventuel " gouvernement de concertation nationale ". Toledo n’en retient pour l’instant que le mot " concertation ", qu’il dit préférer aux alliances. Assuré notamment de l’appui du FIM, Alejandro Toledo, qui voudrait gouverner sur un consensus ample, recherche aussi celui de Lourdes Flores, mais la démocrate-chrétienne s’y résiste. Avant son investiture, le futur président visitera les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, dans l’espoir d’attirer des investisseurs et de capter des ressources pour son " programme d’urgence sociale ". Alejandro Toledo s’est donné publiquement de six à neuf mois pour présenter les premiers résultats de sa lutte contre le chômage et la pauvreté, qui frappe 60% des Péruviens.
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