Pérou - Les chefs suprêmes de l’armée présentent leur démission
Cette crise au sommet de l’armée s’ajoute à l’incertitude politique après l’élection présidentielle du 8 avril. Personne n’ayant obtenu la majorité absolue, un second tour opposera, fin mai ou début juin, deux candidats de centre gauche, l’économiste Alejandro Toledo et l’ancien président Alan Garcia. Le président Paniagua n’a pas encore accepté la démission des trois chefs militaires. Il fera connaître sa décision après la semaine sainte. Dès la diffusion du vidéo, il s’était prononcé en faveur de changements dans la hiérarchie militaire, mais après la journée électorale du 8 avril, qu’il ne voulait pas perturber. Dans le vidéo enregistré secrètement par Vladimiro Montesinos, l’éminence grise d’Alberto Fujimori, les trois militaires, qui n’étaient pas encore les chefs suprêmes des trois armes, signent en mars 1999 un acte appuyant le coup de force du 5 avril 1992. Ce jour-là, le président Fujimori avait dissous le Congrès et soumis la justice avec l’aide de la police, de l’armée et des services secrets. Malgré de nouvelles élections, c’est une dictature voilée, orchestrée par Montesinos, que Fujimori allait maintenir jusqu’en novembre 2000. La crise provoquée par la triple démission est d’autant plus complexe que le même acte de soutien à Fujimori avait été souscrit par tous les colonels et généraux de la police et de l’armée. Tous risquent d’être traduits en justice, car la Constitution péruvienne interdit les activités politiques aux militaires. Mais à Lima, l’influent quotidien " El Comercio " révèle que les magistrats militaires qui pourraient les juger ont eux-mêmes signé l’acte délictueux ! Le Premier ministre Javier Pérez de Cuellar souhaite qu’on ne sanctionne pas des militaires qui, dit-il, ont signé un document " sous la pression du chantage ". Il croit en outre que changer tous les chefs militaires ne servirait pas actuellement les intérêts du Pérou.
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