Suspense préélectoral au Pérou : Garcia se rapproche de Toledo
Basé sur une copie du bulletin de vote rempli le 25 mai par 1822 personnes dans 18 départements péruviens, le sondage de la société " Apoyo " attribue 52% des votes valables à Toledo, dirigeant et fondateur du parti Pérou Possible, contre 48% à Garcia, leader de l’historique Alliance populaire révolutionnaire américaine (APRA). Les deux candidats se réclament du centre gauche, Toledo affichant un goût plus prononcé pour l’économie de marché. Par rapport au sondage effectué par " Apoyo " le 13 mai, Toledo a perdu 6%, gagnés par Garcia. Ce dernier apparaît comme le vainqueur de l’unique débat télévisé de la campagne. A l’issue de ce face-à-face diffusé le 19 mai en direct dans tout le pays, la presse avait conclu au match nul. Néanmoins, les Péruviens semblent avoir été sensibles au sourire et à la décontraction de Garcia. Malgré sa gestion catastrophique de 1985 à 1990, l’ancien président transmet une impression d’assurance, tandis que Toledo, au visage plus rude, semble souvent en proie à l’inquiétude. En outre, l’intensité de la " guerre sale " menée contre Garcia lui fait assumer un rôle de victime attirant la sympathie. Des spots télévisés diffusés par le Front moralisateur indépendant (FIM, éliminé au 1er tour), mais que des journalistes disent financés par Toledo, comparent Garcia à un chien qui mord ou à un mari battant sa femme, en allusion aux chocs terroristes et économiques subis par le Pérou sous sa présidence. Quant aux intentions de voter blanc ou nul, le débat télévisé du 13 mai les a dégonflées de 10%. Leur importance mettait en péril le prestige des deux candidats et l’autorité présidentielle que les urnes dicteront le 3 juin. A la question " Si l’élection avait lieu demain, pour qui voteriez-vous ? ", 37% des Péruviens sondés le 25 mai par " Apoyo " ont choisi Toledo, 30% Garcia, 23% le vote blanc ou nul, les indécis ou ceux préférant ne pas répondre totalisant 10%. D’autres sondages pronostiquent une victoire nette de Toledo. Celui de " Datum " lui attribue 58%, contre 41% à Garcia. La " Compaña Peruana de Investigacion " (CPI) donne à l’économiste 55,9% et 44% à l’ancien chef de l’Etat. L’analyste Giovana Peñaflor, de la société " Imasen ", considère que l’élection de dimanche sera " difficile ", car " nombreux seront ceux qui voteront non pour l’alternative idéale, mais pour le moindre mal, étant donné que nous vivons une perte de confiance généralisée à l’égard des politiciens et de ceux qui recherchent le pouvoir ". La clef pour les candidats cette semaine, ajoute-t-elle en substance, sera de " commettre le moins d’erreurs possible " et de transmettre une image de stabilité. Le journal " Ojo " résume l’impression générale en titrant : " N’importe lequel (des deux) peut arriver au Palais (présidentiel) ". L’élection présidentielle anticipée devrait clôturer, formellement du moins, la crise politique ouverte par la démission du président Alberto Fujimori, lorsqu’en novembre dernier avait éclaté le scandale de la corruption organisée par son chef des Services d’intelligence, Vladimiro Montesinos. Le Congrès péruvien avait refusé la démission de Fujimori, préférant le destituer " pour incapacité morale ". Ce dernier vit actuellement au Japon, le pays de ses ancêtres, dont il a récupéré la nationalité. La justice péruvienne le poursuit pour meurtres et pour manquement à ses devoirs de chef de l’Etat.
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