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Pérou: le Congrès accuse Fujimori de crimes contre l'humanité

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Pérou

LIMA, 28 août 2001 (LatinReporters.com) - C'est à l'unanimité que le Congrès des députés du Pérou a déclaré lundi soir à Lima l'ex-président Alberto Fujimori (1990-2000) coupable de crimes contre l'humanité. Cette "accusation constitutionnelle" enclenche automatiquement une procédure judiciaire qui pourrait déboucher sur une demande d'extradition de l'ancien chef de l'Etat.

Alberto Fujimori réside actuellement au Japon, le pays de ses parents, dont il a repris la nationalité. En principe, le Japon n'extrade pas ses nationaux, mais le Pérou espère que l'accusation du Congrès soumettra Tokyo à la pression de la communauté internationale.

Alberto Fujimori est accusé d'être le coauteur intellectuel de 25 assassinats perpétrés lors de deux tueries successives, en 1991 et 1992 à Lima, par le "Grupo Colina", un escadron de la mort composé de 35 militaires protégés par le pouvoir. Les victimes, dont neuf étudiants et un professeur de l'Université La Cantuta, étaient soupçonnées d'appartenir au groupe terroriste maoïste Sentier Lumineux, ce qui n'a jamais été prouvé.

Déchu en novembre dernier après dix ans de pouvoir, emporté par la découverte de la corruption généralisée organisée par son chef des services de renseignement, Vladimiro Montesinos, Alberto Fujimori est considéré comme un héros au Japon, dont il parle couramment la langue. Jamais avant lui un Japonais n'avait occupé la présidence d'un autre pays. Le maire de Tokyo est l'un de ses soutiens.

Alberto Fujimori ayant effectué, lors de ses mandats présidentiels, plusieurs voyages officiels au Japon en y représentant le Pérou, les autorités de Lima estiment qu'il ne peut en aucun cas être considéré comme japonais et qu'il pourrait donc être livré à la justice péruvienne en cas de demande formelle d'extradition. Mais tel n'est pas l'avis de Tokyo.

Dans cette controverse, l'accusation de crimes contre l'humanité introduit un nouvel élément important, car de tels crimes sont universellement passibles de poursuites. La pression morale sur le Japon sera donc forte si, comme on le croit, les tribunaux péruviens se saisissent de l'accusation du Congrès pour entamer une procédure d'extradition.

Encore faut-il que les preuves retenues par les députés péruviens -essentiellement les témoignages d'anciens militaires- persuadent les juges que l'accusation de crimes contre l'humanité n'est pas qu'une vengeance politique, comme l'affirme Alberto Fujimori sur son site Internet ( http://www.fujimorialberto.com/ ), édité en espagnol, en anglais et en japonais à Tokyo et très prisé par les médias péruviens.

Sur ses pages web, Alberto Fujimori s'adresse aux Péruviens en les qualifiant de "chers compatriotes". Une preuve de plus, selon le ministre péruvien des Relations extérieures, Diego Garcia Sayan, qu'Alberto Fujimori n'est pas japonais.

Mais la volonté maintes fois affichée publiquement par le nouveau président du Pérou, Alejandro Toledo, de ramener coûte que coûte Alberto Fujimori à Lima pour l'y juger aura convaincu les Japonais que le dossier Fujimori relève au moins autant de la politique que de la justice.


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