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Pérou : le président Toledo et sa famille menacés par les scandales de corruption

La "popularité" du premier président péruvien d'origine indienne n'est que de 7%

Lima: le président Alejandro Toledo à la tribune du Congrès mardi dernier (27 juillet 2004) - Photo Presidencia de la República
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Pérou

LIMA, jeudi 29 juillet 2004 (LatinReporters.com) - Réclamée aussi contre sa femme, une interdiction judiciaire de sortie du Pérou frappe un frère et une soeur du président Alejandro Toledo. Ils sont mêlés à des scandales qui dégradent l'image du chef de l'Etat, dont le taux d'approbation stagne depuis plusieurs semaines entre 7 et 9%.

Menacé lui-même par des accusations journalistiques, le président Toledo, dont le mandat expire en 2006, affirmait mardi à la tribune du Congrès qu'il autorisait la levée du secret sur ses comptes bancaires et ceux de son épouse, Eliane Karp.

Paradoxalement, la lutte contre la corruption fut le symbole des campagnes d'Alejandro Toledo pour l'élection présidentielle (perdue) de 2000 et pour celle (gagnée) de 2001 convoquée après la fuite au Japon, en novembre 2000, du président Alberto Fujimori. Même en croyant au libre marché et en privilégiant les relations avec les Etats-Unis, Toledo suscitait un immense espoir populaire pour être le premier président péruvien d'origine indienne. Sa femme, l’anthropologue d'origine belge Eliane Karp, contribua à son succès électoral en haranguant les foules tant en quechua qu'en espagnol.

C'est lors de son discours prononcé mardi au Congrès (Parlement à chambre unique) pour la fête de l'Indépendance que le président autorisa la Super-intendance de la Banque et le procureur de la République à examiner son "patrimoine personnel et conjugal" et à lever, pour ses comptes et ceux de sa femme, "le secret bancaire au Pérou et dans le monde, depuis l'année 2000 jusqu'à ce jour".

Il n'est néanmoins pas sûr qu'une telle "mesure ferme et radicale", comme l'a qualifiée Toledo, puisse être suivie d'effet dans des pays qui ont leurs propres critères en matière de secret bancaire.

Selon l'influente revue péruvienne "Caretas", c'est sur un compte bancaire dont Alejandro Toledo et Eliane Karp seraient titulaires au Luxembourg que l'ex-assesseur présidentiel Cesar Almeyda, emprisonné en février dernier, aurait déposé un important pot-de-vin qu'il avait perçu. Le procureur anticorruption Julia Principe demande à ce sujet un interrogatoire de Cesar Almeyda.

Le procureur de la République sollicite, lui, une interdiction de sortie du Pérou contre la Première dame -titre d'Eliane Karp- pour malversation présumée, concernant un prêt de la Banque mondiale, lorsqu'elle dirigeait la Commission nationale des peuples andins, amazoniens et afro-péruviens.

Le journal "Perú 21" prétend que cette interdiction de sortie et la levée du secret des comptes bancaires d'Eliane Karp auraient été réclamées lundi par le procureur anticorruption.

Des interdictions effectives de sortie du territoire national ont déjà été prononcées par la justice contre Pedro et Margarita Toledo, frère et soeur du président.

Pedro Toledo est accusé de fraude dans la création d'une entreprise qui obtint une concession en matière de téléphonie. Quant à Margarita Toledo, elle aurait dirigé un réseau de falsification de signatures pour permettre l'inscription officielle, en 1998, du parti País Posible (Pays Possible), appelé ensuite Perú Posible (Pérou possible), le parti du président Alejandro Toledo.

Une éventuelle condamnation de Margarita pourrait être lourde de conséquences pour le chef de l'Etat. D'autres scandales, dont une paternité extraconjugale longtemps niée avant d'être avouée, minaient déjà la crédibilité d'Alejandro Toledo. La stabilité gouvernementale est brisée par d'incessants remaniements de l'exécutif, notamment pour démission de ministres soupçonnés aussi de corruption.

Avec, selon les sondages, un taux d'approbation ne dépassant pas 7 à 9%, Alejandro Toledo est peut-être le président le plus impopulaire d'Amérique latine. Nombre de commentateurs doutent qu'il aille jusqu'au terme de son mandat, en 2006. Une élection présidentielle anticipée surprendrait peu de Péruviens. L'ex-président social-démocrate Alan Garcia serait alors l'un des favoris -voire le principal- à la succession.

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