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Pérou: l’élection présidentielle reste soumise à la légalité fujimoriste

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Pérou

LIMA, 31 mai 2001 (LatinReporters.com) - Le vainqueur de l’élection présidentielle du 3 juin au Pérou, Alejandro Toledo ou Alan Garcia, devra mettre un point final aux dix ans du régime d’Alberto Fujimori. Mais les bases légales de ce régime sont toujours en place dans l’attente d’une réforme constitutionnelle que le prochain chef de l’Etat mettra probablement en chantier.

Le gouvernement provisoire constitué en novembre dernier après la fuite de Fujimori au Japon n’a pas modifié d’un iota le cadre constitutionnel instauré au Pérou après l’auto-coup d’Etat mené en 1992 par le président déchu. La formation de cet exécutif provisoire, la désignation de Valentin Paniagua comme président intérimaire et la convocation de nouvelles élections ont respecté la légalité fujimoriste.

La composition du Congrès qui a légiféré et accompagné le gouvernement provisoire pendant ces derniers mois de " transition démocratique " est le fruit des élections de l’an dernier, soumises elles aussi aux règles du jeu de Fujimori. Considérées comme frauduleuses, elles sont répétées actuellement.

Le nouveau Congrès est sorti des urnes lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 8 avril dernier, et il sera installé le 26 juillet, deux jours avant l’investiture du nouveau président de la République. Tant les nouveaux parlementaires que le futur chef de l’Etat auront été élus sur le bases légales fujimoristes, mais sans fraude selon les observateurs nationaux et internationaux.

La constitution actuellement en vigueur au Pérou fut promulguée par Fujimori en 1993, un an après son auto-coup d’Etat du 5 avril 1992. Ce jour-là, le président Fujimori avait dissous le Congrès, où il ne disposait pas d’une majorité, et soumis la justice avec l’aide de la police, de l’armée et des services secrets. Malgré de nouvelles élections, c’est une dictature voilée, orchestrée par le chef des services de renseignement, Vladimiro Montesinos, que Fujimori allait maintenir jusqu’en novembre 2000.

Il obtint néanmoins des succès retentissants. Alors qu’Alan Garcia lui avait laissé en 1990 un Pérou ravagé par une inflation de 7.600% (bien 7.600), par la corruption, par la pénurie de produits de base et par le terrorisme d’extrême gauche (Sentier Lumineux et Tupuc Amaru), Alberto Fujimori emprisonnait les chefs terroristes, rétablissait la paix civile et relançait l’économie. En 1994, le Pérou battit un record mondial en hissant à 13% son taux de croissance annuel.

Fujimori signait aussi une paix historique avec l’Equateur, mettant fin avec ce pays à un long différend frontalier parsemé d’épisodes guerriers. On découvre néanmoins aujourd’hui que les achats d’armes liés à ce conflit permirent au conseiller présidentiel Vladimiro Montesinos et à d’autres collaborateurs de Fujimori d’empocher de plantureuses commissions illégales.

Montesinos, qui filmait en secret les personnalités qu’il corrompait, fut sans aucun doute la figure la plus symbolique du régime fujimoriste. Actuellement en fuite, il est recherché pour enrichissement frauduleux, assassinat et tortures. Une récompense de 5 millions de dollars est offerte pour sa capture.

D’autres collaborateurs de Fujimori, dont ceux qui furent les principaux chefs de l’armée, sont actuellement emprisonnés ou mis en examen par la justice. Alberto Fujimori lui-même est poursuivi pour meurtres et manquement à ses devoirs de chef de l’Etat. Le Pérou souhaite qu'il soit extradé par le Japon, mais ce pays n’extrade pas ses nationaux. Fujimori a en effet récupéré la nationalité de ses parents japonais.


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