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Pérou-élection présidentielle: le "cholo" Toledo favori

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Dossier
Pérou

LIMA, 5 avril 2001 (LatinReporters.com) - Alejandro Toledo, économiste de 55 ans formé aux Etats-Unis, et son parti de centre gauche Pérou Possible sont les favoris des élections législatives et présidentielle du dimanche 8 avril.

Le " cholo " (de sang mêlé) Toledo, surnom populaire dû à ses traits indiens marqués, brigue pour la troisième fois la présidence du pays. Une assiduité qui, si elle est enfin couronnée de succès, lui vaudra peut-être le surnom de " Mitterrand péruvien " pour rappeler la longue course à la magistrature suprême du défunt président socialiste français.

Petit cireur de chaussures à l'âge de 5 ans, quatrième des 16 enfants d’une famille modeste du bourg andin de Cabana, Toledo présente sa candidature à la présidence dès 1995. Cette année-là, il obtient 3% des voix et 3 députés ...qui passent dans le camp du vainqueur, le président aujourd’hui déchu Alberto Fujimori.

Docteur en économie, grâce à une bourse, de l’université américaine de Stanford, Toledo revient après cet échec à sa chaire de professeur de l’Ecole d’administration commerciale de Lima. Consultant occasionnel de l’ONU, de la Banque mondiale et d’autres organismes internationaux, il se définit idéologiquement comme un " défenseur de l’économie de marché à visage humain ".

Aux élections du 9 avril 2000, Toledo brigue la présidence pour la 2e fois. Dans ce scrutin entaché d’irrégularités, il décroche 40,3% des suffrages, contre 49,8% au président Fujimori. Ce résultat implique la convocation d’un second tour. Toledo l’accepte, malgré sa conviction que la fraude organisée par le pouvoir l’a dépossédé d’une victoire au premier tour.

Mais lorsque les observateurs de l’Organisation des Etats Américains se retirent en estimant que ce second tour ne pourrait pas avoir lieu dans des conditions de transparence, Toledo se désiste et laisse Fujimori se présenter et gagner en solitaire.

Avec l’aide d’autres partis de l’opposition, le leader de Pérou Possible réunit le 27 juillet 50.000 manifestants au centre de Lima pour tenter d’empêcher l’investiture de Fujimori. Des heurts violents avec la police se soldent par la mort de six employés de la Banque de la Nation, incendiée probablement par les manifestants.

Quelques mois plus tard, le député de l’opposition Fernando Olivera, l’un des huit candidats actuels à la présidence, diffuse publiquement un vidéo montrant Vladimiro Montesinos, homme fort du régime de Fujimori, corrompre un parlementaire du parti de Toledo. La diffusion de ce vidéo précipite la chute du président Fujimori, l’installation d’un gouvernement provisoire et la convocation des élections générales de ce 8 avril.

S’il est favori, Toledo a pourtant un ennemi redoutable : lui-même. Des investigations journalistiques contredisent en effet ses affirmations sur certains épisodes de sa vie privée.

La respectée revue Caretas affirme qu’un prétendu enlèvement politique dénoncé par Toledo masquerait son hospitalisation pour excès de consommation de cocaïne lors d’une partie de plaisir avec plusieurs femmes.

Par ailleurs, un programme péruvien de télévision renforce le profil mitterrandien du leader de Pérou Possible en lui découvrant, témoignages à l’appui, une fille illégitime que Toledo se refuse à reconnaître.

Enfin, son épouse, l’anthropologue belge Eliane Karp, est taxée par les médias de racisme. Lors d’un meeting électoral, elle a proclamé que les accusations contre Toledo seraient ourdies par " les petits blancs de Lima ", inquiets à l’idée qu’un indien puisse être élu à la présidence du Pérou.


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