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Venezuela: le président Chavez critiqué pour ses menaces contre les étrangers

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Dossier
Venezuela

CARACAS, 14 juin 2001 (LatinReporters.com) - La menace d’expulser les étrangers qui " outragent " le Venezuela ou ses autorités radicalise les critiques contre le président Hugo Chavez, ex-officier putschiste élu triomphalement en 1998. Il est accusé d’avoir franchi un nouveau pas vers l’autoritarisme présidentiel.

En affirmant que les étrangers qui le critiqueraient, lui, son gouvernement ou le Venezuela seraient expulsés du pays, Chavez lui-même provoqua la tempête devant un tranquille forum d’entreprises organisé par Pétroles du Venezuela et la Chambre vénézuélo-américaine de commerce.

La cause apparente de cet accès de nationalisme aigu fut la déclaration d’une péruvienne récemment candidate à la présidence de son pays, Lourdes Flores, venue participer à Caracas à une réunion internationale de la Démocratie chrétienne. Organisée par la Fondation populaire ibéroaméricaine (FPI), cette réunion avait pour thème " La démocratie en Ibéroamérique ".

Interviewée par une chaîne de télévision du Venezuela, Lourdes Flores compara le régime du président Chavez au modèle " autoritaire " de l’ex-président du Pérou Alberto Fujimori, aujourd’hui réfugié au Japon et poursuivi pour meurtres et manquement à ses devoirs de chef de l’Etat.

L’opposition vénézuélienne souligne que la menace d’expulser des étrangers est anticonstitutionnelle, car violant l’article 57 de la Constitution bolivarienne de 1999, qui garantit " à toute personne " le droit de libre expression. La Constitution ne dit pas que ce droit serait " exclusivement vénézuélien " précise le démocrate-chrétien Eduardo Fernandez, président de la FPI.

Selon lui, " l’attitude du président Chavez est contraire aux propres valeurs de la Constitution qu’il a lui-même parrainée ".

" Lourdes Flores s’est limitée à décrire comment un président (Fujimori) qui jouissait au départ d’un grand appui populaire a dérivé vers un régime autoritaire, populiste et corrompu " explique Eduardo Fernandez, tout en reconnaissant que le cas péruvien " ressemble à ce qui se passe au Venezuela ".

Le responsable démocrate chrétien croit que " Chavez s’est senti visé " parce qu’il est clair que son gouvernement " évolue dans la direction autoritaire, populiste et avec de nombreux éléments de corruption ".

" L’attitude présidentielle confirme le régime de pouvoir absolu concentré dans les mains de Chavez ", poursuit Eduardo Fernandez. A ses yeux, " le président n’a pas de culture démocratique, il est intolérant, il ne comprend pas que la démocratie est le libre jeu des opinions, il a une attitude peu civilisée propre aux casernes ".

Comme Fernandez, le dirigeant du parti Union et ex-candidat à la présidence du Venezuela, Francisco Arias Cardenas, souligne " qu’il n’existe pas un seul article (de la Constitution) interdisant aux étrangers d’émettre des opinions ".

Ancien compagnon putschiste de Chavez, Francisco Arias Cardenas avertit de la possibilité que les menaces d’expulsion frappent bientôt les agences de presse étrangères et les observateurs internationaux des droits de l’homme.

Pedro Palma, président de la Chambre vénézuélo-américaine de commerce, estime que l’attitude du président Chavez peut affecter les investissements étrangers nécessaires au développement économique du Venezuela.

Tentant de calmer la polémique, le ministre de la Défense et journaliste Jose Vicente Rangel prétend que l’avertissement de Chavez ne s’appliquera qu’aux " touristes " qui " viennent faire des pronunciamientos contre la politique du gouvernement ".

Mais son collègue de l’Intérieur, l’ex-communiste Luis Miquilena, remet de l’huile sur le feu en avertissant les étrangers qu’ils peuvent dire ce qu’ils veulent dans leur propre pays, mais pas au Venezuela, où prime la souveraineté nationale.


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