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Sommet à Brasilia du Marché commun de l'Amérique du Sud
Venezuela, Bolivie, Équateur... le Mercosur s'ouvre à l'ALBA
 

   

 
Chefs d'État au 44e sommet du Mercosur, le 7 décembre 2012 à Brasilia. De gauche à droite : Evo Morales (Bolivie), José Mujica (Uruguay), Dilma Rousseff (Brésil), Cristina Fernandez de Kirchner (Argentine) et Rafael Correa (Équateur).
Photo Wilson Dias / ABr

BRASILIA, samedi 8 décembre 2012 (LatinReporters.com) - Marqué par la signature du protocole d'adhésion de la Bolivie, le 44e sommet du Mercosur, réuni vendredi à Brasilia, a salué la récente pleine adhésion du Venezuela et la négociation de celle de l'Équateur. Le Marché commun sud-américain s'ouvre ainsi aux trois pays du sous-continent qui forment, avec cinq autres d'Amérique centrale et des Caraïbes, le bloc de la gauche radicale dénommé ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique).

A tort ou à raison, des interprétations idéologiques risquent d'entourer ce processus d'élargissement de l'entité économique et commerciale qu'est en principe le Mercosur, fondé en 1991 par le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Le Venezuela en est le cinquième membre depuis le 31 juillet dernier. Brasilia et Montevideo relèvent de ce qu'il est convenu d'appeler la social-démocratie. Buenos Aires est à mi-chemin entre cette gauche modérée et la radicale instaurée à Caracas. Compte tenu de la suspension provisoire du Paraguay suite au limogeage expéditif, le 22 juin, de son premier président de gauche, Fernando Lugo, le Mercosur est aujourd'hui aux mains de pays se situant tous à gauche de l'échiquier politique. L'arrivée de la Bolivie, que suivra probablement l'Équateur, consolidera et radicalisera cette réalité.

La signature au sommet de Brasilia du protocole d'adhésion de la Bolivie lui donne voix au sein du Mercosur, mais son droit de vote est suspendu à la ratification de son adhésion par les parlements des États membres.

"L'entrée de la Bolivie renforce le Mercosur. Je souhaite la bienvenue au président Evo [Morales] et à l'ensemble du peuple bolivien, qui apporte au Mercosur la culture diversifiée des peuples indigènes dont nous nous enorgueillissons beaucoup" a déclaré la présidente brésilienne Dilma Rousseff.

Elle a aussi salué les progrès des négociations avec l'Équateur, en présence de son président Rafael Correa, et "la première participation du Venezuela en tant que membre à part entière". Revenu vendredi matin à Caracas d'une nouvelle hospitalisation à Cuba suite à son cancer révélé en juin 2011, le président vénézuélien Hugo Chavez avait délégué au sommet de Brasilia son ministre de l'Énergie, Rafael Ramirez.

L'Argentine était représentée par la présidente Cristina Fernandez de Kirchner et l'Uruguay par son président José Mujica, à qui Dilma Rousseff a transmis la présidence semestrielle du Mercosur. Evo Morales et Rafael Correa assistèrent à la séance plénière.

Mercosur, CELAC et Union européenne

Avant le sommet, le président bolivien avait souligné, en s'en réjouissant et en l'utilisant comme argument, qu'aucun des pays du Mercosur ou en voie d'y adhérer n'a conclu avec les États-Unis un accord de libre-échange, contrairement au Mexique, aux pays d'Amérique centrale et à trois pays d'Amérique du Sud, la Colombie, le Pérou et le Chili.

Ces trois derniers pays, unis depuis le 6 juin dernier au Mexique au sein d'une Alliance du Pacifique qui forge un marché commun de 200 millions d'habitants, dessinent un pôle libre-échangiste qui contraste avec le pôle relativement protectionniste constitué par le Mercosur sur le versant atlantique de l'Amérique du Sud. Cette division influera peut-être sur les résultats du sommet CELAC-UE (Communauté des États latino-américains et des Caraïbes - Union européenne), les 26 et 27 janvier 2013 à Santiago du Chili.

Lors de ce 7e sommet intercontinental auquel participeront les 33 pays de la CELAC, leurs 27 interlocuteurs de l'UE tenteront notamment de concrétiser un calendrier menant à l'aboutissement de la négociation d'un accord de libre-échange avec le Mercosur. Mais les Européens entendront leurs interlocuteurs latino-américains réitérer, comme le fait la déclaration finale du sommet de Brasilia (points 18,19 et 20), leur crainte "de l'impact négatif sur l'économie mondiale des politiques d'ajustement fiscal et d'expansion monétaire excessive des pays développés", qui risquent "de compromettre les actions visant à éradiquer la pauvreté et à réduire les inégalités sociales" en Amérique latine.

"Ce dialogue avec l'Union européenne doit d'abord servir à savoir ce qu'ils veulent, les écouter et voir ce qui nous convient à nous en tant que région" a dit aux journalistes, à l'issue du sommet, la présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner. Elle a fustigé notamment le protectionnisme agricole de la France et appelé l'Amérique du Sud a être attentive pour éviter la répétition dans la région de "la tragédie" que vit l'Europe, avec "des gens sans maison, sans travail, sans espoir".

L'ouverture du Mercosur aux pays radicaux de l'ALBA compliquera-t-elle davantage la négociation avec l'Europe? José Mujica, président de l'Uruguay qui a relevé le Brésil à la présidence semestrielle du Mercosur, préfère afficher un optimisme relatif. Il croit que la crise européenne a créé "des conditions d'échange et de négociation qui n'existaient pas dans le passé".

A cet égard, des analystes notent que la prospérité actuelle de l'Amérique latine malgré la crise globale équilibrera son dialogue avec l'UE. Comme l'Espagne au récent sommet ibéro-américain, en novembre à Cadix, d'autres pays européens devraient, selon une image de l'AFP, lorgner sur l'Eldorado latino-américain comme sur une bouée de sauvetage.


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