L'Argentine jugée en défaut de paiement par de grandes agences de notation financièreBuenos Aires joue sa dernière carte pour éviter un moratoire
Le succès de cette première étape de la conversion de la dette permettrait d'envisager avec plus d'optimisme la seconde phase, plus délicate, car s'adressant aux créanciers internationaux, moins faciles à convaincre que les banques, les compagnies d'assurances et les fonds de pension argentins. Le ministre argentin de l'Economie, Domingo Cavallo, n'envisage l'échange de titres des créanciers internationaux qu'au premier trimestre 2002. On ignore encore les conditions que l'Argentine leur proposera. Le ministre Cavallo a précisé devant une assemblée de banquiers et de chefs d'entreprises, le 5 novembre à Buenos Aires, que les deux étapes de la restructuration porteraient en principe sur un total de 101,2 milliards de dollars, soit les trois quarts de la dette publique. Le gouvernement argentin évalue que les intérêts de la dette seraient réduits de 4 milliards de dollars par an à partir de 2002 si la restructuration était menée à bon port. Le service de la dette baisserait ainsi de 40%, puisqu'il est annuellement, aujourd'hui, de dix milliards de dollars. En principe, la restructuration de la dette serait une opération "volontaire", les créanciers n'étant pas obligés d'échanger leurs titres actuels contre de nouveaux qui seront émis par le gouvernement argentin à des conditions moins intéressantes. Toutefois, le ministre Cavallo met les créanciers sous pression en insinuant que seuls les détenteurs de nouveaux titres seront assurés du paiement des intérêts et du remboursement du capital. Pour les agences internationales de notation financière Moody's, Fitch et Standard and Poor's (S&P), il ne fait aucun doute que le gouvernement argentin cherche à forcer les créanciers à accepter la restructuration de la dette sous la menace de n'être pas remboursés. Fitch et S&P ont rétrogradé mardi la notation de la dette à long terme argentine à la catégorie SD (Selective Default). Cela signifie que l'Argentine est désormais considérée comme un pays en défaut de paiement pour modification unilatérale des conditions octroyées à ses créanciers. Dit d'une autre façon, les agences de notation estiment que la conversion de la dette publique proposée par Buenos Aires équivaut à une interruption de son service. Il devrait en résulter un accroissement de la forte méfiance internationale à l'égard de l'Argentine et le risque d'une prochaine cessation de paiements s'en trouve accru. Mercredi, malgré la bonne disposition apparente du patronat argentin à l'égard de la restructuration et malgré l'espoir d'obtenir enfin un indispensable accord sur la répartition fiscale avec les provinces, le risque pays argentin (qui mesure la méfiance des investisseurs) demeurait, avec 2.340 points, le plus élevé de la planète parmi les pays industrialisés et émergents, surpassant même le risque pays du Nigeria. La Banque centrale a averti qu'en octobre les dépôts dans les banques argentines ont baissé de 2,446 milliards de dollars.
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