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Sous l'impulsion probable des Etats-Unis

Argentine - Accord sur le rééchelonnement de la dette: virage social historique du FMI?

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BUENOS AIRES, jeudi 11 septembre 2003 (LatinReporters.com) - L'Argentine a tenu bon. Le président Nestor Kirchner ne voulait plus d'aide financière "en échange de la faim des Argentins". Le FMI (Fonds monétaire international) a cédé. Il concluait mercredi avec le gouvernement de Buenos Aires un accord tenant compte des principales exigences maintenues par l'Argentine pour des raisons sociales. Des observateurs expliquent par un revirement des Etats-Unis ce premier infléchissement social du FMI depuis sa création, en 1944.

L'accord porte sur le rééchelonnement d'une dette de 21,6 milliards de dollars dus à des organismes internationaux. Il a d'autant plus surpris que, 24 heures plus tôt, le projet d'accord ne reflétant pas ses exigences, l'Argentine se déclarait pour la première fois en défaut à l'égard d'un organisme international, refusant de rembourser au FMI une échéance de 2,9 milliards de dollars.

Le FMI voulait que l'Argentine s'engage à augmenter les tarifs des services publics privatisés et à offrir aux banques des compensations pour les pertes provoquées par les réglementations successives entourant, depuis janvier 2002, la dévaluation du peso et l'abandon partiel du dollar dans les transactions courantes. (En moins de deux ans, le peso s'est dévalué de plus de 60% par rapport au dollar).

Ces exigences, qui surgissaient lors de chaque négociation avec le FMI, sont celles de banques et de multinationales nord-américaines et européennes, contraintes depuis 2002 à percevoir en pesos, mais en respectant un gel nominal des tarifs, des factures libellées auparavant en dollars pour la fourniture d'eau, de gaz, d'électricité ou de services téléphoniques.

Le président Kirchner prétend avoir obtenu que ces deux exigences disparaissent de l'accord conclu mercredi. (Mais...) Il a en outre réussi à limiter à 3% l'excédent budgétaire primaire -ou surplus fiscal- exigé de l'Argentine. Le FMI voulait pourtant au moins les 4,25 % qu'il avait réussi à imposer au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. C'est à partir de cet excédent primaire que peuvent être remboursés les créanciers et, depuis décembre 2001, l'Argentine a suspendu le remboursement de sa dette publique extérieure, sauf celle due aux organismes internationaux.

"Il s'agit d'un accord pionnier quant à la compréhension de la part d'organismes financiers qu'un programme économique prenne en compte aussi la question sociale" estime le ministre argentin de l'Economie, Roberto Lavagna.

Selon le président Kirchner, "chaque objectif (de l'accord) a une référence précise concernant la croissance économique et l'équité sociale, qui sont fondamentales pour faire une Argentine soutenable".

A l'approche d'élections locales aussi importantes que celles de Buenos Aires (ville et province), qui confirmeront ou démentiront la popularité supposée du président argentin, la fermeté de Nestor Kirchner aura une rentabilité immédiate. Il peut se prévaloir d'avoir fait accepter au FMI le maintien du gel des tarifs publics, un argument de poids dans une Argentine qui compte officiellement 54,7% de pauvres, dont près de la moitié vit à Buenos Aires ou dans sa province.

La rééchelonnement porte sur des échéances dues au FMI, à la Banque mondiale, à la Banque interaméricaine de développement et au Club de Paris. L'accord sera officiellement entériné le 19 ou le 20 septembre par le directoire du FMI. Auparavant, l'Argentine aura honoré l'échéance de 2,9 milliards de dollars qu'elle lui doit depuis le 9 septembre.

Dans un communiqué diffusé mercredi, le directeur du FMI, Horst Koehler, a soutenu explicitement le président Kirchner, se disant "satisfait" à l'égard du "programme économique (argentin) qui cherche à rétablir la forte croissance et à réduire la pauvreté".

Se confiant en juin à la presse argentine, Horst Koehler avait créé une première surprise en estimant que, pour le FMI, le bien-être des populations était aussi respectable que le paiement de la dette.

Dans le même sens, des fonctionnaires de l'administration américaine prêtent désormais au président George W. Bush le souhait d'encourager en Amérique latine une "croissance équitable". Washington s'éloignerait de la stricte orthodoxie financière en matière d'aide au développement et ce virage du principal actionnaire du FMI pourrait expliquer l'accord signé avec l'Argentine.

Dû ou non à l'impulsion de Washington, le virage social apparent du FMI (mais pour le confirmer, il faudrait plus d'un accord comparable à celui conclu mercredi) est salué par la Fédération internationale des droits de l'homme.

En revanche, dans la communauté financière internationale, des banques et investisseurs privés redoutent que ce "laxisme" soudain du FMI à l'égard de l'Argentine ne serve de précédent qu'invoqueront d'autres pays.

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