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L'Indien Evo Morales victime d'un pacte entre conservateurs et sociaux-démocrates

Bolivie: le multimillionnaire Sanchez de Lozada s'assure la présidence

Gonzalo Sanchez de Lozada
Photo MNR
LA PAZ, samedi 27 juillet 2002 (latinreporters.com) - Le multimillionnaire libéral conservateur Gonzalo Sanchez de Lozada, président de la Bolivie de 1993 à 1997, devrait le redevenir le 6 août grâce à un accord politique conclu jeudi avec son éternel rival social-démocrate et également ex-président Jaime Paz Zamora.

Les deux mandataires ont présenté un "Plan Bolivie", élaboré en commun pour combattre la pauvreté et la crise économique. Leur alliance a surpris. Elle devrait permettre à Gonzalo Sanchez de Lozada, vainqueur au suffrage universel du premier tour de l'élection présidentielle du 30 juin avec 22,46% des voix, de s'imposer à l'Indien d'extrême gauche Evo Morales lors du second tour indirect qui se jouera au Congrès national.

Le 6 août, jour de l'Indépendance de la Bolivie, le président intérimaire Jorge Quiroga, qui a succédé à feu l'ex-général Hugo Banzer, remettra l'écharpe présidentielle au nouveau chef de l'Etat. Celui-ci aura été désigné deux jours plus tôt à la majorité absolue des 157 députés et sénateurs du Congrès élus le 30 juin.

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Gonzalo Sanchez de Lozada dispose déjà en principe d'une majorité absolue de 88 voix. Aux 47 législateurs de son Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) -une appellation qui reflète mal le conservatisme libéral de ce parti- s'ajoutent en effet les 31 du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) de Jaime Paz Zamora et les dix de deux partis relevant de la droite modérée, dont l'actuel parti gouvernemental Action démocratique nationaliste (ADN). Avec à peine 5 élus, l'ADN s'est effondrée le 30 juin, comme incapable de survivre à son fondateur, Hugo Banzer, décédé d'un cancer le 5 mai dernier.

L'annonce d'un pacte entre le MNR et le MIR a étonné, les chefs des deux partis étant jusqu'ici des "ennemis historiques" qui s'accusaient parfois mutuellement de corruption et d'implication dans le trafic de drogue. En outre, au lendemain de sa défaite du 30 juin, le social-démocrate Jaime Paz de Zamora, 4e du premier tour présidentiel avec 16,3% des suffrages, avait affirmé qu'il ne soutiendrait aucun candidat au second tour.

Aux côtés de Jaime Paz Zamora, lors d'une conférence de presse conjointe retransmise à l'ensemble du pays par la radio et la télévision, Gonzalo Sanchez de Lozada, 72 ans, a justifié le pacte MNR-MIR,  par un "impératif national, car la crise est si grande que nous ne pouvons jouer aux politiciens". L'ex-président libéral, richissime fondateur de la plus importante compagnie minière de Bolivie, a saisi l'occasion pour réaffirmer sa promesse, lancée pendant la campagne électorale, de lutter contre la corruption de l'administration et contre l'exclusion sociale.

Pour sa part, Jaime Paz Zamora affirma avoir répondu à l'appel de son ancien rival afin d'éviter la constitution "d'un gouvernement fragile, qui aurait fragilisé aussi le pays". Le dirigeant social-démocrate s'est félicité de l'engagement de son partenaire de développer un programme de création d'emplois, de réviser la Constitution dans les limites du "nécessaire" et de définir une politique d'Etat pour mettre à profit les immenses réserves de gaz naturel.

Jaime Paz Zamora précisa que le pacte permettra de revoir le programme de privatisation partielle des entreprises publiques, qui avait pourtant été lancé sous la présidence de Gonzalo Sanchez de Lozada. En outre, une attention spéciale sera portée au monde rural, tant en ce qui concerne les services de base que l'aide à la production.

Le "Plan Bolivie" sera l'expression concrète de ce pacte. Il synthétisera les programmes de gouvernement du MNR et du MIR. Sa négociation a été encouragée par les appels de la Conférence épiscopale et des organisations patronales à la formation rapide d'un gouvernement stable. Divers commentateurs évoquent aussi le rôle de l'ambassade des Etats-Unis, qui veut à tout prix empêcher l'accès à la présidence du "cocalero" (producteur de coca) Evo Morales, leader paysan indien d'extrême gauche.

Ce dernier prétend que "les parlementaires dignes et honnêtes" pourraient surprendre en créant une majorité inattendue pour le porter à la présidence de la République lors du second tour parlementaire qui va l'opposer à Gonzalo Sanchez de Lozada. Comme la Centrale ouvrière bolivienne, Evo Morales accuse le social-démocrate Jaime Paz Zamora de se mélanger à la "mafia politique" par "opportunisme" afin de continuer à participer au pouvoir. Le MIR social-démocrate faisait en effet déjà partie de la coalition gouvernementale sortante.

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