SANTIAGO, dimanche 17 mars 2013 (LatinReporters.com) - Michelle Bachelet, ex-présidente socialiste du Chili (2006-2010),
a annoncé vendredi sa démission
de la direction de l'ONU Femmes et sa rentrée au pays. Elle sera proclamée
le 13 avril candidate aux primaires du 30 juin en vue de l'élection
présidentielle du 17 novembre, a affirmé samedi Osvaldo Andrade,
président du Parti socialiste chilien. Michelle Bachelet est depuis
plusieurs mois la favorite des sondages. Son retour à la tête
de l'État est probable.
Elle reviendra au Chili avant le 31 mars et elle s'exprimera alors sur
sa disponibilité pour la candidature présidentielle a ajouté
Osvaldo Andrade, qui intervenait sur le Canal 24 horas.
Il a précisé que Michelle Bachelet sera, aux primaires du 30
juin, la candidate du Parti socialiste (PS) et du Parti pour la démocratie
(PPD), deux des composantes de la Concertation, la coalition de centre gauche
qui gouverna durant les vingt premières années (1990-2010)
postérieures à la dictature du général Augusto Pinochet. C'est au
nom de la Concertation que Michelle Bachelet devint la première femme
présidente du Chili.
Tant pour la droite gouvernementale de l'actuel président Sebastian
Piñera que pour l'opposition, les élections primaires du 30
juin permettront le choix définitif des candidats à la présidentielle
et aux législatives du 17 novembre. Des sondages récents indiquent
que Michelle Bachelet, 61 ans, pourrait être élue à la
présidence dès le premier tour avec environ 54% des suffrages.
Lorsqu'elle quitta le pouvoir en mars 2010, elle jouissait d'une cote d'approbation
de 80%.
La Constitution interdit au président sortant de briguer un second
mandat consécutif. Sebastian Piñera ne pourra donc pas être
candidat cette année, de même que Michelle Bachelet ne put pas
prétendre à sa propre succession en 2010.
Le curriculum vitae de Michelle Bachelet est peu banal : fille d'un général
torturé à mort pour s'être opposé au coup d'État
de Pinochet (1973), exilée pendant la dictature, pédiatre,
ministre de la Santé puis de la Défense, mère de trois enfants, présidente
du Chili et, à partir de septembre 2010, secrétaire générale
adjointe de l'ONU chargée de l'égalité et l'autonomisation
des femmes, soit la responsable de l'ONU Femmes.
Son retour imminent au pays pourrait ajouter à cette liste le titre
de rédemptrice de la gauche chilienne, au point que d'autres composantes
de la Concertation, la démocratie chrétienne par exemple, renonceront
peut-être à présenter leur propre candidat présidentiel
aux primaires du 30 juin.
A droite, ces primaires devront départager l'ex-ministre de la Défense
Andres Allamand, candidat de la Rénovation nationale (RN), le parti
du président Piñera, et l'ex-ministre des Travaux publics Laurence
Golborne, appuyé par l'Union démocrate indépendante
(UDI), longtemps considérée comme l'héritière
idéologique d'Augusto Pinochet.
Sebastian Piñera est devenu le président le moins populaire
depuis le rétablissement de la démocratie au Chili, en 1990. Rendue nerveuse
par l'annonce du retour de Michelle Bachelet, la droite gouvernementale tente
de ranimer le débat sur les erreurs supposées qu'auraient commises
l'alors présidente lors du tremblement de terre et du tsunami du 27
février 2010.
Si les quatre ans de gouvernement de centre droit du président Piñera
risquent d'être ravalés au rang d'intermède dans une
longue domination passée et future du centre gauche, ils n'en auront
pas moins démontré que la nouvelle droite chilienne peut gouverner
démocratiquement. Légitimement, certains en doutaient.
L'intense mobilisation sociale, en particulier des étudiants, qui a secoué
le mandat de Sebastian Piñera a mis en évidence la disparition
du réflexe collectif de peur au sein de la société
chilienne.