DERNIÈRE HEURE - VENEZUELA : Emporté par le cancer, le président Chavez est mort le 5 mars
2013. Pour sa succession, une élection présidentielle anticipée aura lieu le 14 avril. Les élections municipales prévues pour le 14 juillet sont reportées au 8 décembre.
SIX PAYS À LA UNE DE L'ACTUALITÉ ÉLECTORALE
LATINO-AMÉRICAINE
par Christian GALLOY, directeur de
LatinReporters.com
MADRID, lundi 21 janvier 2013 – Le
Venezuela, pour le renouvellement de ses maires et une possible élection
présidentielle anticipée qui inaugurerait l'après-Chavez,
ainsi que l'Équateur, le Paraguay, le Honduras et le Chili, quatre
pays qui éliront effectivement leur président, et aussi l'Argentine,
suspendue à ses législatives partielles de mi-parcours, sont
les têtes d'affiche du calendrier électoral 2013 en Amérique
latine.
Sans le sort incertain du président Hugo Chavez, opéré
quatre fois d'un cancer à Cuba, les élections municipales
du 14 juillet [nouvelle date annoncée le 29 janvier ; ndlr]
au
Venezuela ne seraient qu'une formalité
de confirmation de la suprématie du chavisme après son triomphe,
au dernier trimestre 2012, à la présidentielle du 7 octobre
et aux régionales du 16 décembre.
Mais la présidentielle anticipée qui devrait avoir lieu dans
les trente jours suivant une incapacité absolue ou le décès
éventuels du leader bolivarien, dénouement jugé probable
en 2013 par nombre d'observateurs, pourrait conduire le régime à
faire coïncider l'élection d'un nouveau président et
les municipales, dont la date serait peut-être alors à nouveau modifiée.
Une nouvelle victoire chaviste aux municipales et l'élection à
la tête de l'État du dauphin de Chavez, l'actuel vice-président
Nicolas Maduro, en cas de présidentielle anticipée à
court terme, font peu de doute. Car l'impact émotionnel du calvaire
et plus encore de la disparition éventuelle du chef de la gauche
radicale latino-américaine réduirait ses adversaires à
affronter une fois de plus, par-delà les candidats chavistes, Hugo
Chavez lui-même. Un bilan rationnel de ses années de pouvoir
et de son héritage politique, qui déborde largement du cadre
vénézuélien, ne sera qu'ultérieur et son ombre,
vénérée ou maudite, planera longtemps encore sur le
pays et le continent.
Peu de doute aussi quant à la réélection de Rafael
Correa, un disciple de Chavez, à la présidence de l'
Équateur.
Les sondages le donnent vainqueur dès le premier tour (comme en 2009),
le 17 février. La date d'un second tour éventuel est le 7
avril. Correa profite de la division de l'opposition et d'une popularité
entretenue par ses programmes sociaux.
Quoiqu'attaqué sur sa gauche par des communautés de l'importante
minorité amérindienne et par l'un de ses anciens ministres,
Alberto Acosta, qui brigue la présidence, le chef de l'État
équatorien est parfois désigné comme l'un des représentants
de la gauche latino-américaine capable d'exercer une partie de l'influence
politique d'Hugo Chavez, notamment au sein de l'ALBA (Alliance bolivarienne
pour les peuples de notre Amérique). Le poids démographique
et économique réduit de l'Équateur ne consolide toutefois
pas l'hypothèse d'un Correa devenant guide de la gauche régionale après le retrait
ou la disparition de Chavez.
Au
Paraguay, le 21 avril, et au
Honduras, le
10 novembre, le président de la République sera élu
en un tour unique, la victoire revenant au candidat obtenant le plus de voix,
sans besoin de majorité absolue. Leur Constitution respective interdit
l'exercice d'un second mandat aux présidents sortants, le Paraguayen
Federico Franco et le Hondurien Porfirio Lobo. Dans ces deux pays, l'élection
présidentielle devrait marquer le retour à la normalité
institutionnelle, qu'avait mise en doute ou dont doute encore une partie
de la communauté internationale.
Depuis le limogeage expéditif de son premier président de
gauche, l'ex-évêque Fernando Lugo, le 22 juin 2012 par le Parlement
pour avoir "mal rempli ses fonctions", le Paraguay est "suspendu temporairement"
de son appartenance au Mercosur (Marché commun sud-américain)
et à l'Unasur (Union des nations sud-américaines). Le Honduras,
lui, avait été suspendu pendant 23 mois par l'OEA (Organisation
des États américains) suite au putsch du 28 juin 2009 qui
écarta le président pro-Chavez Manuel Zelaya. L'élection
présidentielle remportée le 29 novembre de la même année
par le conservateur Porfirio Lobo, du Parti national (droite), fut contestée
pour avoir été organisée sous le régime de transition
issu du coup d'État.
Au Paraguay, les sondages pour la présidentielle sourient à
l'homme d'affaires Horacio Cartes, candidat de l'historique Parti Colorado
(droite), qui gouverna sans interruption pendant 61 ans avant sa défaite
en 2008 devant Fernando Lugo. Ce dernier ne peut pas se représenter
et son rassemblement de diverses gauches s'est divisé. A suivre,
au sein de cette gauche éclatée, le journaliste et candidat
présidentiel Mario Ferreiro.
Au Honduras, le résultat de l'élection présidentielle
de novembre demeure incertain. Le pays est dominé alternativement
depuis plus d'un siècle par deux partis conservateurs, le Parti national
(PN, actuellement au pouvoir) et le Parti libéral (PL, dont l'ex-président
évincé Manuel Zelaya est un dissident). Le principal intérêt
du scrutin est peut-être d'observer si la gauche regroupée
autour du nouveau Parti liberté et refondation (LIBRE) lancé
par Manuel Zelaya pourra fissurer le bipartisme séculaire. L'épouse
de Zelaya, Xiomara Castro, est la candidate de LIBRE à la présidence
de la République. Elle affrontera Juan Hernandez (PN) et Mauricio
Villeda (PL).
Au
Chili , la présidentielle du 17 novembre (second
tour éventuel le 15 décembre) pourrait ramener au pouvoir
La Concertation, coalition de centre gauche qui gouverna le pays durant
les vingt premières années (1990-2010) suivant la dictature
du général Pinochet. Les quatre ans de gouvernement de centre
droit du président Sebastian Piñera, auquel la Constitution
interdit de briguer un second mandat consécutif, seraient alors ravalés
au rang d'intermède.
Mais ce scénario dépend d'une condition : que la socialiste
Michelle Bachelet, présidente du Chili de mars 2006 à mars
2010 et actuellement Secrétaire générale adjointe de
l'ONU chargée de l'égalité et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes),
accepte d'être à nouveau candidate à la présidence,
comme l'y poussent ses partisans. Incluse d'office dans les sondages, elle
les domine tous. Sa popularité est sans égale dans le monde
politique chilien.
Le président sortant, Sebastian Piñera, n'en a pas moins
démontré que la nouvelle droite chilienne peut gouverner démocratiquement.
Légitimement, certains en doutaient. L'intense mobilisation sociale, en particulier des étudiants,
qui a secoué le mandat de Piñera a mis en évidence la disparition du réflexe
collectif de peur au sein de la société chilienne.
En
Argentine, les élections législatives partielles
tenues habituellement à mi-parcours du mandat présidentiel,
pour renouveler la moitié des députés et un tiers des
sénateurs, auront en octobre un caractère présidentiel
très marqué.
Dans un contexte de fortes tensions politiques et de baisse de sa popularité,
la présidente Cristina Fernandez de Kirchner devra en effet tenter
d'élever son actuelle majorité au Congrès à
une majorité des deux tiers pour mettre en chantier une réforme
constitutionnelle qui lui permettrait de porter plus à gauche le
modèle idéologique argentin (l'influence chaviste est sensible
à Buenos Aires) et de briguer en 2015 un troisième mandat
présidentiel consécutif.
Sur un dossier au moins, la présidente Kirchner est unanimement
soutenue : la revendication de l'archipel des Malouines, sous domination
britannique depuis 1833 et théâtre d'une guerre éclair
anglo-argentine du 2 avril au 14 juin 1982. Les 10 et 11 mars, les quelque
3.000 habitants de ces îles défieront Buenos Aires en répondant
par référendum à la question : "Voulez-vous que les
îles Falkland [nom anglais des Malouines; ndlr] maintiennent leur statut
politique actuel de territoire d'outre-mer du Royaume-Uni ?". Le triomphe
prévisible du oui et le référendum lui-même accentueront
un sentiment antibritannique tant en Argentine que dans plusieurs autres
pays d'Amérique latine.
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Pour être situées à cinq ans de la fin du sexennat 2012-2018
du président Enrique Peña Nieto, les élections régionales
du 7 juillet dans 14 des 31 États fédérés du Mexique
se prêtent peu à des considérations significatives. Et
à Lima, capitale du Pérou, le référendum du 17
mars visant à révoquer pour mauvaise gestion supposée
la maire de centre gauche de la ville, Susana Villaran, est une initiative
dont les conséquences éventuelles sur la politique nationale
restent floues ce 21 janvier.