Colombie: les paramilitaires se sabordent
Ce sabordage d'une armée de 8.000 à 13.000 combattants, selon des estimations divergentes, intervient moins de trois semaines avant l'intronisation d'Alvaro Uribe, vainqueur de l'élection présidentielle de mai grâce à ses positions dures à l'égard de la guérilla. Les paramilitaires prétendent dialoguer avec le prochain président et laver leur image terroriste. Comme la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), les paramilitaires des AUC sont officiellement considérés comme terroristes tant par Washington que par l'Union européenne.
Critiqués aussi par plusieurs commandants régionaux de l'organisation, ces excès, dont la cruauté n'égale que celle des crimes de la guérilla, fissuraient chaque jour davantage les AUC. "Nos efforts réalisés avec d'autres commandants honnêtes pour sauver le nom et l'existence des AUC, que nous avions créées, furent vains" affirment via Internet Carlos Castaño et Salvatore Mancuso. "Ce ne fut pas possible, précisent-ils, à cause de l'existence d'une série de groupes atomisés et fortement pénétrés par le narcotrafic, qui passèrent de la confédération à l'anarchie, perdant leur identité et leurs principes". Selon les deux leaders historiques des paramilitaires colombiens, "la dissolution (des AUC) nous permettra de recréer une organisation nationale d'autodéfenses qui assumera réellement une fonction par laquelle les Colombiens honnêtes se sentiront représentés et défendus". Carlos Castaño et Salvatore Mancuso affirment "travailler pour que les conséquences de cette situation douloureuse ne soient pas traumatisantes pour le pays ni mises à profit par la guérilla pour accroître le terrorisme". Dans cette optique, Carlos Castaño demeure à la tête du plus fort noyau paramilitaire de Colombie, les Autodéfenses unies de Cordoba et Uraba (ACCU), qu'il fonda après l'assassinat, en 1980, de son père par la guérilla des FARC. Les ACCU sont régulièrement accusées d'agir en coordination avec certains chefs de l'armée régulière et de la police. Les analystes colombiens redoutent que l'éclatement des AUC ne multiplie le nombre de groupuscules armés incontrôlés pratiquant les enlèvements contre rançon et les assassinats rémunérés. Cette nouvelle incertitude dans la longue guerre civile larvée colombienne, qui a fait plus de 200.000 morts depuis 1964, s'ajoute à l'angoisse nationale provoquée par les menaces de la guérilla marxiste des FARC contre toutes les autorités, élues ou désignées, des 32 départements et des 1.112 municipalités de Colombie. Elles sont priées de démissionner immédiatement sous peine d'être considérées comme "objectifs militaires", ce qui équivaut à une menace collective d'assassinat ou d'enlèvement. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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