Pays andins et Washington: stratégie commune contre terrorisme et narcotraficProposée par le président Bush lors de sa visite au Pérou, elle vise la guérilla colombienne
Au Mexique, au Pérou et au Salvador, terrorisme, drogue et libre commerce ont dominé la première tournée latino-américaine du président américain. Une stratégie commune dessinée à Lima avec les pays andins pour combattre terrorisme et narcotrafic vise principalement "le danger pour les nations" que sont, selon le président Bush, "des groupes terroristes comme les FARC". Guérilla marxiste forte de 17.000 hommes en lutte depuis 38 ans contre les autorités de Bogota, les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) figurent sur la liste des organisations terroristes internationales dressée par Washington. Les Etats-Unis estiment disposer de preuves impliquant cette guérilla dans le trafic de cocaïne. A ce titre, la justice américaine a lancé la semaine dernière un ordre de capture contre trois membres des FARC, dont le chef régional Tomas Molino Caracas, alias "El Negro Acacio".
A Lima, le président Bush et ses homologues du Pérou, de la Bolivie et de la Colombie, ainsi que le vice-président de l'Equateur, ont actualisé leur stratégie antidrogue dans cette région qui produit près de 90% de la cocaïne mondiale et une proportion croissante de l'héroïne de la planète. Hugo Chavez, président pro-cubain du Venezuela, autre pays andin, n'avait pas été invité. A la veille du voyage du président américain, sa conseillère à la Sécurité nationale, Condoleeza Rice, déclarait à la presse que George Bush expliquerait aux présidents andins que la guerre contre la drogue s'inscrit dans celle menée par les Etats-Unis contre le terrorisme depuis les attentats du 11 septembre. Selon Washington, narcotrafic et terrorisme s'épaulent mutuellement. Le président péruvien Alejandro Toledo "m'a dit qu'il déplace des troupes et prend des décisions pour éviter que des groupes terroristes comme les FARC puissent entrer au Pérou et nous allons l'aider dans cet effort" a affirmé George W. Bush à Lima. Ce langage direct a été interprété comme une déclaration de guerre aux rebelles marxistes colombiens. Le Pérou redoute que l'appui de guérilleros des FARC soit à l 'origine de la renaissance de la guérilla maoïste péruvienne du Sentier lumineux, soupçonnée d'avoir perpétré l'attentat à la voiture piégée qui fit neuf morts et 38 blessés, le 20 mars, à proximité de l'ambassade des Etats-Unis à Lima. Outre le Pérou, l'Equateur et le Brésil ont aussi déplacé des troupes à leur frontière avec la Colombie pour circonscrire incursions et incidents frontaliers de plus en plus fréquents avec les FARC. Au Venezuela, l'opposition accuse le président Chavez d'offrir des facilités aux guérilleros colombiens. A Buenos Aires, le député péroniste Miguel Angel Toma, président de la commission de Défense de la Chambre, soupçonne les FARC de recruter et d'entraîner en Argentine de futurs combattants qui pourraient déstabiliser davantage ce pays plongé dans une crise économique et sociale sans précédent. Le risque d'internationalisation du conflit colombien a été au centre du sommet réunissant à Lima George Bush et les chefs d'Etat andins. Le président américain leur a promis de faire pression sur le Sénat de Washington pour qu'il ne tarde plus à approuver le renouvellement de la détaxation, à l'entrée aux Etats-Unis, d'exportations des pays andins pour soutenir leur lutte contre le trinôme pauvreté, drogue et violence. La stratégie élaborée à Lima par le président Bush et les représentants du Pérou, de la Colombie, de la Bolivie et de l'Equateur comprend l'intensification progressive de l'échange d'informations afin déviter toute ambiguïté dans la lutte contre le narcoterrorisme. A cet égard, le chef du département antidrogue de la police colombienne. le général Gustavo Socha, envisageait hier la prochaine ouverture à Bogota d'un centre régional de renseignements des pays andins assisté par les Etats-Unis. A Lima, cette initiative fut proposée à George Bush par le président colombien Andres Pastrana. La construction éventuelle d'une base antidrogue du côté péruvien de la frontière entre la Colombie et le Pérou n'a été ni confirmée ni démentie par le président Bush. Enfin, les autorités équatoriennes rappellent que leur contribution à la lutte contre le narcotrafic dans la région est matérialisée par la cession à l'US Air Force, pour dix ans depuis 1999, de l'usage de la base aérienne de Manta. Au départ de cette base de la côte pacifique équatorienne, les avions radars Awacs américains ne sont qu'à deux heures de vol de la Colombie. Un éventuel usage offensif de cette base, cédée uniquement pour des vols de surveillance, nécessiterait une renégociation entre Quito et Washington.
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