Colombie: la guérilla des FARC exécute une ex-ministre de la CultureLes FARC empêchent aussi une manifestation pacifiste vers leur "laboratoire de paix"
Le gouvernement et les principaux partis politiques qualifient de "coup dur au processus de paix" ce nouveau crime de la guérilla. Actuel favori de l'élection présidentielle de mai 2002, le libéral Horacio Serpa estime que l'assassinat de l'ancienne ministre prouve "l'absence de résultats" dans les négociations dites de paix ouvertes depuis près de trois ans entre les FARC et le président Pastrana. Le chef de l'Etat doit décider avant le 8 octobre s'il maintient ou non le "laboratoire de paix" de 42.000 km2 (la superficie de la Suisse) qu'il avait octroyé en novembre 1998 aux FARC, dans le sud du pays, avec l'espoir d'y négocier une paix mettant fin à la guerre civile. Celle-ci a fait plus de 200.000 morts et déplacé plus de deux millions de Colombiens depuis 1964. A la tête d'une caravane de plusieurs milliers de personnes, dont des observateurs de l'Internationale socialiste, le candidat présidentiel Horacio Serpa a tenté ce week-end d'organiser une manifestation pour la paix dans le "laboratoire" cédé aux FARC. Un fort détachement armé de la guérilla a fait rebrousser chemin à la caravane, accentuant le ressentiment de la majorité des Colombiens, qui reprochent au président Pastrana ses concessions excessives à la guérilla. Les éditorialistes de la presse colombienne accusent régulièrement le président de brader la souveraineté nationale au nom d'une paix introuvable. Malgré la politique de main tendue du gouvernement, les FARC accentuent en effet depuis plusieurs mois leurs offensives dans l'ensemble du pays, utilisant le "laboratoire de paix" à la fois comme tremplin et comme base de repli de leurs attaques. Tous les candidats à la prochaine élection présidentielle invitent le président Pastrana soit à reprendre le contrôle du "laboratoire de paix", soit à y faire accepter par les FARC un contrôle international empêchant les crimes et les exactions imputées à la guérilla. Andres Pastrana a retiré du "laboratoire de paix" l'armée et la police. La guérilla elle-même en a expulsé les juges et y rend une "justice populaire" et sommaire, ponctuée d'exécutions. Selon l'organisation humanitaire internationale Human Rights Watch, les FARC sont responsables "d'assassinats et d'enlèvements de civils, de prises d'otages contre rançon, d'utilisations d'enfants soldats, de pseudo-jugements, de traitement cruel et inhumain de combattants capturés et de déplacements forcés de civils". Les 17.000 guérilleros des FARC et leurs 8.000 ennemis paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, également cataloguées comme terroristes par Washington), sont financés principalement par la production et le trafic de cocaïne. Les groupes armés hors-la-loi sont désormais en Colombie les nouveaux cartels de la drogue. Depuis plusieurs années, les FARC mentionnent les intérêts et "l'impérialisme" américains parmi les cibles de leur combat pour l'instauration d'un "Etat socialiste".
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