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Cuba-Union européenne: normalisation, sauf pour les dissidents

Felipe Perez Roque, ministre cubain des Relations extérieures - Photo NotiNet
Par Christian Galloy
Analyste politique
Directeur de LatinReporters.com


Mardi 11 janvier 2005 - "Cuba a restauré les contacts officiels avec tous les pays de l'Union européenne" (UE) annonçait lundi le ministre cubain des Relations extérieures, Felipe Perez Roque.

Cette normalisation répond à la recommandation du Comité Amérique latine de l'UE de suspendre l'invitation de dissidents aux réceptions d'ambassades européennes à La Havane.

Le geste du régime castriste obligera pratiquement un prochain Conseil européen à officialiser la suppression tant des invitations aux dissidents que d'autres mesures de représailles prises en juin 2003 par l'UE après une vague de 75 incarcérations de dissidents et l'exécution de 3 candidats à l'exil qui avaient séquestré une embarcation touristique. Pour répondre à ces représailles, le gouvernement de Fidel Castro avait gelé tout contact avec la plupart des ambassades européennes.

Récompensées par la libération du poète et journaliste Raul Rivero et de 13 autres opposants, les démarches de l'Espagne socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero au sein de l'UE en faveur de la normalisation diplomatique semblent avoir été décisives.

Pour évaluer le prix de cette normalisation., on doit comptabiliser les facteurs suivants:

-C'est au régime castriste qu'est revenue l'initiative tant du gel que du dégel des relations diplomatiques entre Cuba et l'UE.
-Le dissident Elizardo Sanchez, président de l'illégale Commission des droits de l'homme et de la réconciliation nationale estime que Cuba compte encore aujourd'hui 294 prisonniers politiques.
-L'amnistie de tous les prisonniers politiques à Cuba avant le rétablissement d'un dialogue avec le régime castriste était réclamée par le symbole le plus respecté de la dissidence, Oswaldo Paya, Prix Sakharov 2002 des droits de l'homme du Parlement européen.

En conclusion, les dissidents cubains, incarcérés massivement et libérés au compte-gouttes au rythme des intérêts castristes, sont devenus une monnaie d'échange qui permet à La Havane de conserver l'initiative dans ses relations avec l'Union européenne. Tous les dissidents encore incarcérés peuvent même être considérés comme des victimes de la normalisation annoncée par le ministre Perez Roque.

Mues par des intérêts européens et nationaux, parfois aussi par un antiaméricanisme inavoué, les personnalités européennes reçues à La Havane auront-elles encore la dignité d'y rencontrer Oswaldo Paya? Lui et d'autres dissidents symbolisent le futur de Cuba. Fidel Castro n'est peut-être plus que son passé.

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