Cuba: imposante "marche nationale" pour un socialisme "intouchable"
Cuba compte 11,2 millions d'habitants et la télévision officielle annonçait mercredi soir que "plus de 9 millions de personnes" avaient participé dans la journée à la "marche nationale" convoquée par Fidel Castro contre la politique des Etats-Unis à l'égard de l'île et en faveur d'un amendement constitutionnel consacrant le caractère "intouchable" ("intocable") du socialisme cubain. Que les marcheurs aient été des millions ou des centaines de milliers, leur mobilisation encadrée par les organisations castristes symbolise le rejet, par le "lider maximo", de la démocratisation réclamée par les défenseurs cubains des droits de l'homme et par le président américain George W. Bush. Dans son traditionnel uniforme vert olive, Fidel Castro avait à nouveau chaussé ses baskets pour prendre, un petit drapeau cubain à la main, la tête de la foule qui défilait à La Havane sur l'avenue Malecon, en face de l'immeuble de la Section des intérêts des Etats-Unis. Ministres, état-major du Parti communiste et, selon les communiqués officiels, plus de la moitié des deux millions de Havanais lui emboîtaient le pas. Les haut-parleurs hurlaient des consignes révolutionnaires: "Vive le socialisme" ou "Fidel, tape dur sur les yankees".
La "marche nationale" avait été convoquée deux jours plus tôt par Fidel Castro pour appuyer un amendement constitutionnel répondant au discours prononcé le 20 mai à Miami par le président Bush. Le chef de la Maison blanche conditionnait alors la levée de l'embargo américain contre Cuba à la convocation, dans l'île, d'élections démocratiques, à la libération des prisonniers politiques et au retour de la liberté d'expression. Quelques jours avant le discours de George W. Bush, l'ex-président américain Jimmy Carter, reçu à Cuba comme un chef d'Etat, avait souhaité la levée de l'embargo. Mais, dans un discours retransmis en direct par la radio-télévision cubaine, Jimmy Carter avait aussi appuyé le "Projet Varela", dont la majorité des Cubains entendait parler pour la première fois. Se prévalant de la Constitution cubaine, qui admet le référendum lorsque plus de 10.000 citoyens le réclament, le "Projet Varela" (du nom d'un prêtre qui s'illustra au 19e siècle dans la lutte pour l'indépendance), fort de 11.020 signatures recueillies par des dissidents et remis le 10 mai au Parlement cubain, propose de soumettre à la consultation populaire des réformes qui déboucheraient sur des élections libres, la liberté d'expression et d'association, le droit de créer des entreprises privées et la libération de tous les prisonniers politiques. Or, l'amendement constitutionnel par lequel Fidel Castro prétend répondre au président Bush est aussi une réplique au "Projet Varela", qu'il réduit à néant. En effet, non seulement l'amendement proposé à la Constitution de 1976 qualifie Cuba "d'Etat socialiste de travailleurs", mais il déclare en outre "intouchable" le "régime économique, politique et social consacré par la Constitution". Hormis celle du socialisme, toutes les voies seraient donc fermées, ce qui, par définition, rend impossibles des élections libres. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne Nos textes peuvent être reproduits s'ils sont clairement attribués à LatinReporters.com avec lien actif vers notre site (ou mention de notre adresse http://www.latinreporters.com si reproduction sur support autre qu'Internet). |