Espagne-terrorisme islamiste: le politiquement correct devient réaliste
Cet éditorial (texte intégral ci-dessous) d'un quotidien qui joue en Espagne le rôle assumé en France par Le Monde -dont l'un des actionnaires est le groupe Prisa, éditeur d'El Pais- bouscule des tabous que le politiquement correct vénère encore dans nombre
Le journal madrilène, leader des quotidiens espagnols, fait état de la crainte "d'un phénomène aux conséquences imprévisibles". Puis, il désacralise les tabous rassurants qui présentent les terroristes comme venus nécessairement de l'extérieur, qui méprisent la proportion de l'opinion publique doutant de la volonté d'intégration des musulmans et de leur respect de notre ordre démocratique, qui prétendent que la seconde génération d'immigrés est mieux intégrée ou qui nient le lien entre tolérance abusive à l'égard de certains immigrés et montée de l'extrême droite. Tolérance trahie (El Pais - Editorial du 15 novembre 2004 - Traduction de LatinReporters.com) Une stupeur profonde a été causée dans toute l'Europe par les événements qui ont eu lieu en Hollande à partir de l'assassinat, au début du mois, du cinéaste Theo Van Gogh, auteur d'un film sur les femmes et l'islam. Des dizaines de mosquées et d'écoles coraniques ont été attaquées et aussi, en représailles, quelques églises chrétiennes. Chose insolite dans la société considérée comme la plus tolérante et libérale d'Europe.
Cela a ravivé le débat sur l'intégration et le multiculturalisme. D'une part, on commence à reconnaître, à regret, que certains arguments -tels le manque de volonté d'intégration et l'hostilité contre l'ordre libéral-démocratique- qu'on ignorait sur les autels de la tolérance ont acquis un poids indéniable dans l'opinion publique, selon ce que révèlent les enquêtes. Le phénomène est visible en particulier dans certains ghettos ethnico-religieux des grandes villes et affecte surtout, selon certaines études, la seconde génération d'immigrants, dont une partie canalise ses frustrations dans la voie du fondamentalisme. La situation s'est aggravée de manière drastique au cours des dernières années et en Hollande on a vécu des scènes qui accroissent les risques d'une escalade du ressentiment. Les partis démocratiques et l'Etat de droit ne peuvent ignorer ce phénomène s'ils ne veulent pas qu'à la menace islamiste, déjà généralisée en Europe, s'unisse celle de l'extrême droite xénophobe. La tolérance ne justifie pas qu'on cesse d'appliquer la loi dans des quartiers déterminés ou qu'on ferme les yeux sur l'apparition de foyers d'agitation et d'activisme contre les libertés, les droits de l'homme ou l'égalité des sexes. Mais ces valeurs obligent aussi l'Etat démocratique à défendre les musulmans pacifiques, l'immense majorité des 900.000 qui vivent en Hollande, qui ont condamné l'assassinat de Van Gogh. Poursuivre tous les musulmans pour identifier les radicaux violents ne servira qu'à augmenter le nombre de ces derniers. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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