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Après l'interdiction de 2 partis basques
Espagne-attentats: ETA, blablabla et coup de pouce de l'histoire
par Christian GALLOY directeur de LatinReporters
MADRID, mardi 23 septembre 2008 (LatinReporters.com) - Macabre feu d'artifice
des indépendantistes basques de l'ETA. Trois explosions de voitures
piégées en 24 heures au Pays basque et en Cantabrie,
au nord de l'Espagne, la dernière dans la nuit du 21 au 22 septembre.
Un brigadier de l'armée tué, 6 policiers basques et 12 civils
blessés par ces attentats de terroristes qui espèrent un coup
de pouce de l'histoire.
Côté matériel, caserne de la police régionale,
caisse d'épargne et académie militaire sérieusement
endommagées. La respectable émotion pour les victimes se dilue
dans le blablabla rituel de condamnations officielles, du roi Juan Carlos,
du socialiste Zapatero, du conservateur Rajoy, des mairies, des partis, etc.
"La société espagnole ne se soumettra jamais aux diktats de
la bande terroriste ETA" a affirmé José Luis Rodriguez Zapatero
en sa qualité de président du gouvernement, flanqué des drapeaux
espagnol et européen lors d'un message institutionnel télévisé.
L'info-spectacle généralisée dans une Espagne pétrie
d'une culture tant de la mort que de la vie donne à chaque action ou communiqué
de l'ETA une ampleur médiatique qui, mieux que les bombes, confère
aux séparatistes une carrure politique démesurée.
Les trois attentats sont des représailles, disent les éditorialistes
madrilènes, à l'interdiction par la justice, la semaine dernière,
de deux partis qui représentent implicitement l'ETA, l'Action nationaliste
basque (ANV) et le Parti communiste des terres basques (PCTV). Grâce
au bon Samaritain Zapatero, qui croyait alors à la paix, ils avaient
été autorisés à prendre la relève
électorale, dans les mairies et au Parlement régional, de
Batasuna. Ce dernier et ses deux successeurs ne sont plus que des groupes hors-la-loi,
non pour être indépendantistes, mais pour cautionner la violence
terroriste.
Quarante ans d'attentats entrecoupés chaque décennie de négociations
frustrées entre Madrid et l'ETA relativisent tant les proclamations politiques à
chaud que les analyses médiatiques immédiates. Le recensement actuel et
inédit des dizaines de milliers de disparus du franquisme ordonné par le juge Garzon pourrait raviver, y compris au-delà des frontières espagnoles, une analyse
plus générique du problème basque. Assassiner aujourd'hui
au nom d'une autodétermination qu'il est légal de proposer
sans violence lors d'élections ordinaires n'en rabaisse pas moins
l'ETA au rang d'organisation terroriste. L'Union européenne et les
Etats-Unis la considèrent comme telle.
Les prochains attentats et leur chapelet de litanies ne tarderont pas.
A moyen terme, l'ETA offrira une nouvelle négociation, peut-être
à Zapatero, actuellement échaudé par l'échec de
ses longs pourparlers avec les pistoleros, et sûrement à
son encore lointain successeur à la tête de l'Espagne. On remettra
alors sur la table l'introuvable autodétermination, qui a fait capoter
toutes les tractations précédentes.
L'autodétermination est désormais revendiquée à
voix haute également par le président du gouvernement basque,
Juan José Ibarretxe. Le tribunal constitutionnel vient de lui refuser
la convocation d'un référendum souverainiste, la Charte suprême
n'octroyant la prérogative référendaire qu'au gouvernement
espagnol. Ibarretxe est un baron de l'historique Parti nationaliste basque
(PNV, centre droit). Ce parti plus que centenaire considère souvent
les militants de l'ETA comme "des fils égarés" qui maculent
le rêve indépendantiste de violence et d'altermondialisme.
Au-delà des attentats et des analyses immédiates, la naissance
de nouvelles nations en Europe depuis la chute du mur de Berlin a donné
à la question basque une nouvelle dimension. Chacun à leur
manière, l'un par la politique, l'autre par les bombes, les deux tactiques
les séparant et les unissant à la fois, PNV et ETA espèrent
favoriser un coup de pouce de l'histoire. Difficile d'ignorer notamment l'émergence
du Monténégro et du Kosovo sous les applaudissements de la
quasi totalité de l'Union européenne.
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