Espagne - élections : la crise en Catalogne pénalise la gauche
Après huit ans d'opposition au niveau national, les socialistes voudraient à nouveau gouverner l'Espagne au lendemain des élections législatives du 14 mars et empêcher donc le Parti Populaire (PP, conservateur) de José Maria Aznar -qui passe le relais à son ex-ministre Mariano Rajoy- de dominer une troisième législature consécutive. Aussi, à la requête de José Luis Rodriguez Zapatero, secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et candidat à la présidence du gouvernement espagnol, le président régional de la Catalogne, Pasqual Maragall (il préside aussi le Parti socialiste catalan) a relevé mardi Carod-Rovira de ses fonctions de "Conseller en Cap" (équivalent de premier ministre régional), lui laissant un portefeuille "sans attributions" mais rémunéré. Les socialistes maintiennent néanmoins en Catalogne leur alliance avec le parti de la Gauche républicaine catalane (ERC) de Carod-Rovira, qui compte plusieurs autres ministres régionaux. Cette coalition comprend aussi des communistes et des écologistes. Carod-Rovira avait obtenu 16% des suffrages aux élections régionales catalanes du 16 novembre dernier. Il a décidé de mener à Barcelone la liste de son parti aux législatives du 14 mars. Il devra en conséquence abandonner totalement l'exécutif catalan avant le 9 février. Mais il n'exclut pas, surtout s'il était plébiscité en mars, de revendiquer à nouveau un rôle de premier plan en Catalogne. L'Association espagnole des victimes du terrorisme a décidé mercredi de le poursuivre en justice pour "collaboration" avec les terroristes de l'ETA. Scénario catastrophe "No pasaran!" ("Ils ne passeront pas!") lançait mardi Carod-Rovira au Parti populaire, reprenant le cri des républicains qui luttaient contre les franquistes pendant la guerre civile. A ce cri surgi du tunnel du temps, le président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, répliquait que "la Catalogne de l'avenir n'est pas celle du no pasaran, de pactes avec l'ETA et des entreprises qui s'en vont". (Plusieurs multinationales ont annoncé ce mois de janvier leur prochain départ de la Catalogne, sans relier explicitement leurs désinvestissements à l'avènement d'un exécutif régional de gauche). Cette crise et ses rebondissements constituent un scénario catastrophe pour le Parti socialiste ouvrier espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero. En retrait dans les sondages qui prédisent au PP une quasi majorité absolue, le PSOE de Zapatero était déjà fissuré par la grogne de plusieurs de ses grands barons hostiles aux indépendantistes catalans. Le pire, pour le PSOE, est que le PP de José Maria Aznar et Mariano Rajoy a réussi à centrer la campagne électorale sur le choix du modèle territorial: ou le maintien des 17 autonomies régionales telles que définies par la Constitution démocratique de 1978 ou "l'aventure" que représenterait l'approfondissement des autonomies prônée par le PSOE depuis l'automne dernier, à la veille du scrutin régional catalan. Le calcul du PP est que l'alliance des socialistes avec des Catalans indépendantistes désignés comme proches des terroristes séparatistes basques associe l'image du socialiste Zapatero à un risque de dislocation de l'Espagne, risque que se refuserait à assumer la majorité des Espagnols. "Le PSOE n'est plus un parti national. Il a 17 programmes, un pour chaque région autonome" répètent en leitmotiv José Maria Aznar et les candidats du PP. Le patriotisme "espagnoliste", l'atlantisme militant, l'appui à la guerre en Irak, le libéralisme économique et la morale vaticane du Parti populaire, ainsi que son utilisation du terrorisme comme munition électorale ne font certes pas l'unanimité. Mais si entre deux maux on choisit d'ordinaire le moindre, les Espagnols pourraient être tentés, comme l'indiquent les sondages, de plébisciter le 14 mars la continuité du PP et d'un miracle économique envié en Europe. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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