Voir aussi Dossier Espagne Société Espagne - Journal Radio - Index Marée noire du Prestige: 2 ans après, l'Espagne reste sans défense
Ce discours, on l'entend dans les bars galiciens de la Costa da Morte -la Côte de la mort- deux ans après le naufrage, le 19 novembre 2002, du pétrolier Prestige. De la frontière portugaise jusqu'en France, en passant par la Galice, les Asturies, la Cantabrie, le Pays basque, la Gironde et le sud de la Bretagne, son fioul avait noirci 2.600 km de côtes et provoqué la pire catastrophe écologique qui ait jamais frappé l'Espagne. Politiquement, la mauvaise gestion de ce drame par un gouvernement alors conservateur qui en cachait l'ampleur a contribué -certes moins que les attentats islamistes de Madrid- à la victoire socialiste aux législatives espagnoles du 14 mars dernier. L'an prochain, aux élections régionales, le fief conservateur qu'est encore la Galice pourrait aussi passer à gauche. La région est présidée depuis 1989 par Manuel Fraga Iribarne, ex-ministre du général Franco et fondateur du Parti populaire (PP, droite) de l'ex-président du gouvernement José Maria Aznar. Prouesse technique: les 13.000 tonnes de fioul prisonnières de l'épave du Prestige ont été extraites l'été dernier par 4.000 m de fond. Les 64.000 tonnes versées en mer laissent aujourd'hui peu de traces visibles. Des milliers de volontaires sur les plages et une armada de chalutiers espagnols et de bateaux anticontamination de plusieurs pays européens en ont récupéré l'essentiel. Mais les écologistes redoutent une pollution durable des fonds marins, avec risques pour la chaîne alimentaire, et le recyclage du fioul récupéré durera encore plusieurs mois. Quant au chapitre judiciaire, il n'en est qu'aux premiers balbutiements. Nul n'est encore inculpé. La justice, saisie dans l'affaire du Prestige en Espagne, en France et même aux Etats-Unis, mettra des années à établir les responsabilités et à fixer d'éventuelles indemnités indépendantes de celles du FIPOL (Fonds international d'indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures). Plafonnant son intervention à 171,5 millions d'euros, le FIPOL ne couvrira que 15% des dommages reconnus à ce jour. Cinquante mille navires par an continuent de passer au large de la Galice. La moyenne, dans cette région du nord-ouest espagnol, est une marée noire tous les quatre ans. On y redoute donc déjà la prochaine. Si elle survenait demain, l'Espagne serait aussi démunie que face au Prestige, malgré les conclaves européens sur la sécurité maritime qui ont accompagné chaque catastrophe sur les côtes du Vieux Continent. Dossier Espagne Société Espagne - Journal Radio - Index
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