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L'Allemagne en campagne de recrutement d'Espagnols qualifiés
Espagne : le chômage record (20,3%) dope l'exode des cerveaux
 

par Christian GALLOY

MADRID, lundi 31 janvier 2011 (LatinReporters.com) - "Ne nous décevez pas!" lançaient avec enthousiasme en avril 2004 de jeunes universitaires au socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, fraîchement élu président du gouvernement espagnol. Le chômage record actuel en Espagne incite nombre de ces anciens étudiants, aujourd'hui diplômés, à émigrer comme leurs grands-parents à l'époque de Franco. L'Allemagne est une destination en vue. Elle a lancé une campagne officielle de recrutement d'Espagnols qualifiés.

Dans les années 50 et 60 du 20ème siècle, l'émigration espagnole était professionnellement comparable à ce qu'est aujourd'hui en Europe la plus grande part de l'émigration maghrébine, subsaharienne et sud-américaine. Mais, désormais, c'est la génération d'Espagnols la mieux formée de l'histoire, peuplée d'ingénieurs, d'architectes, de médecins, d'informaticiens, d'économistes et de gestionnaires d'installations touristiques, qui commence à boucler ses valises pour échapper au chômage ou aux salaires à la baisse et à l'incertitude de contrats temporaires.

Faire-part de l'immolation de la "génération Zapatero". (Source : courrier d'internautes espagnols)

Arrêtés au 31 décembre 2010, les chiffres de la dernière enquête trimestrielle de l'INE, l'Institut national (espagnol) de la statistique, laissent peu d'espoir. Le nombre de chômeurs, 4.696.600, soit 370.100 de plus en un an, représente 20,33% de la population active, le taux le plus élevé non seulement de l'Union européenne, mais aussi des 34 pays industrialisés regroupés au sein de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Économiques (OCDE). En prévoyant pour l'Espagne une croissance du produit intérieur brut d'à peine 0,6% en 2011 et 1,5% en 2012, le Fonds monétaire international (FMI) ne permet pas d'espérer une diminution du chômage avant 2013.

43% de chômeurs parmi les moins de 25 ans

Particulièrement inquiétante est la proportion de chômeurs, 43%, parmi les moins de 25 ans. Le quotidien madrilène El Pais ajoute, en citant l'OCDE, que 19% des diplômés universitaires espagnols âgés de 25 à 29 ans sont au chômage et que 44% exercent un travail au-dessous de leur qualification, avec des salaires à la queue des salaires européens.

Dimanche, lors d'une convention nationale réunie à Saragosse pour rehausser le moral de son Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), en perdition dans les sondages à l'approche des élections municipales et régionales du 22 mai prochain et des législatives de mars 2012, José Luis Rodriguez Zapatero invitait l'Union européenne à accroître son aide sociale à la jeunesse qui secoue actuellement les régimes arabes. Mais à Madrid, la presse cite Klaus Schwab, président du Forum économique mondial. Selon lui, "le chômage des jeunes est insoutenable à long terme en Espagne". Il croit possible un "autre mai 1968 en Europe", ainsi qu'une dérive de la crise économique en "guerre de générations".

Des éditorialistes espagnols évoquent le risque de "génération perdue", parfois qualifiée malicieusement de "génération Zapatero". Si le leader socialiste espagnol n'est pas responsable de la crise globale née en 2007 aux États-Unis, il l'est par contre, aux yeux de l'opposition et même de personnalités de son parti, de la multiplication débridée du poids de cette crise en Espagne.

On reproche à M. Zapatero d'avoir spéculé à tort sur une durée limitée du marasme planétaire qui s'est prolongé, allant jusqu'à nier ses effets en Espagne pour remporter les élections législatives de 2008. Ce n'est qu'en mai 2010, sous la pression des ministres des Finances européens qui l'avertirent qu'une débâcle de l'Espagne emporterait l'euro et fissurerait gravement l'Union européenne, que M. Zapatero changea de cap. Pour le faire avec deux ans de retard et deux millions de chômeurs de plus, il dut forcer la dose en taillant durement dans le bien-être social, aggravant la chute de popularité des socialistes.

269.355 emplois disponibles en Allemagne

C'est dans ce contexte qu'une campagne de recrutement d'Espagnols est lancée par l'Allemagne, toujours locomotive économique de l'Europe. En 2010, elle a affiché un taux de chômage moyen ramené à 7,7% et une croissance du PIB de 3,6 %, la plus forte depuis la réunification. Pour compenser les départs à la retraite et assurer la continuité de la croissance, estimée à 2,3% pour 2011, l'Allemagne a besoin de 500.000 à 800.000 nouveaux travailleurs qualifiés. Pour recruter, elle prospecte plusieurs pays de l'Union européenne, dont l'Espagne.

Pour M. Zapatero, l'affront est majuscule. Car, alors qu'il prétend baser le futur économique de l'Espagne sur la recherche et l'innovation technologique, le voilà confronté à un exode des cerveaux quasi institutionnel. Le ministère du Travail espagnol est en effet partenaire de ce recrutement pour l'étranger. Le marasme actuel n'offre pas d'alternative.

Ce dossier sera peut-être examiné par M. Zapatero et la chancelière allemande Angela Merkel, lors du sommet hispano-allemand du 3 février à Madrid. Le ministre espagnol du Travail, Valeriano Gomez, l'admet implicitement en se prononçant pour un accord permettant le retour, à une date indéfinie, des Espagnols qui seront embauchés en Allemagne. L'idée d'une fuite de cerveaux formés avec les deniers publics de l'Éducation déplaît au ministre, ainsi qu'au président de l'Institut espagnol d'ingénierie, Manuel Acero. Ce dernier, tout en reconnaissant les bénéfices de l'expatriation pour les chômeurs, redoute qu'ainsi l'Espagne "ne se décapitalise technologiquement".

Sous le titre "Trabajar en Alemania" (Travailler en Allemagne), une page en espagnol du site Internet de l'ambassade d'Allemagne à Madrid confirme que "le 27 janvier 2011 a débuté la collaboration entre les services publics d'emploi d'Espagne et d'Allemagne, au moyen du réseau EURES, sur un projet destiné au recrutement de personnel qualifié espagnol pour travailler en Allemagne dans les secteurs de la santé, de l'ingénierie, de l'enseignement, de l'hôtellerie et du tourisme".

"Les personnes intéressées, qui doivent posséder un niveau moyen d'allemand (B1/B2 du Marché commun européen de référence pour les langues)"
sont invitées à s'adresser au "Service public de l'emploi espagnol" en cliquant sur un lien qui ouvre une page spéciale du site Internet du ministère espagnol du Travail. Les informations complémentaires nécessaires y figurent.

EURES, réseau officiel de l'Union européenne pour la mobilité de l'emploi, relevait à la date du 30 janvier 269.355 emplois disponibles en Allemagne. Selon le journal espagnol El Mundo, les représentants d'EURES en Espagne se disent débordés d'appels téléphoniques.

Croissance significative de l'expatriation d'Espagnols

Deux enquêtes distinctes de l'Institut national de la statistique (INE) attestent d'une croissance significative de l'expatriation d'Espagnols. Les électeurs espagnols recensés à l'étranger sont ainsi passés de 1.312.646 à 1.408.825 (+ 96.179) en à peine onze mois, du 1er janvier au 1er décembre 2010. Quant aux Espagnols inscrits dans les consulats à l'étranger, ils étaient 1.574.123 au 1er janvier 2010, contre 1.471.691 un an plus tôt, soit 102.432 de plus. Leur nombre au 1er janvier 2011 sera probablement connu en avril.

L'INE note que les Espagnols résidant à l'étranger se concentraient, au 1er janvier 2010, sur le continent américain (946.701) et en Europe (580.063). Par pays et dans l'ordre, l'Argentine (322.002), la France (183.277), le Venezuela (167.311) et l'Allemagne (105.916) sont leurs principales terres d'accueil.

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