MEXICO, lundi 25 mars 2002 (LatinReporters.com) - La volonté globalisatrice des Etats-Unis et leur nouvelle philosophie d'aide conditionnée à des critères de bonne conduite l'ont emporté à la Conférence des Nations unies sur le financement du développement clôturée vendredi dans la ville mexicaine de Monterrey. En dépit de diverses critiques, exprimées notamment par le président vénézuélien Hugo Chavez au nom de 133 pays en développement, Cuba fut le seul à rejeter formellement la déclaration finale, surnommée Consensus de Monterrey. Approuvée par acclamation, cette déclaration est identique, à la virgule près, au projet favorable au libre-échange et à l'économie de marché rédigé dès janvier. Comme la plupart des 300 ministres et 58 chefs d'Etat réunis à Monterrey, le président des Etats-Unis, George W. Bush, a considéré la lutte contre la pauvreté comme un axe du combat international contre le terrorisme, l'indigence faisant le jeu des extrémistes. Le président américain a confirmé l'accroissement progressif de l'aide des Etats-Unis au développement, qui atteindra 15 milliards de dollars par an à partir de l'année fiscale 2007 au lieu de 10 milliards actuellement. Mais il a placé cette aide dans le cadre d'un "nouveau pacte" entre pays riches et pauvres fondé sur la responsabilité. L'aide américaine, a précisé en substance George W. Bush, sera octroyée aux pays défavorisés qui adoptent des réformes démocratiques et économiques efficaces, qui luttent contre la corruption, qui respectent les droits de l'homme et qui investissent dans l'éducation et la santé. Le Consensus de Monterrey lui-même justifie cette philosophie d'aide conditionnée en affirmant que "chaque pays est responsable au premier chef de son propre développement économique et social", qu'un "bon gouvernement est la condition sine qua non d'un développement durable", que "lutter contre la corruption à tous les niveaux est une priorité" et que "le respect des droits de l'homme, y compris le droit au développement, et de l'Etat de droit, l'égalité entre les sexes, des politiques fondées sur l'économie de marché... sont également nécessaires". George W. Bush estima que "durant des décades, le succès de l'aide au développement n'a été mesuré que par les ressources dépensées, non par les résultats obtenus". Assurant que le véritable développement "découle non de l'aide, mais du commerce et de l'investissement", il réclama la poursuite de la libéralisation du commerce international. Ici encore, le consensus de Monterrey fait écho au président américain en s'engageant, au nom des plus de 180 pays membres de l'ONU, "à promouvoir le commerce international en tant que moteur du développement" et "à renforcer le rôle des zones de libre-échange". Même si elle compensée notamment par l'appel aux pays riches à assurer une "mondialisation à visage humain" et une plus large ouverture de leurs marchés aux exportations des pays pauvres, la vision volontariste américaine du développement fut la seule véritable nouveauté apportée aux débats de Monterrey. Elle déplaît aux organisations antimondialisation, singulièrement discrètes lors de cette conférence, et ne soulève pas l'enthousiasme de l'Union européenne, dont plusieurs Etats financent sans résultats depuis quarante ans les dictatures qui se succèdent en Afrique. L'inefficacité de décennies d'aide au développement étant reconnue par tous, le "nouveau pacte" de responsabilité proposé par les Etats-Unis mérite au moins d'être tenté. Il aura pour principal ennemi un antiaméricanisme désormais proche, dans de nombreux pays, même développés, du racisme et de la xénophobie.
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