Pérou: Toledo ordonne la chasse aux ultranationalistes
"Nous avons donné des instructions au procureur chargé du
terrorisme afin qu'il agisse rapidement" a précisé mardi soir
le chef de l'Etat dans un message radio-télévisé à
la nation. Selon lui, "le groupe qui a attaqué le commissariat d'Andahuaylas
est une organisation paramilitaire fasciste-terroriste d'idéologie
fondamentaliste, qui exécute des actions armées et terroristes
dans le but de détruire l'Etat de droit pour le remplacer par une dictature". Du 1er au 4 janvier, près de 200 militants "ethnocacéristes" (se
réclamant d'Andrés Avelino Caceres, ancien président
du Pérou et héros de la guerre perdue en 1883 contre le Chili)
s'étaient emparés du commissariat d'Andahuaylas, y retenant
en otages 17 policiers, et avaient posté des francs-tireurs
dans plusieurs quartiers de la ville. L'état d'urgence avait été
décrété dans le département et un millier de soldats
et policiers étaient dépêchés vers cette localité
andine de 26.000 habitants. Des centaines de manifestants avaient acclamé
les insurgés. Le chef des rebelles, l'ex-major de l'armée Antauro Humala, réclamait
la démission du président Toledo, l'accusant de corruption et
de soumission aux intérêts étrangers, surtout chiliens et américains.
Arrêté comme la plupart des membres de son commando, Antauro Humala risque jusqu'à
20 ans de prison.
Indigénistes invoquant la culture inca, militaristes et antioccidentaux,
les "ethnocacéristes" et leur Mouvement nationaliste
péruvien (MNP) prétendent lutter contre les inégalités
qui frappent les Indiens et les métis, soit 80% des 25 millions de
Péruviens. L'audience de ces ultranationalistes est minoritaire, mais
non négligeable dans les zones andines. Dans son message à la nation, le président Toledo les a accusés
d'avoir formé "une organisation liée aux objectifs et aux actions
des narcotrafiquants, qui en assurent le financement. C'est pour cette raison
qu'ils [les "ethnocacéristes"] prônent la libre culture de la
coca". "Ils ont aussi pour objectifs l'insurrection, la purification raciale des
forces armées, la dénonciation des traités internationaux,
la collectivisation de la presse et l'élimination physique des leaders
politiques et sociaux adverses, ainsi que des chefs d'entreprise péruviens
et étrangers" a poursuivi Alejandro Toledo. Le chef de l'Etat a "regretté profondément la mort [lors
de la rébellion d'Andahuaylas] de six Péruviens, dont quatre
courageux policiers assassinés". Les deux autres tués sont des
membres du commando ultranationaliste. Les familles des policiers abattus
seront indemnisées. Elles bénéficieront aussi de la gratuité
du logement et les frais d'éducation des enfants seront couverts par
l'administration. "Plus de 100 personnes ont été arrêtées et 107 fusils et divers
types d'armes saisis" a encore indiqué Alejandro Toledo. Il a promis que "les terroristes
seront sévèrement châtiés". Le député de gauche Javier Diez Canseco estime que la capture
d'Antauro Humala et de son commando ne résout pas tout "dans un Pérou
où la situation est explosive". Il précise qu'à ses yeux
les événements d'Andahuaylas sont l'expression d'une profonde
crise politique nationale et du désir d'un secteur important de la
population d'en finir avec une mauvaise gouvernance. Quant au président de la Conférence épiscopale péruvienne, Mgr Hugo Garaycoa, il avertit que "tant qu'existera une pauvreté extrême confinant à la misère, il y aura de la violence". Le prélat invite le gouvernement d'Alejandro Toledo à faire son examen de conscience en comparant ses réalisations à ses promesses. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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