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Pérou: Toledo ordonne la chasse aux ultranationalistes

Le président Toledo passant en revue les cercueils et consolant les familles des policiers tués à Andahuaylas
Photos Presidencia de la República
LIMA, mercredi 5 janvier 2005 (LatinReporters.com) - Après la rébellion avortée d'Andahuaylas (sud-est du Pérou) menée par des ultranationalistes "ethnocacéristes" au prix de six morts, le président Alejandro Toledo a ordonné "la localisation et la détention des dirigeants et militants encore libres de cette organisation terroriste et fasciste".

"Nous avons donné des instructions au procureur chargé du terrorisme afin qu'il agisse rapidement" a précisé mardi soir le chef de l'Etat dans un message radio-télévisé à la nation.

Selon lui, "le groupe qui a attaqué le commissariat d'Andahuaylas est une organisation paramilitaire fasciste-terroriste d'idéologie fondamentaliste, qui exécute des actions armées et terroristes dans le but de détruire l'Etat de droit pour le remplacer par une dictature".

Du 1er au 4 janvier, près de 200 militants "ethnocacéristes" (se réclamant d'Andrés Avelino Caceres, ancien président du Pérou et héros de la guerre perdue en 1883 contre le Chili) s'étaient emparés du commissariat d'Andahuaylas, y retenant en otages 17 policiers, et avaient posté des francs-tireurs dans plusieurs quartiers de la ville. L'état d'urgence avait été décrété dans le département et un millier de soldats et policiers étaient dépêchés vers cette localité andine de 26.000 habitants. Des centaines de manifestants avaient acclamé les insurgés.

Le chef des rebelles, l'ex-major de l'armée Antauro Humala, réclamait la démission du président Toledo, l'accusant de corruption et de soumission aux intérêts étrangers, surtout chiliens et américains. Arrêté comme la plupart des membres de son commando, Antauro Humala risque jusqu'à 20 ans de prison.

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Indigénistes invoquant la culture inca, militaristes et antioccidentaux, les "ethnocacéristes" et leur Mouvement nationaliste péruvien (MNP) prétendent lutter contre les inégalités qui frappent les Indiens et les métis, soit 80% des 25 millions de Péruviens. L'audience de ces ultranationalistes est minoritaire, mais non négligeable dans les zones andines.

Dans son message à la nation, le président Toledo les a accusés d'avoir formé "une organisation liée aux objectifs et aux actions des narcotrafiquants, qui en assurent le financement. C'est pour cette raison qu'ils [les "ethnocacéristes"] prônent la libre culture de la coca".

"Ils ont aussi pour objectifs l'insurrection, la purification raciale des forces armées, la dénonciation des traités internationaux, la collectivisation de la presse et l'élimination physique des leaders politiques et sociaux adverses, ainsi que des chefs d'entreprise péruviens et étrangers" a poursuivi Alejandro Toledo.

Le chef de l'Etat a "regretté profondément la mort [lors de la rébellion d'Andahuaylas] de six Péruviens, dont quatre courageux policiers assassinés". Les deux autres tués sont des membres du commando ultranationaliste. Les familles des policiers abattus seront indemnisées. Elles bénéficieront aussi de la gratuité du logement et les frais d'éducation des enfants seront couverts par l'administration.

"Plus de 100 personnes ont été arrêtées et 107 fusils et divers types d'armes saisis" a encore indiqué Alejandro Toledo. Il a promis que "les terroristes seront sévèrement châtiés".

Le député de gauche Javier Diez Canseco estime que la capture d'Antauro Humala et de son commando ne résout pas tout "dans un Pérou où la situation est explosive". Il précise qu'à ses yeux les événements d'Andahuaylas sont l'expression d'une profonde crise politique nationale et du désir d'un secteur important de la population d'en finir avec une mauvaise gouvernance.

Quant au président de la Conférence épiscopale péruvienne, Mgr Hugo Garaycoa, il avertit que "tant qu'existera une pauvreté extrême confinant à la misère, il y aura de la violence". Le prélat invite le gouvernement d'Alejandro Toledo à faire son examen de conscience en comparant ses réalisations à ses promesses.

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