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NOTE DE L'ÉDITEUR : LatinReporters ne s'identifie pas à la Ligue communiste révolutionnaire
(LCR), qui se définit comme "révolutionnaire, marxiste, internationaliste
et anticapitaliste" et à laquelle appartient l'auteur de l'article,
Ataulfo Riera. Mais la sympathie habituelle de la LCR pour
la révolution cubaine et celle dite bolivarienne menée au Venezuela confère un
poids particulier à cet article, dans la mesure où il reflète l'indignation suscitée
parmi nombre de partisans de Fidel Castro et d'Hugo Chavez par l'appui
qu'ils maintiennent au dictateur Mouammar Kadhafi, malgré sa répression brutale
du peuple libyen.
L'Amérique latine et la révolution arabe : faillite du chavisme?
par Ataulfo RIERA (*)
Vendredi, 4 mars 2011 - En Europe, les gouvernements tentent d'empêcher la contagion et la solidarité
entre les travailleurs européens et les masses arabes en révolte
en agitant l'épouvantail de l'islamisme. En Amérique latine,
ce sont les dirigeants progressistes vénézuéliens et
cubains eux-mêmes qui tentent d'isoler ces révolutions montantes
en agitant le caractère prétendument « anti-impérialiste
» des régimes despotiques libyen, syrien ou iranien, eux aussi
déstabilisés par la lame de fond des peuples en lutte.
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Chavez offre à Kadhafi une réplique de l'épée
de Simon Bolivar, "libertador" historique d'une grande partie de l'Amérique
du Sud. (Archives - Venezuela, 28 septembre 2009, Photo Prensa
Presidencial) |
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La révolution arabe constitue une épreuve de vérité
pour l'impérialisme, mais aussi pour les directions cubaine et chaviste.
Or, si celles-ci ont également été totalement prises
au dépourvu par l'irruption des masses arabes, elles semblent actuellement
toujours incapables de saisir la nature, la profondeur et l'unité du
processus révolutionnaire en cours dans toute la région. Elles
ne semblent nullement comprendre la puissante soif de réelle démocratie,
de justice sociale, d'indépendance et de souveraineté qui anime
les masses arabes et la formidable opportunité que leurs luttes offrent
afin de modifier en profondeur les rapports de force à l'échelle
planétaire entre le capital et le travail et face à l'impérialisme.
L'attitude de Fidel Castro et d'Hugo Chavez par rapport aux événements
en Libye est particulièrement choquante. De manière moins affirmée
dans le cas du premier et plutôt assumée dans le cas du second,
on laisse entendre que la révolte du peuple libyen serait le fruit
d'une manipulation, d'un complot impérialiste visant à renverser
un régime ennemi. Curieusement, cette «thèse»
ne reprend pas la version officielle du régime libyen lui-même,
selon laquelle c'est au contraire Al-Qaeda qui se trouve derrière les
«émeutes» ! Or, loin de toutes ces thèses conspirationnistes
délirantes, il n'y a rien de «singulier» ou de «particulier»
dans la révolution en Libye, nul complot étranger
ourdi par la CIA ou par Ben Laden; elle s'intègre au contraire pleinement
dans le processus de la révolution arabe qui déferle dans toute
la région. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, puisque le régime
dictatorial libyen se trouve précisément géographiquement
coincé entre la révolution tunisienne et la révolution
égyptienne.
"Selon Fidel
Castro, l'urgence n'est pas à dénoncer le carnage de Kadhafi contre son peuple, c'est
de manifester contre l'intervention hypothétique de l'OTAN."
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Malgré tout, Fidel Castro a déclaré qu'il «faudra
attendre le temps nécessaire pour connaître vraiment ce qu'il
y a de vrai et de mensonges ou de semi-vérités dans ce qu'on
nous dit de la situation chaotique (sic) en Libye». Il en tire pourtant
une conclusion immédiate: «Le pire serait maintenant de faire
silence sur le crime que l'OTAN s'apprête à commettre contre
le peuple libyen. Pour les chefs de cette organisation belliciste, il y a
urgence. Il faut le dénoncer.» Le hic c'est que, comme le soulignent
Santiago Alba Rico et Alma Allende, ce ne sont pas des avions de l'OTAN qui
mitraillent aujourd'hui le peuple libyen, mais bien ceux du régime
de Kadhafi! Ainsi, selon Fidel, l'urgence n'est pas à dénoncer
le carnage de Kadhafi contre son peuple et de choisir le camp du soulèvement
populaire, c'est de manifester contre l'intervention future et hypothétique
de l'OTAN. Au nom de la menace d'un crime à peine esquissé,
il faudrait donc «faire silence» sur un crime actuel bien réel.
Toujours selon cette conception purement «campiste» («les
ennemis de mes ennemis sont mes amis»), ce 25 février le
président Hugo Chavez vient officiellement quant à lui, à
l'instar du président nicaraguayen Daniel Ortega, d'apporter son «soutien
au gouvernement libyen», au moment même où ce
dernier massacre son peuple à l'arme lourde. Certes, il ne fait pas
de doute que l'impérialisme est à l'affût et souhaite
profiter de la moindre occasion. Certes, il faut dénoncer la double
morale de l'impérialisme, qui condamne les victimes civiles en Libye,
mais pas en Irak, en Afghanistan ou en Palestine. Mais cela ne justifie aucunement
pour autant le soutien à un tyran sanguinaire, qui donne justement
une belle occasion à l'impérialisme de reprendre son équilibre
et qui, en dépit de sa logorrhée sur la soi-disant «révolution
verte», est à la tête d'un système d'exploitation et d'un
régime corrompu qui font partie du dispositif impérialiste de
pillage de la région et de ses ressources.
"En se
rangeant honteusement au côté du tyran libyen, la direction chaviste offre des munitions
à ses propres adversaires."
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Au Venezuela, des organisations révolutionnaires telles que Marea
Socialista ont clairement pris position en faveur du peuple libyen et contre
le dictateur Kadhafi. Nous ne pouvons qu'espérer que les travailleurs
vénézuéliens et cubains feront preuve d'une meilleure
capacité de discernement que leurs dirigeants. Mais, même en
cas d'un sursaut et d'une rectification, il ne fait aucun doute que les déclarations
catastrophiques de Chavez vont immédiatement et durablement ruiner
le prestige immense dont il jouissait jusqu'à présent auprès
des masses arabes. Cette popularité est née de son opposition
déclarée à la guerre et à l'occupation de l'Afghanistan
en 2001 et de l'Irak en 2003, ainsi qu'à l'agression contre le Liban
par Israël en 2006. Elle a atteint son point culminant en janvier 2009,
lorsqu'il décida l'expulsion de l'ambassadeur d'Israël et d'une
partie du personnel de l'ambassade pour protester contre le massacre perpétré
par l'État sioniste contre la population de Gaza, marquant ainsi sa
«solidarité sans restriction avec le peuple palestinien héroïque».
Le plus grave étant que, à travers la figure de Chavez,
c'est le prestige d'une alternative identifiée comme progressiste et
voulant construire le «socialisme du XXIe siècle» qui
risque d'être frappée d'un profond discrédit dans le
monde arabe.
Cette attitude constitue un cadeau en or pour les forces réactionnaires
et impérialistes qui, actuellement désorientées par l'ampleur
des événements, cherchent coûte que coûte à
reprendre la main, à contrôler ou à stopper la révolution
arabe. En outre, en se rangeant honteusement au côté du tyran
libyen, la direction chaviste se tire également une balle dans le
pied en offrant des munitions à ses propres adversaires et détracteurs,
qui ne cessent de l'accuser sans fondement d'être de nature «dictatoriale».
En Europe, en Amérique latine, aux États-Unis ou en Asie,
le peuple arabe — qui est aujourd'hui à l'avant-garde de la lutte anti-impérialiste
— doit recevoir un appui sans réserve de la part de l'ensemble des
forces progressistes du monde. Ce n'est qu'ainsi que l'on disputera efficacement
à l'impérialisme sa prétention hypocrite à incarner
les intérêts démocratiques des peuples et que l'on écartera
effectivement toute menace, réelle ou agitée à dessein,
d'une intervention militaire.
(*) Ataulfo Riera est membre de la direction de la Ligue communiste révolutionnaire
(LCR, section belge de la IVe Internationale). Cet article est paru sur un
site web de la LCR : www.lcr-lagauche.be
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LIBYE : OPPOSITION, FRANCE ET ÉTATS-UNIS REJETTENT LA MÉDIATION PROPOSÉE PAR CHAVEZ
Vendredi, 4 mars 2011 - Le gouvernement vénézuélien
tentait jeudi de consolider la proposition de médiation internationale
faite par le président Hugo Chavez pour trouver une solution pacifique
à la crise en Libye, une idée que la Ligue arabe "étudie".
L'opposition libyenne, les Etats-Unis et la France ont déjà
rejeté cette proposition, estimant qu'elle cherche à assurer
le maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi.
"Nous confirmons l'intérêt (du gouvernement) libyen à
accepter cette proposition, tout comme celui de la Ligue arabe. Aujourd'hui,
le Venezuela poursuit ses démarches dans le monde arabe et dans le
monde entier pour parvenir à la paix en Libye", a déclaré
jeudi à l'AFP le ministre vénézuélien de l'Information,
Andres Izarra.
Selon le responsable du gouvernement, Hugo Chavez a discuté de cette
proposition avec le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, deux semaines
après le début de l'insurrection qui aurait fait des centaines
de morts.
Mais un porte-parole du Conseil National établi par les insurgés
libyens a rejeté cette proposition à Benghazi, deuxième
ville du pays, située à 1.000 km à l'est de Tripoli.
Le président vénézuélien, considéré
comme le chef de file de la gauche radicale en Amérique latine, et
proche de M. Kadhafi, avait proposé le 28 février de créer
une mission internationale de paix formée par plusieurs pays amis
qui puisse faire office de médiateur entre le dirigeant libyen et
les insurgés.
"On n'a pas besoin d'une commission internationale pour dire au colonel Kadhafi
ce qu'il doit faire pour le bien de son pays et de son peuple", c'est-à-dire
s'en aller, a réagi Philip Crowley, porte-parole de la diplomatie
des Etats-Unis. Le président Barack Obama a lui aussi estimé que Mouammar
Kadhafi devait abandonner le pouvoir, la violence de sa répression l'ayant
dépossédé de toute légitimité.
La France a de même rejeté "toute médiation permettant
au colonel Kadhafi de se succéder à lui-même", selon
une déclaration du ministre des Affaires étrangères,
Alain Juppé.
Quant à l'Italie, l'ancienne puissance coloniale, elle a jugé
"très difficile" que la communauté internationale puisse accepter la médiation,
car "la substance de cette proposition semble être le maintien au pouvoir
de (Mouammar) Kadhafi", a déclaré le ministre des Affaires
étrangères Franco Frattini sur la chaîne Rai3.
Enquête de la CPI pour crimes contre l'humanité
A La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo,
a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête pour crimes contre
l'humanité en Libye, visant le colonel Mouammar Kadhafi, ses fils
et plusieurs hauts responsables libyens.
Selon la Ligue libyenne des droits de l'Homme, la répression a fait
6.000 morts, dont 3.000 à Tripoli et 2.000 à Benghazi, un bilan
nettement plus important, dans cette dernière ville, que les 220 à
250 morts avancés par des sources hospitalières locales et
le CICR.
Condamnant la violence et l'usage de la force contre des civils, le Conseil
de sécurité de l'ONU avait adopté le 26 février
des sanctions contre les autorités libyennes, incluant la saisine
de la Cour pénale internationale, un embargo sur les armes, une interdiction
de voyager et un gel des avoirs.
Hugo Chavez a affirmé qu'il ne suivrait pas les sanctions prises par
l'ONU contre le régime de Mouammar Kadhafi.
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