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Le Bavard Latino
Etats-Unis, Venezuela, Bolivie : Dieu nous garde des Amériques!
Vendredi 12 septembre 2008 (LatinReporters.com) - Guerre
mondiale pour la Géorgie? Pas impossible prédit Sarah Palin. Hugo Chavez, lui, menace
d'ouvrir un "nouveau Vietnam" en Bolivie. Et pourquoi des bombardiers stratégiques russes
au Venezuela? Un "avertissement" à Washington répond le même
Chavez. Le tout sur fond de supposés complots putschistes et d'expulsions
d'ambassadeurs... Que Dieu, s'il existe, nous garde des Amériques,
du Nord et du Sud!
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Hugo Chavez, le 11 septembre 2008: "Yankees de merde, allez cent fois au diable!" - Photo Juan Carlos Solorzano, Prensa Presidencial |
Les Etats-Unis pourraient déclarer la
guerre à la Russie si elle attaquait à nouveau une Géorgie
qui aurait adhéré à l'OTAN affirme dans une interview
à la chaîne ABC Sarah Palin, candidate à la vice-présidence
des Etats-Unis sur le ticket du républicain John McCain. Donc, si
le satrape caucasien Saakachvili, président des cinq millions de Géorgiens,
envoyait à nouveau, comme le 7 août dernier, ses chars en Ossétie
du Sud pour y briser l'autonomie et si, à nouveau encore, la Russie
contre-attaquait pour protéger ses ressortissants et sa zone d'influence
historique, la planète serait peut-être arrosée d'une
pluie de missiles nucléaires. Génial.
Antidotes recommandés: ne pas fourrer davantage de va-t-en guerre
dans l'Alliance atlantique et à tout hasard, sans garantie de bonne
fin, plébisciter le démocrate noir Barack Obama à la
présidentielle américaine du 4 novembre.
Au Sud également, la raison vacille. Les acteurs du théâtre
bolivarien, ses protagonistes et ses victimes, offrent à l'Amérique
latine une crise régionale animée par la Bolivie et le Venezuela.
Un relent de guerre froide s'en dégage aussi, avec avions et flotte
russes.
Huit morts et des dizaines de blessés le 11 septembre dans le département
bolivien de Pando. Peut-être le début de la guerre civile redoutée
par le président Amérindien Evo Morales, allié du socialisme
dit bolivarien de son homologue vénézuélien Hugo Chavez.
Dans cinq départements sur neuf, soit l'Orient et le centre de la
Bolivie, des commandos de civils autonomistes pourchassent les partisans du président Morales,
occupent des bâtiments publics, bloquent des routes transfrontalières
et perturbent les exportations de gaz vers le Brésil et l'Argentine.
Peuplé de blancs, de métis et d'autochtones amazoniens, contrôlant
la majorité des richesses industrielles et agricoles du pays, ainsi
que la quasi totalité des gisements d'hydrocarbures, cet Orient bolivien
conserve son credo libéral, construit son autonomie régionale
et se prépare à boycotter le référendum de décembre
sur la nouvelle Constitution socialiste et indigéniste.
Le projet de Charte suprême a été concocté l'an
dernier par la majorité andine fidèle au président Morales,
dans une caserne protégée par l'armée et sans respecter
la majorité parlementaire légale des deux tiers. Issu comme
Chavez des urnes démocratiques, Evo Morales, à l'instar de
son ami vénézuélien, pratique le tout permis entre deux
scrutins.
L'impliquant dans les heurts actuels et l'accusant de fomenter "la division
de la Bolivie", le président Morales a expulsé l'ambassadeur
américain, Philip Goldberg. En représailles et agitant de "graves
conséquences", Washington a déclaré à son tour
persona non grata Gustavo Guzman, ambassadeur de Bolivie à Washington.
C'est à ce stade du spectacle qu'entre en scène le président
vénézuélien Hugo Chavez, aux cris raffinés d'un
Tarzan des Caraïbes.
"Yankees de merde, allez cent fois au diable... En solidarité avec
la Bolivie, l'ambassadeur yankee [Patrick Duddy; ndlr] à Caracas a 72 heures pour sortir
du Venezuela" clamait Chavez au soir du 11 septembre lors d'un meeting dans
la région centrale de Carabobo. L'ambassadeur vénézuélien
à Washington, Bernardo Alvarez, a été rappelé avant que Bush n'ait
le temps de l'éjecter.
Le leader bolivarien a menacé d'intervenir militairement en Bolivie
si Evo Morales était écarté ou assassiné. "S'il
faut créer un, deux ou trois Vietnam, nous y sommes disposés"
a prétendu Hugo Chavez, s'érigeant apparemment en défenseur
de tous les gouvernements d'Amérique latine dominés par la
gauche radicale. En somme, l'impérialisme bolivarien comme relève de l'impérialisme américain.
Quelques heures plus tôt, Chavez dénonçait un complot
putschiste qu'aurait ourdi Washington. Des officiers vénézuéliens
sont arrêtés. Ils projetaient, paraît-il, d'abattre l'avion
de Chavez ou de bombarder le palais présidentiel. Mais selon la chaîne
de télévision Globovision, hostile au pouvoir, les enregistrements
de conversations entre conspirateurs supposés remonteraient à
février 2005. L'opposition parle de stratagème d'intoxication
à l'approche des élections régionales et municipales
de novembre. Hugo Chavez chercherait en outre, selon ses adversaires, à
détourner l'attention d'un procès qui révélerait
son financement clandestin de la campagne électorale de la présidente
argentine, Cristina Kirchner, élue en octobre 2007.
Comme Sarah Palin, Hugo Chavez a vaporisé un parfum de guerre froide.
Rappelant qu'une flotte russe effectuera bientôt des manoeuvres communes
avec la marine vénézuélienne, il a présenté
comme "avertissement" aux Etats-Unis l'arrivée au Venezuela, le 10
septembre, de deux bombardiers stratégiques russes TU-160.
Ces appareils, "qui seront suivis par d'autres" a précisé Chavez,
peuvent emporter 12 missiles de croisière à tête nucléaire
ou conventionnelle et 40 tonnes de bombes. Aucune arme nucléaire n'est
à bord a toutefois rassuré le ministère russe de la
Défense. Le ouf ! est sincère, car on avait entendu Hugo Chavez
dire "Je vais piloter l'une de ces bestioles".
Désormais principal acheteur continental d'armes russes, le prédicateur
bolivarien a replacé l'Amérique latine, pour la première
fois depuis l'éclatement de l'Union soviétique, dans l'affrontement
entre grandes puissances. Chavez et Palin, même ivresse d'apocalypse?
Auteur: Le Bavard Latino
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