Venezuela: l'arme du référendum pour tenter d'écarter le président Chavez
La nouvelle stratégie de la Coordination démocratique -qui regroupe tous les secteurs politiques, syndicalistes et patronaux hostiles au président Chavez- a été définie lundi à Caracas, au soir de la troisième grève nationale, qualifiée, comme les précédentes, de "grand succès" par ses organisateurs et "d´échec" par le gouvernement. Un communiqué lu à l'issue de la grève par le dirigeant syndical Carlos Ortega, président de la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV), précise que la Coordination démocratique va tenter de réunir quelque 1,8 million de signatures sollicitant un référendum consultatif. L'objet de cette consultation populaire serait de demander aux Vénézuéliens s'ils veulent un changement de gouvernement ou s'ils préfèrent que Hugo Chavez se maintienne à la présidence. Les signatures seraient remises le 4 novembre au Conseil national électoral (CNE), qui en contrôlerait la validité et pourrait, selon la Coordination démocratique, convoquer dans un délai de trente jours le référendum consultatif prévu par l'article 71 de la Constitution bolivarienne, approuvée par référendum en 1999 comme le souhaitait Hugo Chavez. Cet article 71 dit que "Les matières de transcendance nationale spéciale peuvent être soumises à référendum consultatif" à l'initiative du Président de la République, de l'Assemblée nationale "ou à la demande d'au moins dix pour cent des électeurs et électrices inscrits au registre civil et électoral". Lors des élections présidentielle et législatives de 2000, le Venezuela, 24 millions d'habitants, comptait 11,7 millions d'électeurs inscrits. Le recueil de 1,8 million de signatures surpasserait donc largement, même si certaines étaient invalidées, les 10% requis pour solliciter le référendum.
Les observateurs notent que l'opposition n'envisage pas, actuellement du moins, d'utiliser l'article 72 de la Constitution, qui prévoit, lui, un référendum permettant de révoquer, avec force obligatoire, tout serviteur de l'Etat élu, y compris le Président de la République. Mais cette procédure de révocation populaire ne peut être ouverte que lors de la seconde moitié du mandat de la personnalité visée, soit pas avant le 19 août 2003 en ce qui concerne Hugo Chavez. En outre, le recueil des signatures devrait atteindre dans ce cas 20% des électeurs inscrits. C'est cette seconde voie que le président Chavez lui-même, apparemment sûr de sa popularité, recommandait non sans ironie dimanche soir à ses adversaires, avant que l'opposition ne décide de tenter le référendum consultatif . "Si elle peut recueillir les signatures nécessaires, l'opposition devrait préparer le référendum révocatoire. Il pourrait avoir lieu en août 2003. Ou alors il faudra attendre l'élection présidentielle de 2006" déclarait Hugo Chavez. Au cas où il perdrait tout de même un éventuel référendum révocatoire, le chef de l'Etat estimait que la prochaine élection présidentielle pourrait être avancée à octobre 2003. Mais la Coordination démocratique préfère donc pour l'instant le référendum consultatif, plus simple, plus rapide et qui, bien que consultatif risque, en cas de désaveu populaire, de déstabiliser de manière décisive le président Chavez et de le conduire à la démission. Le calcul de l'opposition est que dans le climat actuel d'instabilité et de polarisation extrême de la société, le recours à l'article 71 de la Constitution suffirait à provoquer la mise à l'écart du chef de l'Etat. Dans cette optique, les adversaires du président Chavez appellent l'Assemblée nationale et les autres institutions démocratiques à "ouvrir les chemins électoraux pour sortir de la crise" sociale et politique qui divise le pays. Dans le cas contraire, la Coordination démocratique menace de recourir à la désobéissance civile, se référant à nouveau à la Constitution, dont l'article 350 dit que "Le peuple du Venezuela, fidèle à sa tradition républicaine, à sa lutte pour l'indépendance, la paix et la liberté, ne reconnaîtra aucun régime, législation ou autorité qui contrarieraient les valeurs, principes et garanties démocratiques ou qui porteraient atteinte aux droits de l'homme". Le souci de constitutionnalité de la Coordination démocratique est nouveau. Jusqu'à la semaine dernière, elle prétendait "forcer" la démission du président Chavez ou disait "exiger" sa démission, réclamant aussi parfois l'intervention de l'armée pour renverser le chef de l'Etat, soit autant d'options non prévues par la Constitution. Conformément aux recommandations de l'Organisation des Etats américains, des Nations unies, du Centre Carter et de la plupart des capitales occidentales, les adversaires de Hugo Chavez promettent désormais de "résoudre la crise par des canaux démocratiques et pacifiques". Dimanche soir, le Président Chavez affirmait à la radio que les services secrets militaires vénézuéliens avaient déjoué la veille un attentat au bazooka contre l'avion qui ramenait le chef de l'Etat d'une tournée en Europe. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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