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Elections présidentielle et législatives en décembre 2009
Bolivie: bases de l'accord sur la Constitution d'Evo Morales; référendum le 25 janvier 2009

LA PAZ, jeudi 23 octobre 2008 (LatinReporters.com) - Parmi une centaine d'amendements au projet de nouvelle Constitution de la Bolivie, qui sera soumis à référendum le 25 janvier 2009, ceux concernant la réélection présidentielle et la terre, en particulier les latifundia, sont des points clés de l'accord qui a permis au président amérindien Evo Morales, socialiste radical allié du Vénézuélien Hugo Chavez, de promulguer le 21 octobre la loi convoquant le référendum. Des milliers de partisans du président réclamaient cette convocation aux portes même du Congrès national (Parlement) à La Paz.

Evo Morales - Photo José Luis Quintana
A La Paz, sur la place Murillo que bordent le Congrès national et le palais présidentiel, le président bolivien Evo Morales promulgue le 21 octobre 2008, devant des milliers de sympathisants venus faire pression sur les élus, la loi convoquant le référendum constitutionnel. Photo José Luis Quintana - Min. Presidencia / ABI

Appuyée par une partie substantielle de l'opposition, la loi a été votée à la majorité parlementaire requise des deux tiers. Un armistice, mais pas nécessairement une paix définitive, conclut ainsi deux ans d'affrontements politiques et sociaux, tant nationaux que régionaux, entre partisans du Mouvement vers le Socialisme (MAS) d'Evo Morales et les adversaires déclarés de la nouvelle Constitution, menés par les libéraux du parti Podemos de l'ex-président Jorge Quiroga et par les gouverneurs de Santa Cruz, Tarija, Beni, Pando et Chuquisaca, soit cinq des neufs départements boliviens. Les quatre premiers, qui couvrent l'est bolivien riche en hydrocarbures, ont fait plébisciter en mai et juin derniers leur autonomie régionale, jugée illégale et séparatiste par le président Morales.

Un référendum dit révocatoire confortait le 10 août le chef de l'Etat, 67% des électeurs appuyant alors sa gestion, mais confirmait aussi la cassure à la fois régionale, économique et ethnique entre libéraux blancs ou métis de l'est amazonien et socialistes amérindiens de l'ouest andin. En septembre, des affrontements politiques faisaient au moins 18 morts ("près de 30" selon un bilan officiel initial) dans le département de Pando. Un sommet extraordinaire de l'Unasur, qui regroupe les 12 pays de l'Amérique du Sud, imposait alors aux Boliviens des négociations qui viennent de déboucher sur l'actuel armistice et la convocation du référendum constitutionnel du 25 janvier 2009. Ce dernier sera suivi, le 6 décembre 2009, d'élections générales anticipées, présidentielle et législatives.

L'approbation de la nouvelle Constitution, socialiste et indigéniste, sera probablement massive compte tenu de la popularité d'Evo Morales. Mais pour dégager, au profit d'un climat de paix, la voie parlementaire vers cette prochaine victoire qu'il juge essentielle, car devant soustraire "définitivement" la Bolivie au néolibéralisme, le chef de l'Etat a dû faire des concessions à l'opposition.

L'une des plus importantes est le renoncement d'Evo Morales à briguer la présidence en 2014, à l'échéance du mandat de cinq ans qu'il pourrait conquérir aux élections anticipées de décembre 2009, dont il est déjà le favori. Son mandat actuel, issu des élections de décembre 2005, sera considéré comme le premier des deux mandats consécutifs qu'autorisera, à l'exclusion de tout autre, la nouvelle Constitution.

L'ambition initiale d'Evo Morales traçait jusqu'à 2019 son horizon présidentiel. Cela supposait d'invoquer la nouvelle Charte suprême pour remettre à zéro le décompte des mandats, comme l'ont fait ses homologues et alliés du Venezuela et de l'Equateur, Hugo Chavez et Rafael Correa.

Le report à décembre 2009 de nouvelles élections générales qui auraient pu être organisées avant l'été (l'hiver en Bolivie) dans la foulée du référendum constitutionnel est une autre largesse appréciée par les partis de l'opposition. Un scrutin rapproché risquait de signifier pour certains l'anéantissement définitif par le MAS présidentiel. Mais le délai de 14 mois, d'ici décembre de l'an prochain, fait surgir des espoirs de restructuration. Le rêve d'un grand front national contre Evo Morales, "pour montrer aux Boliviens qu'un autre chemin est possible, qu'il peut y avoir un changement authentique en démocratie", est même caressé par l'ex-président socialiste Jaime Paz Zamora (1989-1993), fondateur du moribond Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR).

"Le problème de la terre" au centre des négociations

Selon l'un des négociateurs du président Morales, le ministre du Développement rural, Carlos Romero, c'est "le problème de la terre" qui fut au centre des récentes tractations avec l'opposition. Il a été partiellement désactivé par la décision de ne pas imposer rétroactivement la superficie maximale au-delà de laquelle une propriété agricole tomberait dans la catégorie interdite et expropriable des latifundia, très présents dans les départements contestataires de l'est bolivien.

Sur le même bulletin référendaire qui leur permettra de dire le 25 janvier oui ou non au projet de nouvelle Constitution, les Boliviens pourront choisir entre deux propositions de superficie maximale d'une propriété agricole: 5.000 ou 10.000 hectares. La limite choisie par la majorité des électeurs sera coulée dans la nouvelle Constitution. Elle s'imposera aux propriétés acquises après l'entrée en vigueur de la Constitution, mais non aux propriétés actuelles qui remplissent "une fonction économique et sociale".

Seront en outre garantis les droits légalement acquis par des particuliers dont les terres seront situées à l'intérieur de territoires passant sous le contrôle partiel de communautés autochtones.

Enumérant globalement les domaines concernés par la centaine d'amendements au texte de la prochaine Charte suprême qui viennent d'être négociés, le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera à cité notamment la composition du Congrès national, le régime électoral, avec la promesse d'Evo Morales de ne plus se présenter après la présidentielle de décembre 2009, les autonomies, la terre et la justice indigène. Sur ce dernier point épineux, le vice-président a indiqué que la justice communautaire indigène reconnue par le projet constitutionnel ne s'appliquera qu'aux membres des communautés autochtones concernées.

Fruit de ces concessions et de la pression de la rue, la loi convoquant le référendum constitutionnel du 25 janvier a été promulguée par le président Morales devant plusieurs milliers de ses militants massés à La Paz sur la place Murillo, aux portes mêmes du Congrès et du palais présidentiel. Lors d'une marche de plusieurs jours parrainée par le chef de l'Etat, 50.000 (200.000 selon l'agence officielle ABI) paysans, ouvriers et mineurs, en majorité Amérindiens, convergèrent de l'Altiplano vers le centre de la ville, avec l'objectif proclamé de faire pression sur les élus de l'opposition pour débloquer le référendum. Au cours des 18 heures ininterrompues que durèrent les dernières tractations parlementaires, des mineurs impatients armés de dynamite menacèrent publiquement de prendre et fermer le Parlement.

L'an dernier, des foules plus réduites ont plusieurs fois empêché d'accéder au Congrès des élus de l'opposition, majoritaire au Sénat, afin d'assurer le vote de lois présentées par le MAS présidentiel. Ni les Nations unies ni l'Organisation des Etats américains ni l'Union européenne, qui ont applaudi le 21 octobre l'accord entre le gouvernement bolivien et l'opposition, n'ont jamais, au risque de les encourager, dénoncé ces atteintes musclées à la démocratie.


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