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30 milliards $ au Brésil en crise: Washington appuie par intérêt ce prêt record du FMI

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WASHINGTON / SAO PAULO, dimanche 11 août 2002 (latinreporters.com) - La crainte qu'une crise généralisée en Amérique du Sud n'affecte l'économie des Etats-Unis a convaincu le président George W. Bush d'appuyer le prêt record de 30 milliards de dollars que le Fonds monétaire international (FMI) devrait octroyer au Brésil. Cette aide financière, annoncée mercredi dernier, surprend tant par son montant (le plus élevé de l'histoire) que par le moment auquel elle est consentie (à deux mois des élections brésiliennes) et par l'appui octroyé par une administration américaine qui affichait ces derniers mois son scepticisme à l'égard des aides massives aux pays en difficulté.

Le revirement des Etats-Unis, principal actionnaire du FMI, avait été amorcé la semaine dernière par le prêt de 1,5 milliard de dollars octroyé par Washington à l'Uruguay, secoué par la contagion de la crise argentine qui ébranle aussi le Brésil. Ce dernier souffre surtout de la méfiance des marchés financiers dans la perspective, soulignée par les sondages, d'une victoire de la gauche à l'élection présidentielle d'octobre.

Les actions des établissements financiers très impliqués sur les places latino-américaines furent celles qui progressèrent le plus à New York et dans d'autres bourses internationales après l'annonce de l'aide à Brasilia. Les investisseurs redoutaient que la possibilité d'un moratoire de la dette brésilienne de 263 milliards de dollars (près du double de la dette argentine) ne provoque de graves répercussions en Amérique latine et dans d'autres économies émergentes de la planète, frappant en définitive aussi l'économie occidentale et particulièrement celle des Etats-Unis.

A Washington, le secrétaire au Trésor Paul O'Neill affirmait il y a quelques mois que l'argent "des menuisiers et des plombiers" américains ne servirait pas à secourir les pays émergents en crise. Aujourd'hui, en Amérique du Sud, cette vision restrictive ne frappe plus que l'Argentine, dont le risque pays, qui surpasse les 7.000 points (contre environ 2.000 au Brésil), témoigne de l'effondrement de sa crédibilité internationale.

Le prêt du FMI au Brésil signifie que "le gouvernement des Etats-Unis utilise l'argent de ses contribuables pour intervenir dans les élections brésiliennes du 6 octobre" affirme au Wall Street Journal le professeur d'université Allan Meltzer, l'un des principaux critiques du Fonds monétaire international. Selon lui, Washington redoute désormais "une instabilité politique" en Amérique latine.

Plusieurs analystes considèrent que, malgré leur ampleur, les appuis financiers au Brésil et à l'Uruguay ne sont que des "remèdes à court terme", insuffisants et aussi risqués que l'aurait été le refus de les accorder. Le principal problème du Brésil serait sa dette, qui devrait être restructurée afin d'éviter une suspension des paiements comparable à celle maintenue par l'Argentine depuis décembre dernier.

Manquant d'épargne nationale, le Brésil a un besoin élevé de financement extérieur et un retour de crise est toujours possible. Trois jours après les attentats du 11 septembre 2001, qui avaient accru la crainte d'une récession aux Etats-Unis, le FMI avait déjà accordé un prêt de 15 milliards de dollars au Brésil.

John Taylor, sous-secrétaire au Trésor américain, déclare au Washington Post que "les fonds (consentis par le FMI au Brésil) ne seront disponibles que si des politiques soutenables sont respectées". Le prêt de 30 milliards de dollars est donc conditionné. L'accord avec le FMI, qui devra être ratifié par le Conseil d'administration du Fonds début septembre, sera en vigueur pendant 15 mois et les sommes ne seront disponibles qu'à partir de 2003. Le président brésilien qui sera élu en octobre -et investi le 1er janvier 2003- devra respecter les normes budgétaires sévères fixées par le FMI.

Cela signifie que le prochain président du Brésil aura les mains liées, quelle que soit sa couleur politique. Les deux candidats en tête des sondages, le socialiste Luiz Inacio Lula da Silva et le populiste de gauche Ciro Gomes, viennent à ce propos de qualifier l'un "d'inévitable" et le second de "seule issue" l'accord avec le FMI. Ils avaient pourtant entamé leur campagne électorale en prônant le rejet des politiques imposées par l'institution monétaire internationale, entretenant ainsi le doute sur leur volonté d'honorer le remboursement de la dette brésilienne.

Un éditorial du Wall Street Journal a lié au élections américaines de novembre, pour le renouvellement partiel du Congrès, l'appui du président Bush à l'aide massive au Brésil. Selon l'influent journal financier,  "les républicains repoussent ainsi jusqu'à 2003 tout moratoire du Brésil, qui pourrait affecter les marchés et les banques des Etats-Unis."

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