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Journaliste français porté disparu : le mystère s'épaissit
Colombie : Langlois prisonnier des Farc ? L'armée se contredit
 

   

 
Opération héliportée contre la guérilla en Colombie (Archives - Photo Ejército Nacional)

BOGOTA, jeudi 3 mai 2012 (LatinReporters.com) - Le commandement de l'armée colombienne a rectifié mercredi soir les déclarations du général Javier Rey, selon lequel l'armée jugerait authentique le communiqué téléphonique d'une supposée guérillera revendiquant mardi au nom des Farc la capture du journaliste français Roméo Langlois, déclaré "prisonnier de guerre".

"Ces terroristes ont envoyé à des radios locales un message qui a été authentifié. Dans ce message, ils reconnaissent qu'ils détiennent Roméo" avait déclaré mercredi, cité par l'Agence France Presse, le général Rey en se référant aux guérilleros des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie; marxistes).

Faisant déjà état de doutes sur son authenticité, nous avions retranscrit le 2 mai cette supposée revendication des Farc : "Le Front 15 informe l'opinion publique que le journaliste français, en uniforme militaire et capturé en plein combat, est entre nos mains et est prisonnier de guerre. Il est légèrement blessé au bras. On lui a procuré une attention médicale et il est hors de danger. Signé : état-major du Front 15, bloc sud des Farc-EP. Montagnes du Caqueta, 30 avril 2012".

La position officielle de l'armée est qu'elle ne peut guère attester de l'authenticité de ce communiqué précise la direction des services de presse de l'institution militaire, citée par le respecté site d'information colombien Elespectador.com.

Roméo Langlois (Photo France 24)
Correspondant en Colombie de la chaîne d'information France 24 et du quotidien Le Figaro, Roméo Langlois, 35 ans, est porté disparu depuis le 28 avril, après une attaque attribuée aux Farc dans le département de Caqueta (sud). En reportage sur la lutte antidrogue, il accompagnait une patrouille de l'armée prise sous le feu des guérilleros.

Des soldats rescapés de l'affrontement, au cours duquel quatre militaires ont été tués et huit autres blessés, ont rapporté que le journaliste français avait été blessé au bras gauche. Selon les mêmes témoins, il aurait alors ôté son casque et son gilet pare-balles, manifestant ainsi clairement sa condition de civil, et s'était dirigé vers la zone d'où venaient les tirs des rebelles.

Évoquée par le général Javier Rey, la suspension d'opérations militaires dans la région où pourrait être détenu Roméo Langlois est également démentie à Elespectador.com par la direction des services de presse de l'armée. Les opérations se poursuivraient dans le département de Caqueta, place forte historique des Farc. Seul un éventuel sauvetage militaire du journaliste français serait actuellement écarté.

Le ministre colombien de la Défense, Juan Carlos Pinzon, a lui-même dit que des opérations de contrôle militaire sont permanentes dans la région. Mais "nous ne faisons aucun sauvetage, car nous ne savons pas où se trouve le journaliste. Lorsque nous le saurons, cela impliquera en premier lieu d'en parler avec le gouvernement français" a ajouté le ministre, précisant qu'il s'agit de ne pas mettre en danger la vie de Roméo Langlois.

Les sites Internet proches de la guérilla qui authentifient habituellement ses communiqués en les publiant ont ignoré ou méprisé la supposée revendication des Farc. Le principal de ces sites, Anncol [soudainement désactivé; ndlr], soupçonnait même hier les services gouvernementaux colombiens d'avoir fabriqué ladite revendication pour masquer "une fin qu'ils connaissent peut-être déjà".

De manière perfide est ainsi posée implicitement une question très lourde pour un gouvernement qui avait embarqué le correspondant français dans une opération militaire : Roméo Langlois serait-il lui aussi décédé dans le piège tendu le 28 avril par la guérilla à l'armée? Est-ce pour cette suggestion d'une violence peut-être intéressée que le site d'Anncol, hébergé en Suède, a été désactivé la nuit dernière? A la requête de Bogota?

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DÉMENTI : L'ARMÉE
N'A PAS AUTHENTIFIÉ
LA REVENDICATION
DES FARC

BOGOTA, vendredi 4 mai 2012 (LatinReporters.com) - Le général Alejandro Navas, commandant en chef des forces militaires colombiennes (aviation, marine, armée de terre) a affirmé jeudi à la presse ne pas pouvoir certifier l'authenticité de la supposée revendication téléphonique par la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) de la séquestration du journaliste français Roméo Langlois.

Une confirmation écrite, selon le procédé habituel des Farc, serait nécessaire a estimé le général Navas.

Le 1er mai, une supposée militante des Farc avait téléphoné à plusieurs journalistes colombiens pour leur lire une brève revendication de la capture de Roméo Langlois, disparu trois jours plus tôt lorsqu'il effectuait un reportage aux côtés d'une patrouille militaire soudainement attaquée. Les autorités estiment que les assaillants appartenaient aux Farc. (Voir aussi article ci-contre).

Se référant à de "supposés communiqués", au pluriel alors que les médias ne parlent que de la prétendue revendication téléphonique, le général Navas reconnaît que "nous en ignorons l'origine, aussi ne pouvons-nous pas affirmer avec certitude que cette bande [des Farc] détient le journaliste français".

Cette mise au point du principal chef militaire colombien dément les affirmations du général d'aviation Javier Rey. Ce dernier déclarait mercredi que la revendication téléphonique faite au nom des Farc avait été "authentifiée" par l'armée. Les médias français ont unanimement répercuté cette affirmation. Par contre, les médias colombiens l'ont ignorée ou contredite.
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