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La guérilla avertit que l'extradition de Simon Trinidad aux Etats-Unis compliquerait "sérieusement" des négociations

Colombie-échange humanitaire: la guérilla des FARC lâche du lest territorial

Autocollant réclamant la libération d'un chef des FARC, Simon Trinidad. Son extradition vers les Etats-Unis compliquerait un échange humanitaire.
BOGOTA, samedi 4 décembre 2004 (LatinReporters.com) - La guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) réduit considérablement la superficie de la zone démilitarisée qu'elle exige du gouvernement colombien pour y négocier la libération d'otages des FARC en échange de plus de 500 guérilleros prisonniers. Les FARC octroient à l'Eglise un rôle moteur pour faire démarrer les négociations, mais les rebelles avertissent que l'extradition aux Etats-Unis de l'un de leurs chefs, Simon Trinidad, compliquerait "sérieusement" les possibilités d'échange humanitaire.

Au nom de leur "Etat-major central", les FARC font leurs nouvelles propositions dans un communiqué diffusé vendredi soir, mais daté du 28 novembre. Cette date, réelle ou fictive, permet aux rebelles d'accréditer -ou de faire croire- que leurs apparentes concessions ne répondent pas à la grâce de 23 guérilleros prisonniers décrétée unilatéralement jeudi par le président colombien Alvaro Uribe.

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Saluée par les familles des otages des FARC et dans les chancelleries comme un pas positif vers un échange humanitaire global -qui inclurait la libération par la guérilla de la célèbre Franco-Colombienne Ingrid Betancourt- cette grâce unilatérale reportait sur les FARC la pression pacifiste nationale et internationale exercée sur le président Uribe. A cet égard, le dernier communiqué des rebelles renvoie à nouveau la balle dans le camp du gouvernement.

L'une des principales conditions des FARC à l'ouverture de négociations, la démilitarisation préalable d'une zone où se tiendraient les pourparlers, ne contemple plus les municipalités de Cartagena del Chaira y de San Vicente Del Caguan, mais celles de Florida et de Pradera. La superficie de la zone dont se retireraient l'armée et la police -et qui serait de fait dominée exclusivement par la guérilla le temps des négociations- passe ainsi de 31.000 km2 (la superficie de la Belgique) à seulement 750 km2.

Contiguës, les municipalités de Florida et de Pradera forment, dans leur étendue administrative, un rectangle d'à peine 30 km de long sur 25 km de large. Les débordements de guérilleros qui violeraient les accords en partant à l'offensive à partir de cette zone seraient donc nettement plus contrôlables qu'autour d'une zone de 31.000 km2.

Le communiqué des FARC dit textuellement: "Le gouvernement alléguant que dégager les municipalités de San Vicente y Cartagena del Chaira pour y convenir d'un échange de prisonniers est impossible, car cela équivaudrait à lever ou suspendre le Plan Patriote [vaste offensive militaire contre la guérilla dans le Sud colombien], ... nous proposons les deux municipalités de Florida et Pradera dans le [département du] Valle. Elles doivent réunir les garanties de sécurité nécessaires aux déplacements de nos porte-parole, au transfèrement des prisonniers des deux parties vers le site convenu pour l'échange et au repli postérieur des plus de 500 guérilleros qui doivent être libérés en application des accords".

Selon les rebelles, "l'Eglise, qui sera chargée des contacts initiaux, explorera les possibilités d'associer les Nations unies, des gouvernements amis et la Croix-Rouge Internationale aux travaux d'accompagnement et d'appui logistique".

"Nous invitons les familles des prisonniers colombiens et étasuniens [trois Américains sont aux mains des FARC] à faire leur cette proposition et à la faire progresser, comme c'est le désir de tous" poursuit le communiqué, renvoyant ainsi sur le président Uribe la pression des parents des otages.

Mais l'état-major central des FARC conclut son communiqué par un avertissement: "Devant l'attitude manifeste de servilité... de la Cour [suprême] qui a autorisé l'extradition aux Etats-Unis du porte-parole des FARC Simon Trinidad, ... nous signalons que [cette extradition] serait une interférence sérieuse dans les possibilités d'échange [humanitaire]... Aucun pays civilisé ne livre ses citoyens pour qu'ils soient jugés par les gringos".

Arrêté le 2 janvier 2004 à Quito, capitale de l'Equateur, Simon Trinidad fut aussitôt livré aux autorités de la Colombie voisine. Il est la plus haute personnalité des FARC capturée jusqu'à présent. L'accusant de trafic de drogue et de blanchiment d'argent, la justice américaine a sollicité son extradition, à laquelle la Cour suprême colombienne a donné son feu vert le 24 novembre dernier. La décision finale appartient au président Uribe.

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