La Colombie veut un sommet mondial sur la stratégie antidrogue
BOGOTA, 7 septembre 2001 (LatinReporters.com) - Un sommet mondial que convoqueraient les Etats-Unis pour évaluer et réviser la stratégie globale de la lutte antidrogue est réclamé par le président colombien Andres Pastrana. La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne et un important producteur d'héroïne.
Alimentant les finances des guérillas de gauche et des paramilitaires d'extrême droite, la drogue est aujourd´hui considérée comme le principal carburant de la guerre civile qui a fait 200.000 morts depuis 1964 en Colombie. Guérillas et paramilitaires sont devenus les cartels modernes de la drogue colombienne. Pour Andres Pastrana, qui s'adressait jeudi à Bogota à des correspondants de la presse internationale, "le moment est venu d'évaluer ce qu'a été la politique mondiale contre la drogue" et d'examiner si les ressources octroyées à cette politique ont produit les résultats attendus. "Nous (les Colombiens), nous ne pouvons pas continuer à payer toujours le prix de la lutte contre le narcotrafic" avertit le président Pastrana, qui croit que le problème "relève pour une bonne part de la demande (de drogues) et si cette demande n'est pas contrôlée, nous n'aboutirons à rien". Andres Pastrana précise que si la production de cocaïne est combattue en Colombie et dans les autres pays andins, la consommation de cette drogue, qui finance la guerre civile colombienne, ne cesse par contre de croître aux Etats-Unis et en Europe. C'est donc notamment pour insister sur la responsabilité des pays développés que le chef de l'Etat colombien invite le président américain George W. Bush à convoquer aux Etats-Unis une conférence internationale qui évaluerait et redéfinirait la stratégie globale contre les drogues. Andres Pastrana estime, comme les Nations unies, à 500 milliards de dollars le chiffre d'affaires annuel mondial de l'industrie de la drogue, devenue, dit-il, "le premier ou le second négoce de l'humanité". Andres Pastrana demande aux Etats-Unis et à l'Europe non seulement de freiner leur consommation de drogues, mais aussi d'empêcher le blanchiment des bénéfices du narcotrafic et de contrôler l'exportation de produits chimiques utilisés dans l'élaboration de la cocaïne. "Nous avons dit aux pays européens, précise le président colombien, qu'il n'y a certes pas de cocaïne sans la coca, mais qu'il n'y en aurait pas non plus sans l'éther, sans l'acétone, sans le permanganate, qui viennent en bonne partie d'Europe". A propos de la relation entre drogues et environnement, Andres Pastrana estime que les controversées fumigations aériennes d'herbicides sur les plantations de coca sont nettement moins dommageables que l'activité des narcotrafiquants. Ces derniers sont accusés par le président Pastrana d'avoir détruit en Colombie un million d'hectares de forêt au cours des dix dernières années pour cultiver la feuille de coca ou la fleur de laquelle est extraite l'héroïne. Andres Pastrana ajoute que les rivières sont polluées par les produits chimiques utilisés dans les laboratoires clandestins des narcotrafiquants, établis de préférence sur les rives de cours d'eau.
© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne Nos textes peuvent être reproduits s'ils sont clairement attribués à LatinReporters.com avec lien actif vers notre site (ou mention de notre adresse http://www.latinreporters.com si reproduction sur support autre qu'Internet). |