Colombie: négociation pour un cessez-le-feu en avril avec la guérillaLe président Pastrana proroge la zone démilitarisée jusqu'au 10 avril
Les compensations politiques escomptées par la guérilla constitueront néanmoins un obstacle important sur le chemin d'une paix définitive. Malgré l'offensive menée par les FARC depuis une semaine (39 soldats et policiers tués; plus d'une dizaine de civils enlevés; 12 pylônes électriques, un pont et un oléoduc dynamités), le président colombien Andres Pastrana et la guérilla ont décidé dimanche de poursuivre leurs pourparlers de paix entamés début 1999.
Les négociateurs gouvernementaux ont admis, eux, d'intégrer dans les négociations de paix la lutte contre les paramilitaires d'extrême droite. Aussi peu respectueux du droit humanitaire que l'est la guérilla, les paramilitaires sont la terreur des FARC. Confirmant dans un discours télévisé la poursuite du processus de paix et la prorogation de la zone démilitarisée, le président Pastrana a souligné le pas en avant que représente la fixation d'une date précise, le 7 avril, pour la signature d'un accord de cessez-le-feu. Il espère que, d'ici là, "des accords partiels diminueront l'intensité du conflit", supprimant "les bonbonnes de gaz (transformées par les FARC en projectiles dévastateurs), les mines antipersonnel, les enlèvements et l'extorsion, la participation de mineurs au conflit, les attaques contre les populations, contre les oléoducs, les routes et les pylônes électriques". Mais ces souhaits ne figurent pas explicitement dans l'agenda de négociation approuvé dimanche par la guérilla et le gouvernement. Par contre, le préambule de cet agenda rend obligatoire l'inclusion dans la négociation des "Recommandations de la Commission de notables" déposées en septembre 2001 pour tenter de faire progresser le processus de paix. Critiqué à l'époque par l'armée, des éditorialistes et de nombreux parlementaires, ce document rédigé par deux personnalités de gauche (une troisième, conservatrice, avait rapidement démissionné) offre à la guérilla des FARC, en échange de la paix, des compensations politiques considérables. La principale est sans doute la participation d'office de membres des FARC, qui ne seraient donc pas désignés par le suffrage universel, à une Assemblée constituante qui réviserait la Constitution colombienne. Le document des "notables" propose en outre "d'étudier des mécanismes de financement qui couvriraient les nécessités de subsistance des combattants insurgés pendant la trêve". Ce qui veut dire que si elle observe un cessez-le-feu, la guérilla, ne pouvant plus séquestrer contre rançon, devrait recevoir ... un financement public! Ces prétentions rencontreront de fortes résistances au sein de la société colombienne. La paix définitive, du moins dans ces conditions, est loin d'être gagnée.
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