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Premier pas sérieux vers la fin de 38 ans de guerre civile

Colombie: négociation pour un cessez-le-feu en avril avec la guérilla

Le président Pastrana proroge la zone démilitarisée jusqu'au 10 avril

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Formation idéologique
dans un camp des FARC
© FARC-EP
BOGOTA, lundi 21 janvier 2002 (LatinReporters.com) - Une date précise pour la signature d'un accord de cessez-le-feu, le 7 avril prochain, a été fixée dimanche soir par le gouvernement colombien et la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Il s'agit du premier pas sérieux vers la fin d'une guerre civile qui a fait plus de 200.000 morts et déplacé au moins deux millions de personnes depuis 1964 en Colombie.

Les compensations politiques escomptées par la guérilla constitueront néanmoins un obstacle important sur le chemin d'une paix définitive.

Malgré l'offensive menée par les FARC depuis une semaine (39 soldats et policiers tués; plus d'une dizaine de civils enlevés; 12 pylônes électriques, un pont et un oléoduc dynamités), le président colombien Andres Pastrana et la guérilla ont décidé dimanche de poursuivre leurs pourparlers de paix entamés début 1999.

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Sous l'oeil d'une commission internationale garante de la bonne foi des négociateurs, l'accord de cessez-le-feu sera préparé dans la zone démilitarisée (appelée aussi "zone de détente") de 42.000 km2 -la superficie de la Suisse- que le président colombien laisse au contrôle de la guérilla au moins jusqu'au 10 avril. Prorogée maintes fois, cette zone de 150.000 habitants, qui n'ont jamais été consultés, fut cédée aux FARC en novembre 1998 par Andres Pastrana dans l'espoir d'y négocier la paix.

RÉACTIONS

-James LeMoyne (émissaire spécial de l'ONU, de nationalité américaine, il contribua de manière décisive à éviter la rupture des pourparlers entre Bogota et la guérilla): "Le chemin n'est pas sans pierres et on n'obtiendra pas la paix demain, mais, pour la première fois, la Colombie a une opportunité réelle d'y parvenir". Dans cette optique, il demande aux FARC de "cesser d'assassiner, de tuer, de séquestrer, de massacrer le peuple colombien".

-Horacio Serpa Uribe (candidat du parti libéral et favori de l'élection présidentielle de mai prochain): "L'accord crée un chemin pour la paix, mais si à partir de demain se poursuivent les attaques, les enlèvements et les dynamitages, ce qui a progressé se détruira".

-Alvaro Uribe Velez (libéral dissident, candidat à l'élection présidentielle): "La fin des hostilités, y compris la suspension des enlèvements et la libération des séquestrés, aurait dû être une condition d'application immédiate... L'accord est un nouveau pas du processus d'abandon du pays aux FARC".

Les rebelles marxistes ont promis de mettre fin immédiatement, sur les routes, à leur "pêches miraculeuses", expression colombienne désignant les enlèvements massifs de civils libérés uniquement contre rançon. Pas la moindre promesse, par contre, à propos des "pêches miraculeuses" dans les immeubles résidentiels, parfois cibles de commandos des FARC qui soufflent les portes blindées avec des explosifs. Pas d'engagement non plus sur la fin des enlèvements individuels. L'industrie de la séquestration est avec le trafic de cocaïne la principale source de revenus de la guérilla.

Les négociateurs gouvernementaux ont admis, eux, d'intégrer dans les négociations de paix la lutte contre les paramilitaires d'extrême droite. Aussi peu respectueux du droit humanitaire que l'est la guérilla, les paramilitaires sont la terreur des FARC.

Confirmant dans un discours télévisé la poursuite du processus de paix et la prorogation de la zone démilitarisée, le président Pastrana a souligné le pas en avant que représente la fixation d'une date précise, le 7 avril, pour la signature d'un accord de cessez-le-feu.

Il espère que, d'ici là, "des accords partiels diminueront l'intensité du conflit", supprimant "les bonbonnes de gaz (transformées par les FARC en projectiles dévastateurs), les mines antipersonnel, les enlèvements et l'extorsion, la participation de mineurs au conflit, les attaques contre les populations, contre les oléoducs, les routes et les pylônes électriques". Mais ces souhaits ne figurent pas explicitement dans l'agenda de négociation approuvé dimanche par la guérilla et le gouvernement.

Par contre, le préambule de cet agenda rend obligatoire l'inclusion dans la négociation des "Recommandations de la Commission de notables" déposées en septembre 2001 pour tenter de faire progresser le processus de paix.

Critiqué à l'époque par l'armée, des éditorialistes et de nombreux parlementaires, ce document rédigé par deux personnalités de gauche (une troisième, conservatrice, avait rapidement démissionné) offre à la guérilla des FARC, en échange de la paix, des compensations politiques considérables.

La principale est sans doute la participation d'office de membres des FARC, qui ne seraient donc pas désignés par le suffrage universel, à une Assemblée constituante qui réviserait la Constitution colombienne.

Le document des "notables" propose en outre "d'étudier des mécanismes de financement qui couvriraient les nécessités de subsistance des combattants insurgés pendant la trêve". Ce qui veut dire que si elle observe un cessez-le-feu, la guérilla, ne pouvant plus séquestrer contre rançon, devrait recevoir ... un financement public!

Ces prétentions rencontreront de fortes résistances au sein de la société colombienne. La paix définitive, du moins dans ces conditions, est loin d'être gagnée.


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