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Peut-être pour l'échanger contre des rebelles prisonniers

Colombie: la guérilla enlève Ingrid Betancourt, candidate à la présidence

Ingrid Betancourt
© Global Greens
BOGOTA, lundi 25 février 2002 (LatinReporters.com) - La guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) détient toujours ce lundi Ingrid Betancourt, pasionaria anticorruption et candidate écologiste à l'élection présidentielle colombienne du 26 mai prochain.

Très connue à l'étranger, notamment en France et aux Etats-Unis, Ingrid Betancourt et sa directrice de campagne électorale, Clara Rojas, ont été enlevées samedi sur une route du sud de la Colombie. Elles sont victimes des représailles de la guérilla à l'offensive militaire sans précédent lancée jeudi contre les insurgés après la rupture du processus de paix.

Un photographe de la revue française Marie-Claire, Alain Keler, un conseiller d'Ingrid Betancourt et un cameraman colombien qui voyageaient dans le même véhicule que les deux femmes séquestrées ont été libérés par la guérilla et ont relaté les faits aux autorités. L'armée, le ministère de l'Intérieur et la porte-parole à Bogota d'Ingrid Betancourt ont confirmé le double enlèvement par les FARC.

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Malgré les avertissements des autorités militaires qui lui déconseillaient le voyage, Ingrid Betancourt avait entrepris de gagner par la route, à 600 km au sud de Bogota, l'ancienne place forte de la guérilla, sous les projecteurs de l'actualité depuis la rupture, mercredi par le président Andres Pastrana, de négociations très impopulaires avec les rebelles.

Dans l'une des plus vastes offensives de l'histoire de la Colombie, 15.000 soldats appuyés par l'aviation et des chars reconquièrent depuis jeudi cette enclave de 42.000 km2, grande comme la Suisse, offerte en novembre 1998 aux FARC dans l'espoir, déçu, de mettre fin à près de 40 ans de guerre civile.

Selon Adair Lamprea, conseiller d'Ingrid Betancourt relâché par les guérilleros, ceux-ci ont déclaré agir en représailles à la rupture des pourparlers de paix  et vouloir s'en prendre aux candidats à la présidence et aux parlementaires. (Cinq députés et sénateurs sont actuellement séquestrés par les FARC).  Les autorités colombiennes en déduisent que le sabotage des élections législatives du 10 mars et du scrutin présidentiel du 26 mai est une priorité de la guérilla. Le dynamitage de ponts, de lignes de haute tension et de centraux téléphoniques appuierait cette hypothèse.

Communiqué non authentifié de la guérilla des FARC

Le ministre colombien de l'Intérieur, Armando Estrada, admet aussi que l'enlèvement d'Ingrid Betancourt et de parlementaires pourrait viser à contraindre le gouvernement à élaborer une loi autorisant la libération de guérilleros prisonniers en échange des personnalités détenues par les rebelles. Le ministre dit avoir reçu un communiqué non authentifié formulant cette exigence et signé par l'un des porte-parole des FARC, Joaquin Gomez.

L'organisation non gouvernementale colombienne Pays libre affirme que les FARC détiennent actuellement 674 otages, hommes, femmes et enfants. Selon des estimations officielles, les enlèvements contre rançon constitueraient, après le trafic de cocaïne, la principale ressource financière des FARC.

Licenciée en sciences politiques à Paris, fille de ministre et d'ambassadrice, tour à tour députée et sénatrice, fondatrice du parti écologiste Oxygène vert (Oxigeno Verde), Ingrid Betancourt, 40 ans, a démissionné de la Chambre haute pour briguer la présidence de son pays à la tête d'un mouvement indépendant qu'elle a baptisé Colombie nouvelle (Colombia Nueva). Les sondages la créditent de moins d'un pour cent des intentions de vote, alors qu'en 1998 les 160.000 voix de préférence qui la portèrent au Sénat furent le plus haut score personnel parmi les candidats aux législatives.

Son livre "La rage au coeur", succès de librairie en France et remarqué aux Etats-Unis sous le titre "Until Death Do Us Part", dénonce la corruption du pouvoir en Colombie et notamment l'emprise de la drogue sur la politique. Il y a deux semaines, rencontrant les chefs de la guérilla des FARC, elle leur avait reproché de financer leur lutte par le trafic de cocaïne, les enlèvements et l'extorsion sous menace.

Sa vie est certainement en danger. A El Playon, au nord-est de la Colombie, le cadavre d'une Colombienne de 85 ans séquestrée le 6 février par les FARC a été retrouvé dimanche avec deux balles dans la tête.

La guérilla des FARC, qualifiée de "terroriste" par les Etats-Unis, mais aussi, depuis la semaine dernière, par des pays européens tels que l'Espagne et la France et par les pays du Pacte andin (Colombie, Equateur, Venezuela, Bolivie et Pérou) a été accusée dimanche par le bureau des Nations unies (ONU) de Bogota "d'enfreindre gravement les normes humanitaires".

Peu après les attentats du 11 septembre dernier contre les Etats-Unis, le département d'Etat américain avait désigné la guérilla colombienne comme un objectif potentiel de la lutte internationale contre le terrorisme.


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