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Cuba: un socialisme d'autant plus dictatorial qu'il est désormais "irrévocable"

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QUITO, mardi 2 juillet 2002 (LatinReporters.com) - C'est à l'unanimité que le Parlement cubain a approuvé la semaine dernière une révision de la Constitution qui déclare "irrévocable" le régime socialiste instauré dans l'île par le président Fidel Castro. L'avenir politique des Cubains serait ainsi en principe figé pour l'éternité avant la disparition de la génération bientôt octogénaire de dirigeants qui ont fait la révolution de 1959. Cette prétention peu commune de momifier le destin collectif d'un peuple résistera difficilement à l'universalisation du droit de chaque citoyen à choisir ses représentants politiques par un vote libre et secret.

C'est précisément en bafouant la liberté individuelle, la possibilité de choix et le secret des opinions que fut organisée la pétition massive qui servit d'alibi à la révision de la Constitution de 1976. Du 15 au 18 juin derniers, une campagne de signatures en faveur de l'intangibilité du socialisme cubain, déclaré "intouchable" dans le projet initial, fut encadrée en plus de 120.000 points de l'île par les Comités de défense de la révolution, une organisation castriste présente dans chaque quartier de Cuba.

Les défenseurs des droits de l'homme précisent que ces comités sont en mesure d'établir la liste de ceux qui se seraient abstenus de signer et que la menace sous-jacente de persécutions contre les abstentionnistes expliquerait le recueil de 8.188.198 signatures, soit 99,37% des Cubains en âge de voter (à partir de 16 ans).

En outre, en signant la pétition, les Cubains ne pouvaient pas rejeter, mais seulement approuver -publiquement de surcroît- le souhait des autorités castristes de déclarer intangible leur socialisme.

Ces caractéristiques dictatoriales suffiront peut-être, lorsqu'un vent de liberté soufflera sur Cuba, à invalider sans grands débats un socialisme dont le caractère désormais "irrévocable", propre à une théocratie, est lui-même incompatible avec la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Dans l'immédiat, la révision constitutionnelle sera probablement invoquée par le régime castriste pour déclarer illégal le "Projet Varela", une initiative menée par des dissidents et réclamant un référendum sur la démocratisation de Cuba proposé par 11.020 signataires cubains. Avant d'être amendée, la Constitution déclarait admissible un référendum proposé par au moins 10.000 citoyens.

Les législateurs cubains, tous affiliés au Parti communiste (le seul toléré), ont voulu multiplier les verrous pour tenter de garantir l'intangibilité de leur régime. Ainsi, la Constitution révisée affirme qu'aucun nouvel amendement de la Charte suprême ne pourra porter sur "le système politique, économique et social, dont le caractère irrévocable est établi". Le texte révisé proclame aussi que Cuba "ne reviendra plus au capitalisme".

Les Cubains ont eu droit à trois jours de congé, du lundi 24 au mercredi 26 juin, pour suivre à la télévision les "débats" parlementaires qui ont abouti à la révision constitutionnelle. Au cours de ces monologues pro-castristes, aucune voix discordante n'a été entendue. Le jeune (37 ans) ministre cubain des Relations extérieures, Felipe Perez Roque, également député et l'un des dauphins possibles de Fidel Castro, a saisi l'occasion pour se demander pourquoi il faudrait abandonner à Cuba le système de parti unique, alors que le pluripartisme a échoué et s'est "discrédité" dans le reste de l'Amérique latine.

Cet échec, au moins partiel, est effectivement inquiétant, dans la mesure surtout où l'Amérique latine se caractérise par la distribution des revenus la plus inégale de la planète. Mais les dernières élections présidentielles et législatives au Mexique, au Nicaragua, au Costa Rica, au Honduras et en Colombie, toutes gagnées par des candidats ou partis conservateurs, montrent que la liberté est, pour l'homme, au moins aussi importante que l'égalitarisme socialiste. Peut-être parce que ce dernier ne peut s'imposer que par la voie totalitaire, comme à Cuba aujourd'hui et comme dans les pays de l'ex-empire soviétique jusqu'à la fin des années 1980.

Egalité et liberté sont-elles nécessairement incompatibles? Ce débat séculaire reste ouvert.

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