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Majorité absolue au 1er tour, comme en 2009, pour le socialiste Correa
Équateur : réélu, le président Correa dédie sa victoire à Chavez
 

   

 
Quito, 17 février 2013 - Proclamant sa victoire, le président équatorien Rafael Correa salue ses partisans du haut du balcon du palais présidentiel. Il est entouré de sa femme (la Belge Anne Malherbe) et de ses enfants, ainsi que du vice-président élu, Jorge Glas. (Photo Agencia Andes)

QUITO, lundi 18 février 2013 (LatinReporters.com) - Rafael Correa, l'un des leaders de la gauche radicale latino-américaine, a été réélu dimanche à la présidence de l'Équateur, recueillant comme en 2009 dès le premier tour une large majorité absolue. Il a dédié sa victoire aux 14,5 millions d'Équatoriens et à son allié Hugo Chavez, le président du Venezuela qui lutte contre le cancer dans un hôpital cubain.

Le premier "comptage rapide" du Conseil national électoral, qui estime irréversible la victoire de Rafael Correa, lui octroie 56,7% des suffrages, contre 23,3% à son plus proche adversaire, l'ex-banquier Guillermo Lasso. Celui-ci a reconnu sa défaite. En 3e position, l'ancien président Lucio Guttiérez n'obtient que 6,6% des voix. Trois sondages de sortie des urnes créditaient Correa de 58 à 61% des votes.

Le résultat des élections législatives, convoquées conjointement avec la présidentielle, sera connu ultérieurement. Le président Correa croit que son mouvement Alianza Pais (Alliance Pays) a réussi à transformer sa majorité parlementaire relative en majorité absolue.

Renforcement de la "révolution citoyenne", qu'applaudit "le grand ami Hugo"

Du haut du balcon du palais présidentiel de Quito, la capitale équatorienne, Rafael Correa a clamé à une foule de partisans que "cette révolution, rien ni personne ne l'arrête". Il va donc poursuivre et même renforcer sa "révolution citoyenne" jusqu'en 2017, échéance de son nouveau mandat, le dernier permis par la Constitution. A cette date, Correa comptera dix ans de pouvoir ininterrompu. Un record dans ce pays sud-américain qui avait vu défiler sept chefs d'État lors des dix années précédentes.

"Nous sommes là pour vous servir. Rien pour nous, tout pour vous, le peuple qui a mérité le droit d'être libre" a lancé Correa durant son discours devant les militants. Puis, en conférence de presse, il a affirmé que le grand défi de ses quatre prochaines années de gestion est de "rendre irréversible le changement dans les relations de pouvoir", afin que soit aux commandes "le peuple", mais non le capital.

Correa veut "accélérer dans la même direction" pour réduire la pauvreté. Près de 30% des Équatoriens vivent encore sous le seuil de pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque mondiale en 2011, un taux que le gouvernement se targue d'avoir réduit à 16%.

"C'est l'occasion de dédier aussi la victoire à ce grand leader latino-américain qui a transformé le Venezuela, à ce grand ami Hugo [Chavez]" a dit encore le président de l'Équateur. Il a exprimé son admiration pour son homologue vénézuélien. Selon Correa, le triomphe de la "révolution citoyenne" équatorienne accompagne le triomphe de toutes les révolutions du continent et "bien sûr, la révolution bolivarienne au Venezuela".

A Caracas, un communiqué du ministre des Affaires étrangères diffusé au nom du président Chavez proclame notamment que "la réélection du président Correa est une victoire des forces bolivariennes et socialistes de notre Amérique, grâce à laquelle le changement d'époque se consolide (...) Vive le président Rafael Correa ! Vive le peuple de l'Équateur et sa révolution citoyenne !"

Dans quatre ans, Correa ... en Belgique

Dans la communion entre Chavez et Correa s'immisce une différence. Alors que le dirigeant vénézuélien a fait réviser sa Constitution pour permettre sa candidature continue à la présidence au terme de chaque mandat, Rafael Correa a indiqué pour sa part au cours de la campagne électorale qu'il s'en ira en 2017, comme le prévoit la Constitution. Il a en outre révélé qu'il vivra alors en Belgique, le pays de sa femme, Anne Malherbe, actuellement discrète institutrice au lycée français de Quito. "Je le dois à ma famille et à la nécessité de décorréiser le pays" disait Rafael Correa au journal El Telégrafo, s'opposant à ce qu'on se réclame de lui en se disant "corréiste".

Issu d'une famille modeste du port de Guayaquil, dans le sud-ouest de l'Équateur, Rafael Correa, 49 ans aujourd'hui, avait acquis une solide formation économique grâce à des bourses d'études universitaires en Belgique et aux États-Unis. Dans ce dernier pays, son père fut détenu pour avoir servi de "mule", nom donné aux passeurs de drogue.

La meilleure base électorale de Rafael Correa est la prospérité actuelle de l'Équateur, concrétisée par l'accroissement des investissements publics et de la couverture sociale. Prix pétroliers soutenus (l'Équateur produit 540.000 barils/jour), hausse de la part de l'État dans les contrats avec les multinationales, investissements, prêts et achats de la Chine, ainsi qu'une meilleure productivité fiscale nourrissent cette prospérité reflétée par l'envol du produit intérieur brut (+8% en 2011 et +4,8% en 2012 selon la Cepal, organisme de l'ONU), avec une inflation annuelle contrôlée autour de 5%.

Les adversaires du président critiquent son autoritarisme, son harcèlement des médias privés, son contrôle de la justice et sa propagande, alimentée par un empire grandissant de médias publics (télévisions, radios, journaux, sites Internet). Après sa nouvelle victoire, Correa a confirmé la prochaine élaboration d'une loi sur la communication taxée par les principaux médias privés et par des associations internationales de menace sans précédent pour le pluralisme démocratique.

Une contestation de gauche fustige en outre sa politique pétrolière et minière, qui mépriserait l'environnement et les communautés amérindiennes, bafouant des garanties énoncées par la nouvelle Constitution de 2008.



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