"El
Rey Católico, por sí y por sus herederos y sucesores, cede
por este Tratado a la Corona de la Gran Bretaña la plena y entera
propiedad de la ciudad y castillos de Gibraltar, juntamente con su puerto,
defensas y fortalezas que le pertenecen, dando la dicha propiedad absolutamente
para que la tenga y goce con entero derecho y para siempre, sin excepción
ni impedimento alguno. Pero, para evitar cualquiera abusos y fraudes en la
introducción de las mercaderías, quiere el Rey Católico,
y supone que así se ha de entender, que la dicha propiedad se ceda
a la Gran Bretaña sin jurisdicción alguna territorial y sin
comunicación alguna abierta con el país circunvecino por parte
de tierra. Y como la comunicación por mar con la costa de España
no puede estar abierta y segura en todos los tiempos, y de aquí puede
resultar que los soldados de la guarnición de Gibraltar y los vecinos
de aquella ciudad se ven reducidos a grandes angustias, siendo la mente del
Rey Católico sólo impedir, como queda dicho más arriba,
la introducción fraudulenta de mercaderías por la vía
de tierra, se ha acordado que en estos casos se pueda comprar a dinero de
contado en tierra de España circunvencina la provisión y demás
cosas necesarias para el uso de las tropas del presidio, de los vecinos u
de las naves surtas en el puerto.
Pero si se aprehendieran algunas mercaderías introducidas por Gibraltar,
ya para permuta de víveres o ya para otro fin, se adjudicarán
al fisco y presentada queja de esta contravención del presente Tratado
serán castigados severamente los culpados.
Y su Majestad Británica, a instancia del Rey Católico consiente
y conviene en que no se permita por motivo alguno que judíos ni moros
habiten ni tengan domicilio en la dicha ciudad de Gibraltar, ni se dé
entrada ni acogida a las naves de guerra moras en el puerto de aquella Ciudad,
con lo que se puede cortar la comunicación de España a Ceuta,
o ser infestadas las costas españolas por el corso de los moros.
Y como hay tratados de amistad, libertad y frecuencia de comercio entre los
ingleses y algunas regiones de la costa de Africa, ha de entederse siempre
que no se puede negar la entrada en el puerto de Gibraltar a los moros y
sus naves que sólo vienen a comerciar.
Promete también Su Majestad la Reina de Gran Bretaña que
a los habitadores de la dicha Ciudad de Gibraltar se les concederá
el uso libre de la Religión Católica Romana. Si en algún
tiempo a la Corona de la Gran Bretaña le pareciere conveniente dar,
vender, enajenar de cualquier modo la propiedad de la dicha Ciudad de Gibraltar,
se ha convenido y concordado por este Tratado que se dará a la Corona
de España la primera acción antes que a otros para redimirla."
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"Le Roi Catholique, en son nom et celui
de ses héritiers et successeurs, cède par ce Traité
à la Couronne de Grande-Bretagne la pleine et entière propriété
de la ville et des châteaux de Gibraltar, conjointement à son
port, défenses et forteresses qui lui appartiennent, donnant ladite
propriété de manière absolue afin qu'elle l'ait et en
jouisse de plein droit et pour toujours, sans exception ni aucun empêchement.
Mais, pour éviter de quelconques abus ou fraudes quant à l'introduction
des marchandises, le Roi Catholique veut, et suppose qu'il faut le comprendre
ainsi, que ladite propriété est cédée à
la Grande-Bretagne sans aucune juridiction territoriale et sans
aucune communication ouverte par terre avec le pays circonvoisin.
Et comme la communication par mer avec la côte d'Espagne ne peut être
ouverte ni sûre en tout temps, pouvant en résulter que les soldats
de la garnison de Gibraltar et les habitants de cette ville se voient soumis
à de grandes angoisses, la pensée du Roi Catholique étant
seulement d'empêcher, comme dit plus haut, l'introduction frauduleuse
de marchandises par voie de terre, il est accordé qu'en ces cas on
puisse acheter en argent comptant sur la terre d'Espagne circonvoisine les
provisions et autres nécessités servant aux troupes du préside,
aux habitants ou aux navires mouillant dans le port.
Mais si l'on appréhende des marchandises introduites par Gibraltar,
pour l'échange de vivres ou à une autre fin, elles seront adjugées
au fisc et, une plainte étant présentée pour cette infraction
au présent Traité, les coupables seront sévèrement
châtiés.
Et sa Majesté britannique, sur instance du Roi Catholique,
consent et convient qu'il n'est permis pour aucun motif que des juifs ou
des Maures habitent ou aient un domicile dans ladite ville de Gibraltar
ni qu'on laisse entrer ou qu'on accueille les navires de guerre maures dans
le port de ladite Ville, la communication entre l'Espagne et Ceuta pouvant
en être coupée ou les côtes espagnoles être infestées
de corsaires maures. Et des traités d'amitié, de liberté
et de fréquence commerciale existant entre les Anglais et quelques
régions de la côte d'Afrique, il faut toujours comprendre qu'on
ne peut pas refuser l'entrée dans le port de Gibraltar aux Maures et
à leurs navires qui viennent seulement commercer.
Sa Majesté la Reine de Grande-Bretagne promet aussi que sera concédée
aux habitants de ladite Ville de Gibraltar la libre pratique de la Religion
Catholique Romaine.
S'il paraissait un jour utile à la Couronne de Grande-Bretagne
de donner, vendre, aliéner d'une quelconque manière la propriété
de ladite Ville de Gibraltar, il est convenu et accordé par ce Traité
qu'on donnera à la Couronne d'Espagne la priorité sur d'autres
pour la racheter."
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