Espagne - élections européennes : socialistes favoris grâce à l'IrakSecond tour des législatives de mars, bouleversées par les attentats de Madrid
Les conservateurs du Parti populaire attribuent, eux, leur rejet dans l'opposition à la "manipulation" médiatique de l'émotion soulevée par les attentats islamistes du 11 mars (191 morts et 1.900 blessés à Madrid), trois jours avant les législatives. Un triomphe le 13 juin pourrait leur donner raison. En Espagne, les élections européennes sont donc aussi et surtout le second tour des législatives.
"La paix mérite d'être votée une et cent fois. Allez voter à nouveau le 13 (juin) pour la paix" s'écriait dimanche Zapatero au palais des sports San Pablo de Séville. La veille, à Valence, toujours aux côtés de son premier candidat européen Josep Borrell, le même Zapatero lançait: "Si j'ai été capable de ramener les troupes d'Irak, et c'était difficile, comment ne pourrais-je pas amener l'eau à Valence?" Ainsi, même l'insuffisance des nappes aquifères de la 3e ville d'Espagne et de sa région est mise à profit par les socialistes pour agiter encore l'épouvantail de la guerre en Irak. Le massacre perpétré le 11 mars à Madrid par des terroristes islamistes fut revendiqué au nom d'Al-Qaïda en représailles à l'engagement militaire espagnol en Irak décidé par les conservateurs du PP aujourd'hui dans l'opposition. Au lendemain de la victoire inattendue, trois jours après le massacre, des socialistes aux législatives, plusieurs journaux européens et américains titraient: "Al-Qaïda gagne les élections en Espagne". Zapatero et le PSOE s'insurgèrent alors contre cette interprétation, mais ils démontrent aujourd'hui qu'à leurs yeux le conflit irakien est toujours rentable électoralement. Les conservateurs, eux, ont tenté de mettre dans leur escarcelle électorale le 60e anniversaire du débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie. Les Etats-Unis ont alors sauvé l'Europe du nazisme et c'est à nouveau en alliance avec les Etats-Unis que nous pourrons vaincre aujourd'hui le terrorisme, affirmait en substance hier à Saragosse le chef du PP, Mariano Rajoy. Sous-entendu: il était juste d'épauler le combat des Américains en Irak et ramener nos troupes fut une erreur des socialistes.
Poids institutionnel de l'Espagne dans l'Union européenne (UE) Si, selon le Centre d'investigation sociologique (CIS, organisme public), 54% des Espagnols ne s'estimeraient que peu ou pas du tout intéressés par les nouvelles concernant l'Union européenne, ils seraient par contre quatre sur cinq à vouloir que leurs europarlementaires représentent "avant tout les intérêts de l'Espagne". Le slogan du PP, "Avec toi, forts en Europe" (Contigo, fuertes en Europa), s'ajuste à cette préoccupation. Son programme électoral aussi. "Nous refusons absolument de troquer plus d'Europe contre moins d'Espagne" y lit-on. Les conservateurs mettent les socialistes au défi d'obtenir pour l'Espagne, dans le projet de Constitution européenne, un poids institutionnel équivalent à celui obtenu en 2000 dans le Traité de Nice par l'ex-président du gouvernement, le conservateur José Maria Aznar, à savoir 27 voix au Conseil européen, à peine deux de moins que les quatre grands de l'UE (Allemagne, France, Grande-Bretagne et Italie). Le nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, le socialiste Miguel Angel Moratinos, prétend que l'Espagne conserverait son poids si elle obtenait, dans le système à double majorité prévu par le projet de Constitution européenne, que les décisions communautaires soient prises à la majorité de 50% des Etats et des deux tiers (66,6%) de la population des 25 membres de l'UE. La France et l'Allemagne soutiennent, elles, les pourcentages de 50 et 60% prévus par le projet constitutionnel. Ce débat institutionnel pourrait être tranché à Bruxelles les 17 et 18 juin, soit après les élections européennes. Les socialistes espagnols auront alors les mains plus libres pour accepter des concessions qui confirmeraient leur approche participative, opposée à l'approche défensive que manifeste le PP à l'égard de l'Europe. "Nous revenons en Europe" (Volvemos a Europa) dit le slogan de campagne du PSOE. "Le futur de l'Europe, c'est le futur de l'Espagne" confirme le manifeste électoral socialiste. "Pour recevoir, il faut savoir donner et l'Espagne a déjà reçu beaucoup de l'Europe" ose même dire Josep Borrell. Un garde-fou limite toutefois déjà l'excès de concessions. Tous les candidats, partis et coalitions estiment en effet que les Espagnols devraient pouvoir se prononcer par référendum sur la future Constitution européenne. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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