Al-Qaïda change l'Espagne: des attentats de Madrid au gouvernement socialiste de Zapatero (1)
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Le texte est celui du langage parlé et chaque intervention répond à l'exigence de brièveté qui caractérise l'info immédiate, souvent en direct, de l'audiovisuel. Sont inclus à la date correspondante les résultats des élections législatives espagnoles du 14 mars, gagnées à la majorité relative par les socialistes de José Luis Rodriguez Zapatero. Le retrait militaire d'Irak n'est plus une promesse, mais une décision ferme MADRID, dimanche 18 avril 2004 (LatinReporters.com) - L'Espagne est le premier pays à ordonner le retrait de ses troupes de la coalition formée par 35 nations autour des Etats-Unis en Irak. Quelque 80% des Espagnols souhaitaient le respect de cette promesse électorale socialiste qui est désormais une décision ferme. Le nouveau président du gouvernement, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, a surpris en l'annonçant aujourd'hui même, quelques heures après la prestation de serment de ses ministres. Les troupes espagnoles, a-t-il dit, "reviendront à la maison dans le délai le plus bref". Pour les experts militaires, cela signifie un à deux mois, donc avant la date butoir du 30 juin promise en campagne électorale par les socialistes de Zapatero. A cette date, "contrairement au souhait du peuple espagnol" a-t-il précisé, les Nations unies ne contrôleront pas la situation en Irak.
Qualifié par l'opposition conservatrice de "manque de solidarité qui rendra l'Espagne plus vulnérable au terrorisme", le retrait des 1.300 soldats espagnols ne sera pas décisif militairement. Mais, politiquement, on observera s'il provoque ou non au sein de la coalition un effet domino qui compliquerait la réélection du président américain George Bush. Zapatero prête serment . Huit femmes parmi les 16 ministres de son gouvernement homogène socialiste MADRID, samedi 17 avril 2004 (LatinReporters.com) - Mariage entre homosexuels, réduction du poids de la religion à l'école et promotion d'une Espagne laïque sont au programme du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. C'est néanmoins devant la Bible et un crucifix du 17e siècle, siècle encore d'Inquisition en Espagne, que Zapatero a promis loyauté à la Constitution et au roi Juan Carlos au palais royal de la Zarzuela, où le temporel côtoie encore le spirituel. Le nouveau chef de gouvernement socialiste a communiqué au roi la liste de ses 16 ministres: 8 femmes et 8 hommes, donc parité absolue. Ce gouvernement est homogène, Zapatero ne l'ouvrant pas à d'autres partis malgré sa majorité parlementaire seulement relative. Et parmi les poids lourds, deux personnalités bien connues des instances européennes. D'abord Pedro Solbes. De commissaire européen aux Affaires économiques, il redevient ministre espagnol de l'Economie et des Finances. Son orthodoxie budgétaire rassure les marchés. Puis, aux Affaires étrangères, l'architecte d'une politique plus européenne et moins atlantiste sera Miguel Angel Moratinos, ex-envoyé spécial de l'Union européenne au Proche-Orient. José Luis Rodriguez Zapatero est désormais locataire du palais présidentiel de La Moncloa. Il y est arrivé dans une nouvelle voiture, noire, officielle et surtout blindée. Car, il le soulignait lors du débat d'investiture, l'Espagne est sous la menace de deux terrorismes: le basque et "l'international", en l'occurrence l'islamiste. Zapatero investi à la majorité absolue du Congrès des députés MADRID, vendredi 16 avril 2004 (LatinReporters.com) - Il ne reste plus qu'à prêter serment devant le roi Juan Carlos. Par 183 députés, 7 de plus que la majorité absolue, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a été investi à la présidence du gouvernement espagnol, avec l'appui décisif des communistes et d'indépendantistes catalans. Confirmation attendue lors du débat d'investiture: "Nous allons sortir l'Espagne de la guerre illégale d'Irak" a dit Zapatero, si au 30 juin les Nations unies ne contrôlent pas "politiquement et militairement" le pays. Priorité néanmoins, après le massacre de Madrid, à la "lutte sans merci" contre toute forme de terrorisme, intérieur ou "international" -dans ce contexte, Zapatero préfère ne pas prononcer le mot "islamiste"- terrorisme qu'il veut combattre non par la guerre, mais par la coopération internationale des services de renseignement et la diplomatie préventive. Selon Zapatero, le terrorisme n'est que "chantage et terreur". On ne peut lui octroyer aucune justification politique. Ces propos rejettent implicitement l'offre de trêve aux pays européens qui se retireraient des "terres musulmanes", offre attribuée à Ben Laden lui-même, qui vient d'assumer pour la première fois, sur cassette audio diffusée par une télévision arabe, le massacre de Madrid sans le revendiquer explicitement. Côté Europe, la signature de la Constitution européenne, si possible à Madrid en juin, serait pour M. Zapatero "la meilleure nouvelle du 21e siècle". En politique intérieure, il a annoncé un "changement tranquille", au point de "regarder la démocratie avant la gauche". Il propose notamment une révision de la Constitution espagnole pour abolir la loi salique dans la succession au trône et, sous la pression basque et catalane, élever le statut des autonomies régionales. Massacre de Madrid commis par "une cellule locale autonome organisée en Espagne" MADRID, mercredi 14 avril 2004 (LatinReporters.com) - Le massacre de Madrid du 11 mars a été commis par "une cellule locale autonome organisée en Espagne"... C'est le point le plus inquiétant du bilan de l'enquête dressé par le ministre espagnol de l'Intérieur, Angel Acebes. Il n'a même pas cité Al-Qaïda. Le ministre, qui cédera cette semaine son portefeuille à son successeur socialiste, a admis qu'il est "difficile" de lutter contre des gens intégrés dans la société -comme le sont la plupart des immigrés maghrébins accusés du massacre- et qui soudain forment une cellule terroriste active. Tant en Espagne qu'en Europe, estime le ministre, il faudra mettre au point de nouveaux instruments de sécurité. Selon Angel Acebes, cette cellule locale agissait à trois niveaux coordonnés: idéologique, opérationnel et financier, l'argent venant du trafic de drogue. Son noyau dur serait anéanti, 19 suspects, surtout marocains, étant en prison et 7 activistes s'étant immolés à l'explosif. Néanmoins, l'enquête se dirige vers d'éventuels contacts internationaux, éventuellement au sein du Groupe islamique combattant marocain, que la ministre a cité à nouveau. La police de sept pays énumérés par Angel Acebes collabore: France, Allemagne, Royaume-Uni, Bulgarie, Tunisie, Maroc et Belgique. Au nom d'Al-Qaïda, des menaces d'autant plus inquiétantes qu'elles sont d'origine locale MADRID, vendredi 9 avril 2004 (LatinReporters.com) - "Si vous ne retirez pas vos troupes de la terre des musulmans, nous continuerons notre djihad jusqu'au martyre" clament trois Arabes armés de mitraillettes, menaçant l'Espagne au nom d'Al-Qaïda sur une cassette vidéo retrouvée dans les décombres de l'appartement où, cernés par la police, six ou sept terroristes islamistes s'étaient immolés à l'explosif samedi dernier dans la banlieue de Madrid. Selon la police, ce sont trois de ces terroristes, y compris leur chef, le Tunisien Serhane Ben Abdelmajid Fakhet, qui apparaissent sur le vidéo peu avant leur immolation. C'est l'écriture du même Tunisien qu'ont reconnue les enquêteurs sur le fax de menaces envoyé, toujours au nom d'Al-Qaïda, au journal madrilène ABC, fax qui revendiquait le massacre de Madrid du 11 mars et l'attentat frustré contre le TGV Madrid-Séville. Comme la plupart des autres islamistes morts, emprisonnés ou recherchés par la police, le Tunisien Serhane Ben Abdelmajid Fakhet aurait pu être considéré comme un immigré intégré dans la société espagnole, travaillant comme agent immobilier à Madrid, après quatre années d'études à l'Université autonome de la capitale financées par une bourse du gouvernement espagnol. Lui et ses compagnons Marocains, la plupart commerçants ou ouvriers en résidence légale -certains sont même naturalisés Espagnols- se sont radicalisés au fil des événements internationaux : conflit israélo-palestinien, Afghanistan, Irak... Sans nécessairement lui appartenir, ils ont placé leur révolte sous le signe d'Al-Qaïda, qui ne les renie pas. Une occasion de rappeler à nouveau qu'Al-Qaïda signifie "la base". Plus qu'une organisation, elle est devenue une philosophie meurtrière capable -ce serait le pire message du massacre de Madrid- d'inspirer des musulmans jusqu'à présent pacifiques et intégrés dans la vie quotidienne de pays occidentaux qu'ils vont frapper. L'Espagne menacée de devenir "un enfer" MADRID, lundi 5 avril 2004 (LatinReporters.com) - "Nous, le Bataillon de la mort, allons faire de l'Espagne un enfer où le sang coulera comme des rivières si vous ne retirez pas complètement vos troupes d'Irak et d'Afghanistan avant dimanche midi". Signé: "Abou Doujana Al Afghani - Groupe Ansar - Al-Qaïda en Europe". Une copie de ce fax manuscrit en arabe est publié aujourd'hui par le journal madrilène ABC, qui l'a reçu samedi à 18h05. L'ultimatum donné au nom d'Al-Qaïda a donc expiré hier, dimanche, à midi. Le signataire de l'ultimatum, qui revendique par ailleurs la tentative d'attentat contre le TGV Madrid-Séville, est le même que celui qui avait revendiqué la massacre de Madrid du 11 mars sur une cassette vidéo déposée dans une poubelle près de la Grande mosquée de Madrid. C'est cette revendication-là du massacre que la police estimait la plus crédible. Alors, question aujourd'hui: l'immolation hier, dans la banlieue sud de Madrid, de 4 ou 5 kamikazes islamistes et l'emprisonnement antérieur de 15 suspects, cela suffira-t-il à offrir à l'Espagne un long répit? Le suicide à l'explosif des kamikazes nourrit la psychose. "Il est difficile, sinon impossible, écrit l'éditorialiste du quotidien El Mundo, de se défendre contre ceux qui sont prêts à mourir en tuant". Une crainte partagée par la police et l'homme de la rue. La vigilance est spécialement renforcée dans les transports publics et autour des centres commerciaux. Les islamistes qui se sont immolés étaient les terroristes du massacre de Madrid et du TGV MADRID, dimanche 4 avril 2004 - 18h (LatinReporters.com) - Une phrase clé pour les Espagnols, prononcée par le ministre de l'Intérieur: "Les membres du noyau central des attentats, a-t-il dit, sont morts ou en prison". Morts en effet quatre islamistes suicidés à l'explosif pour échapper à la police. Et parmi eux, le Tunisien Serhane Ben Abdelmajid Fakhet, considéré comme le cerveau du massacre de Madrid du 11 mars. Dans les décombres de leur appartement, à Leganés, banlieue sud de Madrid, on a retrouvé 200 détonateurs et 10 kilos de dynamite dans deux sacs amorcés pour de prochains attentats. Ce matériel, affirme le ministre Angel Acebes, fait le lien avec le massacre de Madrid et la tentative d'attentat contre le TGV Madrid-Séville. Mais le ministre admet que deux ou trois terroristes ont peut-être réussi à s'échapper. La priorité est de les retrouver et de découvrir leurs connexions internationales pour prévenir de nouveaux attentats. Toutefois, le pedigree des quatre islamistes qui se sont immolés et des quinze suspects emprisonnés est celui d'immigrés ordinaires, la plupart établis légalement en Espagne depuis plusieurs années. Certains sont même naturalisés Espagnols. De quoi se souvenir qu'Al-Qaïda signifie simplement "la base". Un rappel peu rassurant. Ni la guerre ni la paix. Psychose de l'attentat
C'est la question d'Espagnols qui voient aujourd'hui à la une de leurs journaux l'immeuble de Leganés, dans la banlieue sud de Madrid, éventré par des terroristes arabes qui se sont immolés à l'explosif pour échapper à la police. L'ambiance et la situation sont atypiques. On ne peut pas parler de guerre, même si pour certains un djihad européen a commencé, mais ce n'est pas non plus la paix: -191 morts et 1.900 blessés le 11 mars dans 4 trains de banlieue de Madrid; -nouvel attentat évité de justesse vendredi contre le train à grande vitesse Madrid-Séville; -banlieue sud de Madrid bouclée hier pour tenter d'arrêter des terroristes islamistes qui se suicident à la dynamite en tuant et blessant des policiers. En outre, un communiqué de la mouvance d'Al-Qaïda menaçait dimanche dernier l'Espagne de nouvelles frappes si elle ne retire pas avant fin avril ses soldats d'Irak et d'Afghanistan... Ce n'est pas encore l'état de siège, mais jamais depuis la fin de la dictature franquiste l'armée espagnole n'a été autant associée à la sécurité intérieure. Martyrs du djihad en Europe: une redoutable première MADRID, dimanche 4 avril 2004 - 8h (LatinReporters.com) - C'est en psalmodiant des versets du Coran, si fort que les voix traversaient les murs, qu'au moins trois, peut-être quatre terroristes islamistes se sont immolés à l'explosif hier soir dans la banlieue sud de la capitale espagnole. Selon la police, ils seraient liés au massacre de Madrid du 11 mars. En se suicidant, ils ont aussi tué et détruit. Un policier est mort, onze autres sont blessés. Un immeuble de quatre étages dans un quartier habité par des familles humbles, notamment d'immigrés, est condamné à la démolition. Ces terroristes, écrit l'influent journal madrilène El Pais, sont les premiers martyrs en Europe du djihad, la guerre sainte islamiste, et une telle première inquiète les services de sécurité espagnols et européens. Car ce martyre pourrait créer un effet de contagion, d'émulation au sein de cellules islamistes en Espagne et ailleurs en Europe. Les 191 morts du massacre de Madrid furent les premières victimes de ce djihad européen, en représailles -disait un communiqué émis au nom d'Al Qaïda- à l'appui de l'Espagne à la guerre en Irak. D'autres communiqués islamistes viennent de menacer l'Espagne pour la présence aussi de ses soldats en Afghanistan. Or, même des pays européens hostiles à la guerre en Irak -tels que la France, l'Allemagne et la Belgique- ont déployé des militaires en Afghanistan. Des islamistes s'immolent à l'explosif à Madrid MADRID, dimanche 4 avril 2004 - 7h (LatinReporters.com) - Une violente explosion détruisait hier à 21h deux des quatre étages d'un immeuble de Leganés, dans la banlieue sud et ouvrière de Madrid. Trois terroristes islamistes chantant des versets du Coran, a dit le ministre espagnol de l'Intérieur, venaient de s'immoler à la dynamite pour échapper à l'assaut d'unités spéciales d'intervention de la police. Un policier a été tué par l'explosion, 11 sont blessés, dont 3 grièvement. Selon des sources policières, le cadavre d'un quatrième terroriste arabe -peut-être une femme- portant une ceinte d'explosifs intacte aurait été retrouvé à 3h30 du matin parmi les débris tombés dans la piscine de l'immeuble. C'est l'enquête sur le massacre de Madrid du 11 mars -auquel, a dit le ministre, les terroristes morts pourraient avoir participé- qui a conduit les policiers à Leganés. En cernant l'immeuble, trois heures avant l'explosion, ils avaient essuyé des coups de feu. L'immeuble et six autres avaient pu être évacués avant le drame. Au moins quinze ambulances étaient sur place. Des hélicoptères éclairaient le quartier. Il faudra des analyses d'ADN pour savoir si les terroristes déchiquetés étaient parmi les six fugitifs recherchés depuis le massacre du 11 mars. Tentative d'attentat contre le TGV Madrid-Séville . Nouvelles menaces au nom d'Al-Qaïda MADRID, vendredi 2 avril 2004 (LatinReporters.com) - Un train qui déraille à près de 300 km/h et s'écrase avec 325 passagers contre les piliers et les rampes d'accès d'un pont... Une telle catastrophe a été évitée de justesse par un vigile des chemins de fer espagnols. Il a alerté la garde civile après avoir découvert, ce matin, un câble de 136 mètres menant à 12 kg d'explosifs posés sous les rails au kilomètre 61 de la ligne du TGV Madrid-Séville. Le ministre de l'Intérieur, Angel Acebes, reconnaît que l'explosif est du type Goma 2 Eco, comme celui utilisé le 11 mars lors du massacre de Madrid. Revendiqué au nom d'islamistes d'Al-Qaïda, ce massacre fit 191 morts et 1.900 blessés dans quatre trains de banlieue. Dans la crainte d'autres bombes, la garde civile explore à pied les plus de 500 km de voies à grande vitesse reliant Madrid à Séville. Le trafic TGV -normalement un départ toutes les heures dans les deux sens- y est suspendu jusqu'à demain. Des milliers de voyageurs ratent leur début de vacances de Pâques. L'armée, la police, des véhicules blindés et 45 hélicoptères sont mobilisés pour la vigilance accélérée des principaux axes ferroviaires du pays. Cette tentative d'attentat est attribuée par des sources policières à des activistes islamistes, même si le ministre de l'Intérieur estime actuellement "précipité" de se prononcer sur l'identité des terroristes. L'Espagne, de fait, demeure dans le collimateur des islamistes. Un document attribué ce vendredi au chef d'Al-Qaïda en Arabie Saoudite désigne les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Espagne comme trois cibles principales permanentes. Et l'ambassadeur d'Espagne au Caire, Pedro Lopez de Aguirrebengoa, vient de confirmer à l'agence espagnole EFE avoir reçu dimanche dernier de nouvelles menaces de la brigade islamiste Abou Hafs El Masri, qui avait déjà revendiqué le massacre de Madrid. La brigade prétend qu'elle frappera à nouveau les intérêts espagnols si l'Espagne ne retire pas avant fin avril ses troupes non seulement d'Irak, mais aussi d'Afghanistan. Mandat d'arrêt international contre six suspects - Faux passeport belge MADRID, jeudi 1er avril 2004 (LatinReporters.com) - Outre l'interpellation, depuis le massacre de Madrid du 11 mars, de 24 suspects -19 sont en prison- la justice espagnole vient de lancer six premiers mandats d'arrêt internationaux contre cinq Marocains et un Tunisien. Ce dernier, Serhane Ben Abdelmajid Fakhet, 35 ans, est présenté sur les copies des mandats placardées au tribunal comme l'instigateur et le coordinateur du massacre de Madrid. Agent immobilier dans la capitale espagnole, il y résidait légalement, comme la plupart des détenus et des autres fugitifs recherchés. L'un de ces fugitifs, le marocain Jamal Ahmidan -alias "le Chinois" vu ses yeux légèrement bridés- est accusé sur le mandat le concernant d'avoir utilisé un faux passeport belge -au nom de Youssef Ben Salah, prétendu Egyptien naturalisé- pour louer à 30 km de Madrid la maison de campagne où les terroristes concoctèrent les sacs bourrés d'explosifs qui ont massacré le 11 mars 191 voyageurs dans quatre trains de banlieue. La police tente d'établir les liens éventuels des détenus et des fugitifs avec la mouvance d'Al-Qaïda, en particulier avec le GICM, le Groupe islamique combattant marocain, fondé par d'anciens moudjahidines d'Afghanistan. Des sources policières admettent que le GICM puisse compter en Espagne de 300 à 400 sympathisants ou activistes potentiels, membres ou non de cellules "dormantes". Piège irakien tendu aux socialistes par Aznar MADRID, mardi 30 mars 2004 (LatinReporters.com) - Cent soixante soldats espagnols bloqués hier neuf heures durant à Saragosse, au pied de l'avion qui les a finalement emmenés en Irak via le Koweit. Ce blocage très médiatisé était ordonné par José Maria Aznar, président pour 15 jours encore du gouvernement conservateur espagnol. Motif: il exigeait l'aval écrit du vainqueur des élections législatives du 14 mars, le socialiste Zapatero, à cette opération de relève partielle du contingent militaire espagnol en Irak. Sous la pression des médias, les télévisions montrant à l'aéroport de Saragosse les soldats surpris par le retard de leur embarquement, José Luis Rodriguez Zapatero a adressé à M. Aznar un écrit acceptant l'envol de la troupe, et même l'exigeant au nom du droit des soldats à être relevés. Faute de quoi, ajoutait M. Zapatero, le gouvernement devrait procéder de manière urgente au retour définitif des 1.300 militaires espagnols déployés en Irak. Les soldats se sont donc envolés avec l'aval de M. Zapatero. Conséquence: voilà les socialistes coresponsabilisés, fût-ce très partiellement, de la présence des troupes espagnoles en Irak, alors qu'ils ont promis de les retirer si la transition irakienne n'est pas confiée aux Nations Unies au plus tard le 30 juin. Les observateurs estiment que M. Aznar a tendu aux socialistes le piège irakien afin d'éroder leur crédibilité avant même qu'ils n'assument le pouvoir. Mais il est vrai que depuis leur victoire électorale du 14 mars, les socialistes avaient invité le gouvernement sortant à les consulter sur toute décision allant au-delà de la gestion des affaires courantes. Drôle d'ambiance donc en Espagne en cette période de relève à la fois gouvernementale et idéologique.. Revanche du PP d'Aznar aux européennes? MADRID / BRUXELLES, vendredi 26 mars 2004 (LatinReporters.com) - Plusieurs chefs de gouvernement conservateurs venus à Bruxelles pour le sommet européen de printemps poussent José Maria Aznar à prendre la tête de liste de son Parti populaire, le PP, aux élections européennes de juin. Loyola de Palacio, vice-présidente de la Commission européenne, l'a confirmé en direct de Bruxelles à la Radio nationale espagnole. Et le secrétaire général du Parti populaire européen, Antonio Lopez Isturiz, a cité à cet égard à la chaîne de radio privée espagnole Cope le premier ministre italien Silvio Berlusconi et ses pairs d'Autriche, de Grèce, de Croatie et de Slovaquie. A l'issue du sommet de Bruxelles, M. Aznar a déclaré à la presse n'avoir "ni l'intention ni l'envie" de prendre la tête d'une liste électorale quelconque. En politique, un non n'est jamais définitif. Mais même sans revirement de José Maria Aznar, qui avait annoncé sa retraite politique avant la défaite de son parti aux législatives du 14 mars gagnées par les socialistes, les européennes du 13 juin sont déjà perçues par le PP comme l'occasion d'une revanche, d'un second tour des législatives. Selon les partisans de M. Aznar, un triomphe aux européennes laverait son image ternie par les accusations de manipulation de l'opinion après le massacre terroriste du 11 mars à Madrid. En outre, une victoire en juin du PP, conduit ou non par José Maria Aznar, lui permettrait de contester durablement la légitimité de la victoire surprise des socialistes aux législatives, victoire attribuée par M. Aznar lui-même à une "violation intéressée du deuil" après le massacre du 11 mars. Des empreintes digitales accuseraient deux Marocains détenus MADRID, mercredi 24 mars 2004 (LatinReporters.com) - La découverte d'empreintes digitales prouverait la participation de deux détenus marocains au massacre de Madrid, à en croire des sources policières citées par les médias espagnols. Les empreintes de Jamal Zougam auraient été détectées dans la fourgonnette volée qui avait transporté les explosifs et qu'on avait retrouvée le jour même du massacre près de la gare d'Alcala de Henares, d'où étaient partis les trains de banlieue piégés à l'explosif. Et sur l'un des sacs de voyage piégés, qui par miracle n'a pas explosé, apparaîtraient les empreintes digitales du Marocain Abderrahim Zbakh, licencié en chimie de l'université de Tétouan. Il est suspecté de la confection de tous les sacs piégés. On sait que 10 sacs ont explosé dans 4 trains, faisant 190 morts et près de 1.900 blessés. Jamal et Abderrahim auraient en plus été vus dans les wagons avant les explosions. Au total, 13 personnes -10 Marocains, 2 Indiens et un Espagnol- sont détenus actuellement en relation avec le massacre de Madrid. De vieilles enquêtes non nécessairement liées au massacre, mais concernant aussi des activistes supposés d'Al Qaïda sont par ailleurs réactivées. Elles expliquent l'arrestation, aujourd'hui en Catalogne, de quatre Algériens déjà soupçonnés l'an dernier de disposer de produits permettant de fabriquer du "napalm domestique". Funérailles d'Etat des victimes dans une capìtale "blindée" par la police MADRID, mercredi 24 mars 2004 (LatinReporters.com) - Madrid a été aujourd'hui la capitale mondiale de la solidarité avec les victimes du terrorisme. Pour les funérailles dites d'Etat des 190 tués dans les trains piégés à l'explosif, plus de mille personnalités de 50 pays se sont recueillies dans la cathédrale madrilène de l'Almudena: famille royale et gouvernement espagnols, Tony Blair, Jacques Chirac, Colin Powell, Gerhard Schröder, Romano Prodi, les princes Charles d'Angleterre et Philippe de Belgique, la gouverneure générale du Canada Adrienne Clarkson et beaucoup d'autres, dont le prince Moulay Rachid du Maroc. On sait que des islamistes marocains sont soupçonnés d'avoir organisé la massacre, en représailles au soutien de l'Espagne à la guerre en Irak. Quelques 500 parents des victimes occupaient la nef centrale: faciles à reconnaître, à la fois à leurs pleurs, à leurs vêtements plus simples, à leu visage buriné par une vie de labeur, car les trains piégés par les terroristes venaient d'une banlieue ouvrière et d'immigrés. Dans son homélie, l'archevêque de Madrid, Mgr Rouco Varela, leur a demandé de répondre à la haine par "le pouvoir fascinant de l'amour", en trouvant la force du pardon. Ce ne sera pas facile. Preuve en est qu'en début de cérémonie un père en deuil a lancé au président du gouvernement espagnol: "Monsieur Aznar, je vous rends responsable de la mort de mon fils". La reine Sophie d'Espagne n'a pu retenir ses larmes. A la fin de cérémonie, avant de sortir de la cathédrale, elle et le roi Juan Carlos ont salué un par un tous les parents des victimes. Les accès à la cathédrale de l'Almudena, voisine du palais royal, étaient bouclés à un km à la ronde par la police. "Madrid est blindée" affirmait le préfet de la capitale. La chaîne publique TeleMadrid y a vu un "banc d'essai" sécuritaire en vue des noces, le 22 mai, du prince héritier Felipe et de l'ex-journaliste Letizia Ortiz, qui s'uniront dans la même cathédrale de l'Almudena. Le déploiement policier s'étendait aux aéroports civil et militaire de Madrid, lieux d'arrivée et de départ des personnalités étrangères. D'où la congestion des accès Est de Madrid. Les banlieusards de cette zone étaient invités à délaisser l'automobile au profit des trains de banlieue, ...sur la même ligne que ceux éventrés par les bombes le 11 mars. Polémique religieuse avant les funérailles d'Etat des victimes Madrid, mercredi 24 mars 2004 (LatinReporters.com) - "Les morts sont de toutes les religions ou d'aucune" s'exclame Mariano Blazquez, secrétaire de la Fédération des communautés protestantes d'Espagne. Il a envoyé au gouvernement de M. Aznar une lettre signée aussi par les responsables des communautés musulmanes et juives, s'indignant de monopole de l'Eglise catholique sur les funérailles, ce midi dans la cathédrale de l'Almudena, des 190 tués -de 15 nationalités différentes- du massacre terroriste de Madrid. Le quart des tués sont des étrangers, dont des orthodoxes d'Europe de l'Est et des musulmans marocains. En outre, parmi les morts espagnols, il y avait une minorité de juifs, de protestants et d'athées. "Il est lamentable, insiste Mariano Blazquez, que l'Etat espagnol qui se dit non confessionnel organise des funérailles catholiques". Des journaux rappellent qu'après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et, il y a quelques jours, au Maroc, en hommage aux victimes de Madrid, les cérémonies étaient œcuméniques. Visant le gouvernement, l'éditorial du journal catalan El Periodico a pour titre "Funérailles sans tact". Pour l'instant, nul ne s'en prend, contrairement à d'autres occasions, à la famille royale espagnole qui préside aux funérailles et qui associe souvent l'Eglise à de grands événements publics. Bilan des victimes ramené de 202 à 190 tués, dont un quart d'étrangers MADRID, mardi 23 mars 2004 (LatinReporters.com) - Les médecins légistes et la police scientifique ont revu à la baisse le bilan du massacre de Madrid. Officiellement, on ne parle plus de 202, mais de 190 tués. La correction s'explique par la conviction que des restes humains qu'on attribuait à des victimes non identifiées appartiendraient en fait aux morts déjà comptabilisés et aux blessés mutilés. Les blessés sont au nombre de 1.899. Et parmi les 190 tués, un quart d'étrangers, 47 exactement, essentiellement des immigrés d'Europe de l'Est -26- et d'Amérique latine -16- ainsi que 3 Marocains, un Africain de Guinée équatoriale et une Française. La proportion d'étrangers parmi les blessés est quasi similaire. La ligne venant d'Alcala de Henares sur laquelle quatre trains de banlieue ont été éventrés par dix bombes terroristes dessert, à l'Est de Madrid, des zones populaires habitées par de nombreux immigrés réguliers ou clandestins. Le gouvernement a promis la régularisation de séjour ou la naturalisation aux victimes étrangères et à leurs parents au premier degré qui en feraient la demande. Retirer les troupes d'Irak serait céder aux terrorisme, selon Aznar.
Sur la chaîne privée TeleCinco, dans sa première interview après le massacre de Madrid et la défaite électorale de son parti, José Maria Aznar, encore président du gouvernement espagnol jusqu'à la fin avril, tire ainsi à boulets rouges contre la décision de son successeur socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, de ramener les troupes espagnoles d'Irak si au 30 juin les Nations Unies ne dirigent pas, politiquement et militairement, la transition à Bagdad. Le Britannique Tony Blair et l'Américain Colin Powell tiendront sans doute un langage proche de celui de M. Aznar lors de leur rencontre avec M. Rodriguez Zapatero, en marge des funérailles officielles, demain, des 202 victimes mortelles du massacre de Madrid, revendiqué au nom d'Al-Qaïda. Mais les socialistes espagnols affirment ne pas céder au terrorisme. Le retrait militaire d'Irak, rappellent-ils, était depuis longtemps une promesse électorale. En outre, il n'aura pas lieu si les Nations Unies rétablissent une légalité internationale en Irak, comme cela a été fait en Afghanistan, pays où l'Espagne socialiste accepterait même, pour combattre le terrorisme islamiste, d'accroître sa participation militaire. 1er anniversaire guerre Irak - 300.000 Espagnols dans la rue MADRID, samedi 23 mars 2004 (LatinReporters.com) - "No a la guerra"... Dans 51 villes , quelque 300.000 Espagnols ont manifesté. A Madrid, ville martyre, sous le choc du massacre terroriste du 11 mars, la pancarte qui ouvrait le cortège disait "Fin de l'occupation de l'Irak. Retrait des troupes. Non à la guerre. Oui à la paix". Et à Barcelone, qui une fois de plus a réuni le plus gand nombre de manifestants -150.000 selon la mairie- on lisait "Avec les victimes de Madrid, de Bagdad et de Palestine. Les troupes et les entreprises hors d'Irak". A l'exception du Parti populaire gouvernemental de M. Aznar, toutes les formations politiques, y compris les socialistes -vainqueurs des législatives dimanche dernier- ont participé aux manifestations. Certes, la mobilisation était dix fois moindre que l'an dernier -à peine 30 à 40.000 manifestants à Madrid- mais les pacifistes espagnols ont déjà gagné, puisque le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero assumera la présidence du gouvernement fin avril et il retirera d'Irak les 1.300 soldats espagnols si au 30 juin les Nations Unies ne commandent pas à Bagdad. "Madrid est aujourd'hui la capitale morale de l'Europe" a clamé aux manifestants le prix Nobel de littérature José Saramago. Premières inculpations MADRID, vendredi 19 mars 2004 (LatinReporters.com) - Les trois Marocains et les deux Indiens arrêtés samedi sont les premiers inculpés -mais provisoirement; on dit "imputés" en Espagne- en relation avec le massacre de Madrid du 11 mars. Après les avoir interrogés toute la nuit, un juge de l'Audience nationale a ordonné leur incarcération à la prison de Soto del Real, à une trentaine de km au nord de la capitale. Les trois Marocains sont accusés -non définitivement, insistons sur cette particularité de la justice espagnole- d'appartenance à organisation terroriste et de 190 assassinats. Ce chiffre ne correspond pas au bilan officiel de 202 morts du massacre, car les cadavres n'ont pas été tous identifiés. Ils sont aussi accusés de 1.400 tentatives d'assassinats -une référence au nombre de blessés, quoiqu'inférieure aussi au chiffre officiel- ainsi que de quatre délits de violence destructrice -les bombes avaient en effet explosé dans quatre trains- et de vol de véhicule. Quant aux deux Indiens, ils sont accusés de collaboration avec organisation terroriste et de faux et usage de faux. Les cinq prévenus ont tous nié. Ils prétendent qu'ils dormaient au moment du massacre. En larmes à la fin de son interrogatoire, le principal suspect, le Marocain Jamal Zougam, a reconnu connaître le chef présumé -emprisonné depuis fin 2001- d'une cellule espagnole démantelée d'Al-Qaïda. Arrêtés hier, quatre autres Marocains et un Espagnol -d'origine marocaine selon divers médias- seront à leur tour entendus lundi par le juge d'instruction. Ce vendredi, jour de prière des musulmans, les 45 mosquées d'Espagne sont protégées par la police. Groupe islamique combattant marocain MADRID, jeudi 18 mars 2004 (LatinReporters.com) - La police espagnole privilégie la piste du Groupe islamique combattant marocain, le GICM, fondé par des anciens de la guerre d'Afghanistan et intégré dans la nébuleuse d'Al-Qaïda. Parmi les dix détenus soupçonnés d'être impliqués dans le massacre de Madrid, tous Maghrébins sauf deux Indiens, la police croit que plusieurs pourraient être liés aux attentats antioccidentaux qui ont fait 45 morts en mai 2003 à Casablanca. Par ailleurs, le nouvel interrogatoire, aujourd'hui devant un juge de Madrid, d'islamistes incarcérés depuis deux ans ou plus en Espagne pour leur implication supposée dans les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, fait penser que c'est peut-être à Madrid que la justice mettra à jour le lien commun entre les principaux attentats revendiqués au nom d'Al-Qaïda. Enfin, dans un geste sans précédent et pour prouver, dit-il, son honorabilité, le gouvernement espagnol -accusé d'avoir voulu tromper à des fins électorales l'opinion publique sur la marche de l'enquête- a annoncé qu'il déclassifiait des rapports de ses services secrets sur le massacre du 11 mars. Une semaine après le massacre, les Madrilènes traumatisés MADRID, jeudi 18 mars 2004 (LatinReporters.com) - Santa Eugenia, El Pozo et surtout Atocha... Avant de prendre le train aujourd'hui dans ces trois gares martyres, une semaine après le massacre de Madrid, de nombreux voyageurs déposent encore des fleurs, un message ou une bougie qu'ils allument, au point qu'Atocha a l'allure d'un temple du souvenir. Cent mille banlieusards de moins en moyenne chaque jour dans les trains. On prend davantage le bus, le métro ou son automobile. Ceux qui ont pris le train aujourd'hui soulignent le silence et le regard triste ou absent des voyageurs. Depuis le jour du massacre, la clientèle des théâtres, bars, restaurants et cinémas a chuté de quelque 50%. Les films violents font la plus mauvaise recette. Des sacs qui paraissent abandonnés provoquent panique et fausses alarmes. Frappés d'insomnie et d'angoisse, 15.000 Madrilènes ont fait appel à des psychologues. Parmi les 201 morts et les 1.500 blessés, plus de 20% sont étrangers, surtout Roumains et Equatoriens. Plusieurs centaines de leurs proches ont sollicité la naturalisation ou la régularisation de séjour promises par le gouvernement espagnol. Rumeurs folles MADRID, mercredi 17 mars 2004 (LatinReporters.com) - L'Espagne a-t-elle frôlé un coup d'Etat à la veille des élections gagnées dimanche par les socialistes? Question apparemment d'un autre siècle. Mais hier soir à Madrid, présentant son dernier film "La mauvaise éducation" -qui ouvrira le Festival de Cannes- l'illustre cinéaste Pedro Almodovar laissait la presse bouche bée en déclarant textuellement "Une rumeur terrifiante parle d'un coup d'Etat qui était préparé samedi soir par le Parti populaire", donc le parti du chef du gouvernement sortant, José Maria Aznar. Emotion aujourd'hui des médias audiovisuels espagnols, à la recherche de l'origine de l'étonnante rumeur: un "chat" sur Internet. Un internaute y affirme, sans preuves, que pressentant la défaite électorale après l'émotion surgie du massacre terroriste dans les trains de banlieue de Madrid, le gouvernement aurait proposé au roi Juan Carlos de signer deux décrets: l'un instaurant l'état d'exception, l'autre reportant les élections. Le roi aurait refusé, qualifiant la manœuvre de tentative de coup d'Etat. Le Parti populaire se dit indigné par ce "mensonge colossal" -considéré d'ailleurs comme tel par tous les médias- mais dont la résonance témoigne d'un climat d'autant plus délétère que des personnalités fidèles à M. Aznar et même la ministre sortante de l'Education, Pilar del Castillo, contestent la légitimité de la victoire électorale socialiste en l'attribuant à la manipulation de l'émotion soulevée par le massacre du 11 mars. Armes d'intoxication massive MADRID, mardi 16 mars 2004 (LatinReporters.com) - L'Espagne découvre ses armes ...d'intoxication massive. Le directeur du quotidien catalan El Periodico affirme que lui-même et plusieurs autres directeurs de journaux ont été contactés peu après le massacre de Madrid par José Maria Aznar, le chef du gouvernement se faisant l'avocat de la piste des indépendantistes basques de l'ETA, moins gênante sur le plan électoral que la piste du terrorisme islamiste. La thèse probable d'un attentat islamiste, revendiqué de fait au nom d'Al-Qaïda, a remis au premier plan avant le scrutin législatif d'avant hier, gagné contre toute attente par l'opposition socialiste, le soutien impopulaire de M. Aznar à la guerre en Irak. Au sein de grands médias publics, Radio et Télévision nationales espagnoles, Télé Madrid et Agence de presse EFE, des journalistes et des syndicats dénoncent aussi l'interventionnisme officiel, avant les législatives de dimanche, pour désigner les Basques de l'ETA plutôt que des radicaux islamistes comme auteurs du massacre. Même le Cercle des correspondants étrangers proteste contre ce qu'il qualifie de "pressions" de fonctionnaires de M. Aznar pour que les indépendantistes basques soient désignés dans les médias internationaux comme les coupables de la tuerie à l'explosif dans les trains de banlieue. Quant à la ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio, elle avait envoyé aux ambassadeurs d'Espagne dans le monde une circulaire les priant d'accuser l'ETA. L'intoxication atteignait un sommet historique lorsque le Conseil de sécurité des Nations Unies, à l'instance de l'Espagne, condamnait explicitement l'ETA quelques heures après le massacre. Après la victoire électorale socialiste, virage en politique extérieure MADRID, mardi 16 mars 2004 (LatinReporters.com) - George Bush et Tony Blair ont félicité par téléphone José Luis Rodriguez Zapatero. L'Américain et le Britannique en ont profité pour rappeler au vainqueur socialiste des élections législatives espagnoles d'hier la nécessité de lutter contre le terrorisme international. On peut y voir une première réaction inquiète à l'annonce, par Zapatero, du retrait des 1.300 militaires espagnols déployés en Irak. Ils reviendront "à la maison" a dit le leader socialiste, si au 30 juin un rôle prépondérant n'est pas confié aux Nations Unies à Bagdad. En attendant de former en avril un gouvernement qui sera homogène socialiste, Zapatero considère certes la lutte contre le terrorisme comme une priorité, mais pas, précise-t-il, au prix d'une "guerre injuste basée sur des mensonges" et, sur ce point, il invite George Bush et Tony Blair à faire leur "autocritique". Zapatero veut aussi "accélérer dès que possible la Constitution de l'Union européenne", paralysée, on le sait, par Madrid et Varsovie. "L'Europe, l'Amérique latine et la Méditerranée" seront les priorités extérieures de l'Espagne socialiste. La victoire des socialistes aux législatives remet en question le néocentralisme MADRID, mardi 16 mars 2004 (LatinReporters.com) - En politique intérieure, le vainqueur socialiste des élections législatives, José Luis Rodriguez Zapatero, rompt avec le néocentralisme de José Maria Aznar. Zapatero va convoquer une conférence des présidents des 17 régions autonomes espagnoles pour réétudier et moderniser le modèle territorial, compte tenu, notamment, de l'évolution de l'Union européenne. Le leader socialiste s'est déjà entretenu avec le président de l'exécutif basque, Juan José Ibarretxe, que M. Aznar ignorait depuis plus d'un an. Les nationalistes dits "modérés" au pouvoir au Pays basque revendiquent la voie de la souveraineté association, celle que suivent au Canada, jusqu'à présent sans succès, les indépendantistes québecquois. Cela, Zapatero ne l'accepte pas. Quant aux indépendantistes radicaux -mais non violents- de Catalogne, qui gèrent leur région avec les socialistes et qui ont multiplié par huit, avant hier, leur représentation aux Cortes de Madrid, ils veulent aussi élargir l'autonomie de la Catalogne, ne cachant même pas leur souhait d'en faire une "république libre". Près de 30 ans après la mort de Franco et la démocratisation de l'Espagne, le dossier des nationalismes, envenimé par le terrorisme des Basques de l'ETA, reste donc brûlant. Il sera le principal casse-tête de Zapatero, comme il fut celui de tous ceux qui se sont succédé aux commandes de la nouvelle Espagne démocratique. Zapatero devrait être d'autant plus enclin au dialogue que sa majorité parlementaire n'est que relative et que l'appui d'élus nationalistes basques et catalans lui sera parfois précieux aux Cortes. José Luis Rodriguez Zapatero, vainqueur socialiste des législatives - Portrait
Il met fin à huit ans d'opposition du PSOE, le Parti socialiste ouvrier espagnol. Un beau cadeau pour le 125e anniversaire du parti. Désormais, Zapatero se fera écouter par les vieux barons rouges, qui ne voyaient en lui qu'un imitateur appliqué et trop tendre (au point de le surnommer "Bambi") de Felipe Gonzalez. Père de deux fillettes, avocat de formation, lui-même fils d'un avocat de Leon, en Vieille Castille, Zapatero n'a été que brièvement professeur de droit constitutionnel. Sa vie, c'est la politique. A 26 ans, il était le plus jeune député d'Espagne. Un bon tremplin pour sa série vertigineuse de victoires au sein de congrès du PSOE. Il y prenait le pouvoir il y a quatre ans, après une défaite historique, par son ampleur, des socialistes face au Parti populaire de M. Aznar. Pragmatique, social-démocrate, adepte de la 3e voie de Tony Blair -mais pas de la guerre en Irak- l'élégant Zapatero garde une sympathie pour la gauche classique. Son grand-père, capitaine de l'armée républicaine, avait été fusillé par les franquistes en 1936, au début de la guerre civile. Zapatero confirme qu'il retirera les soldats espagnols d'Irak, sauf si... MADRID, lundi 15 mars 2004 (LatinReporters.com) - Dans sa première interview au lendemain de sa victoire aux législatives, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero vient de confirmer l'une de ses principales promesses électorales: les 1.300 militaires espagnols qui participent actuellement à l'occupation de l'Irak vont rentrer, dit-il, "à la maison" avant le 30 juin , sauf "élément neuf peu probable". Et l'élément neuf, il l'avait dit en campagne électorale, serait que la légalité internationale soit rétablie en Irak en y confiant l'administration et le maintien de l'ordre aux Nations Unies. C'est donc la fin de l'alliance privilégiée entre Madrid et George Bush. "On ne peut pas bombarder un peuple juste au cas où ni organiser des guerres avec des mensonges" dit Zapatero à la chaîne de radio privée Cadena Ser. Il va jusqu'à souhaiter que son retournement ait un impact sur l'élection présidentielle américaine de novembre. Lors d'un meeting électoral, ici en Espagne, Zapatero avait pris parti pour l'adversaire démocrate de George Bush en s'écriant "John Kerry, le monde a besoin de toi"... Victoire surprise des socialistes aux élections législatives - Première analyse MADRID, lundi 15 mars 2004 (LatinReporters.com) - La victoire surprise aux législatives, hier, du Parti socialiste ouvrier espagnol, le PSOE de José Luis Rodriguez Zapatero, survient trois jours après le massacre terroriste de Madrid revendiqué au nom d'Al-Qaïda en représailles à l'appui du gouvernement conservateur de José Maria Aznar aux Etats-Unis et à la guerre en Irak. D'où une première question: la victoire socialiste est-elle une victoire d'Al-Qaïda? Certes, la tuerie de jeudi dernier dans quatre trains de banlieue madrilènes a poussé en masse les Espagnols aux urnes et, en Espagne, on considère depuis près de trente ans, depuis la fin de la dictature franquiste, qu'une forte participation favorise l'opposition, en particulier lorsqu'elle est de gauche. Il est vrai aussi qu'au-delà de l'émotion et de la forte participation, la revendication du massacre au nom d'Al-Qaïda a remis la guerre d'Irak au centre de l'enjeu électoral , alors que, selon les sondages, quelque 90% des Espagnols étaient hostiles à cette guerre au moment où elle avait éclaté. Néanmoins, affirmer que la victoire des socialistes du PSOE est une victoire d'Al-Qaïda est un raccourci faisant fi des circonstances particulières qui ont entouré les élections législatives. D'abord, la victoire socialiste est avant tout une défaite de M. Aznar. Son engagement quasi personnel aux côtés des Etats-Unis en Irak n'a jamais été assumé par la majorité des Espagnols. Et puis, même des Espagnols qui admettaient la présence de militaires espagnols en Irak ont été ,écœurés à la veille des législatives, par la manipulation l'enquête et des 200 morts du massacre de Madrid, le gouvernement de M. Aznar ne cessant d'accuser les indépendantistes basques de l'ETA tout en sachant que des indices concrets désignaient depuis le premier jour le terrorisme islamiste. Et puis, qu'il s'agisse de Basques ou d'islamistes, la tuerie de Madrid venait de faire voler en éclats l'un des axes principaux de la campagne électorale du Parti populaire de M. Aznar, à savoir son efficacité supposée contre le terrorisme. Quant aux conséquences probables de la victoire socialiste, il faut souligner d'emblée que le contingent militaire espagnol devrait être ramené d'Irak si au 30 juin les Nations Unies ne jouent pas un rôle déterminant à Bagdad. C'est du moins une promesse électorale de Zapatero. Cela sonnera la fin de l'alliance privilégiée entre Madrid et George Bush. Et sur le plan européen, l'Espagne socialiste devrait se rapprocher de l'axe franco-allemand dédaigné par José Maria Aznar, ce qui pourrait débloquer le projet de Constitution européenne, paralysé actuellement par l'Espagne et la Pologne. En somme -et en reprenant la distinction polémique entre "vieille" et "nouvelle" Europe faite par le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld- un rééquilibrage va s'opérer au profit de cette "vieille" Europe qui regroupe, France et Allemagne en tête, des pays réticents à l'interventionnisme militaire tous azimuts des Etats-Unis. Résultats officiels des élections législatives du 14 mars 2004 (Cliquer sur le titre) Page officielle du ministère de l'Intérieur permettant de comparer les résultats des élections législatives de 2004 et de 2000. La colonne "Dip." donne le nombre de députés pour chaque parti. Le Congrès des députés compte 350 sièges. La majorité absolue est donc de 176 élus. Aucun parti ne l'a obtenue. Sigles des partis ayant une représentation parlementaire -PSOE = Parti socialiste ouvrier espagnol. (Secrétaire général: José Luis Rodriguez Zapatero) -PP = Parti populaire (Président: José Maria Aznar; secrétaire général: Mariano Rajoy) -CiU = Convergence et Union (nationalistes catalans) -ERC = Gauche républicaine catalane (indépendantistes non violents) -EAJ-PNV = Parti nationaliste basque -IU = Gauche unie (postcommunistes) -CC = Coalition des Canaries -BNG = Bloc nationaliste galicien -CHA = Chunta Aragonesista (régionalistes aragonais) -EA = Eusko Alkartasuna (nationalistes basques) -Na-Bai = Nafarroa-Bai (nationalistes basques de la Navarre) Premières arrestations liées au massacre - Manifestations contre le PP MADRID, samedi 13 mars 2004 - 21h LatinReporters.com) - Trois Marocains et deux Indiens, peut-être liés à des groupes extrémistes marocains a annoncé le ministre de l'Intérieur: ce sont les premiers détenus en relation avec le massacre à l'explosif d'avant hier dans quatre trains de banlieue. Deux Espagnols également d'origine indienne sont par ailleurs interrogés par la police. Les détenus, a précisé le ministre Angel Acebes, sont accusés de "la vente et la falsification d'un téléphone portable et de sa puce". Ce téléphone devait faire détoner l'explosif d'un sac de voyage retrouvé par miracle intact dans un des trains éventrés. L'opération policière n'est pas close, a poursuivi le ministre, qui s'est refusé à écarter totalement la piste des indépendantistes basques de l'ETA, même si les arrestations annoncées semblent liées au terrorisme islamiste. L'annonce des premières arrestations est peut-être liée à une soudaine pression de la rue. Depuis le début de la soirée, des milliers de manifestants réclamant la vérité sur les auteurs du massacre protestent au cri de "Manipulation!" devant les sièges du Parti populaire, le PP gouvernemental, à Madrid et dans une dizaine d'autres villes espagnoles. La tête de liste du PP aux législatives de demain, Mariano Rajoy, vient de dénoncer à la télévision nationale cette "pression intolérable et illégale" sur la liberté de vote que constitueraient selon lui ces manifestations inattendues convoquées par messages sur téléphones portables. Vous pouvez réagir à ce dossier sur notre forum
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