Dossier de 6 semaines dramatiques: massacre, élections, funérailles, psychose, nouveau gouvernement, retrait militaire d'Irak
Al-Qaïda change l'Espagne: des attentats de Madrid au gouvernement socialiste de Zapatero (2)
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Manifestation contre le parti d'Aznar, soupçonné de manipuler l'information sur le massacre
MADRID, samedi 13 mars 2004 - 19h (LatinReporters.com)
- "C'est votre guerre, mais ce sont nos morts", "Qui est-ce?" (l'auteur
du massacre), "Manipulation!"... Entourés de policiers anti-émeutes,
au moins un millier de manifestants, mais leur nombre ne cesse de croître,
protestent à grands cris depuis moins d'une heure au centre de
Madrid devant le siège national du Parti populaire, le PP gouvernemental
de José Maria Aznar.
Apparemment convoqués par messages sur téléphones
portables et sans se revendiquer d'aucun parti, les manifestants s'en
prennent à la gestion officielle de l'information sur le massacre
dans les trains de banlieue de Madrid.
Le gouvernement accuse les indépendantistes basques de
l'ETA, mais la principale radio privée espagnole, la Cadena Ser,
attribue aux services secrets la conviction que la tuerie a été
perpétrée par des terroristes islamistes.
Selon les manifestants, les 200 morts de ce massacre sont le prix
que paye l'Espagne pour l'appui impopulaire de M. Aznar à la
guerre en Irak. Une revendication à un journal arabe au nom d'Al-Qaïda
présente le massacre comme perpétré en représailles
à l'appui de Madrid à cette guerre.
La piste islamiste "à 99%"
MADRID, samedi 13 mars 2004 - 18h (LatinReporters.com)
- Les services secrets espagnols considèrent probable "à
99%" la responsabilité de terroristes islamistes dans le massacre
de Madrid et le gouvernement de M. Aznar le sait, affirme la principale
radio privée espagnole, la Cadena Ser.
Elle cite des sources de la sécurité de l'Etat
et du Centre national de renseignement. La même radio avait révélé
la récupération, confirmée ensuite par le ministre
de l'Intérieur, d'un sac de voyage intact bourré d'explosif,
qui par miracle n'avait pas détoné comme prévu
par les terroristes dans les trains de la mort de Madrid.
Toujours selon la Cadena Ser, l'examen de ce sac piégé
aurait convaincu les services secrets que les indépendantistes
basques de l'ETA sont étrangers au massacre.
Le carnage aurait été organisé par un commando
de 10 à 15 hommes, aussi minutieusement que les attentats du 11
septembre 2001 aux Etats-Unis. Quatre avions de ligne avaient alors été
détournés à l'heure de pointe du matin. Presqu'
à la même à Madrid, le 11 mars, avant-hier, des explosions
éventraient quatre trains.
Lors de son dernier point de presse, le ministre espagnol de
l'Intérieur, Angel Acebes, vient néanmoins de désigner
à nouveau les Basques de l'ETA comme les suspects nº1, mais
en reconnaissant que la police examine aussi la piste islamiste.
"Journée de réflexion" dominée par
le deuil et par la question "Qui?"
MADRID, samedi 13 mars 2004 - 13h (LatinReporters.com) - Ce troisième
jour de deuil officiel en Espagne aurait dû être aussi la
traditionnelle journée dite de réflexion à la veille
d'élections législatives.
Mais les Espagnols et en particulier les Madrilènes vivent
aujourd'hui au rythme des messes de funérailles et des enterrements
ou incinérations. Un dernier décès vient d'élever
à 200 le nombre de tués par les explosions dans les trains
de la mort et 289 des quelque 1.400 blessés sont encore hospitalisés,
18 dans un état critique.
La réflexion ne porte plus sur les programmes des partis.
Elle est dominée par la question "Qui? Qui a perpétré
ce massacre?" L'opposition de gauche et les nationalistes basques et
catalans accusent le gouvernement de privilégier la piste des
séparatistes basques de l'ETA, malgré des indices orientés
vers le terrorisme islamiste, afin d'engranger le vote de l'émotion
et de la colère, car le Parti populaire de M. Aznar avait précisément
axé sa campagne électorale sur l'unité de l'Espagne
et la lutte contre le séparatisme.
Les enjeux réels des législatives sont donc escamotés.
Le massacre a remis les compteurs électoraux à zéro.
Et pourtant, l'Espagne vivra demain le premier duel électoral,
au sein de l'Union européenne, entre ce que le secrétaire
américain à la Défense, Donald Rumsfeld, appelle
la nouvelle et la vieille Europe.
Selon cette distinction polémique, l'Espagne pro-atlantiste
de José Maria Aznar et de Mariano Rajoy, son candidat à
la succession, appartiendrait à la nouvelle Europe, mais le socialiste
José Luis Rodriguez Zapatero, s'il gagnait, ramènerait
l'Espagne dans la supposée vieille Europe, aux côtés
de l'axe franco-allemand.
Cet enjeu et d'autres sont brouillés par la colère
et la douleur qui ont poussé hier onze millions d'Espagnols -plus
du quart de la population, un record historique- à descendre dans
les rues de Madrid, de Barcelone et de dizaines de villes pour manifester
contre le terrorisme.
Sac piégé et téléphone portable
des terroristes retrouvés intacts
MADRID, vendredi 12 mars 2004 - 17h (LatinReporters.com)
- Le ministre de l'Intérieur, Angel Acebes, a confirmé la
récupération, dans les trains éventrés, d'un
sac intact bourré d'explosif avec un téléphone portable
dont l'alarme devait actionner le détonateur. Miraculeusement, cela
n'a pas fonctionné.
Les enquêteurs ont ainsi sous la main et en parfait état
un élément clef pour tenter de remonter jusqu'aux
responsables du massacre provoqué par dix explosions dans quatre
trains de banlieue.
Dans le sac récupéré, le détonateur
et l'explosif sont du même type que les 7 détonateurs et
les restes d'explosif retrouvés avec une cassette-audio arabe
de versets du Coran dans une camionnette près de la gare d'Alcala
de Henares, petite ville d'où étaient partis les quatre
trains de la mort.
Mais ni cette coïncidence ni le démenti des Basques
de l'ETA ni la revendication du massacre au nom d'Al-Qaïda ni même
que l'explosif et les détonateurs retrouvés soient d'un type
différent de ceux utilisés récemment par l'ETA, aucun
de ces indices concordants ne conduit le gouvernement espagnol a accréditer
publiquement la piste du terrorisme islamiste.
Dans une circulaire adressée aux ambassadeurs d'Espagne dans
le monde, la ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio,
leur demande de soutenir la thèse de la culpabilité de l'ETA.
"Les citoyens ne peuvent pas voter dans le doute"
MADRID, vendredi 12 mars 2004 - 12h30 (LatinReporters.com)
- La polémique sur la paternité du massacre de Madrid est
vive à deux jours des élections législatives.
Des ministres espagnols disent ne pas croire en l'authenticité
de la revendication au nom d'Al-Qaïda reçue par un journal
arabe. Officiellement, Madrid continue à accuser les indépendantistes
basques de l'ETA même si le président du gouvernement, José
Maria Aznar, vient d'affirmer qu'aucune piste ne sera écartée
dans l'enquête.
Face à l'incertitude, le candidat de l'opposition socialiste
à la succession de M. Aznar, José Luis Rodriguez Zapatero,
déclare textuellement: "Les citoyens ont le droit de savoir qui
est derrière les attentats, car ils ne peuvent pas voter dans le
doute". Et il exige que le gouvernement ne dissimule pas l'information.
Les observateurs soulignent qu'établir la responsabilité
de l'ETA dans le massacre ne nuirait pas sur le plan électoral
-ou alors peu- au parti gouvernemental dans la mesure où
il a affiché au cours de la législature une ligne dure
contre les séparatistes et même contre les nationalistes
dits modérés du Pays basque.
Par contre, le terrorisme islamiste serait aussitôt interprété
par l'opinion publique comme des représailles au soutien impopulaire
de M. Aznar à la guerre en Irak et le retour au premier plan d'un
tel dossier à deux jours des élections législatives
serait périlleux pour le Parti populaire gouvernemental.
Nuit dans les hôpitaux et à la morgue
MADRID, vendredi 12 mars 2004 - 7h (LatinReporters.com)
- Dans les hôpitaux madrilènes, toute la nuit, course contre
la montre pour tenter de sauver, parmi les 1.430 blessés
rescapés des trains de la mort, les 44 qui sont dans un état
critique.
Au pavillon permanent des foires de Madrid, devenu morgue improvisée,
des parents de victimes présumées ont défilé
toute la nuit, assistés par des psychologues, pour éventuellement
identifier un proche parmi les quelque 200 morts, espérant à
la fois que l'absent recherché soit ailleurs, qu'il ait échappé
au pire attentat terroriste jamais perpétré en Espagne et
en Europe.
Ce vendredi comme hier, théâtres, cinémas, salles
de fête et musées resteront porte close. Madrid et l'Espagne
sont en deuil officiel. Ce matin, on s'attend à des embouteillages
monstres sur les autoroutes d'accès à la capitale, car
les Madrilènes ont peur désormais -et ils le disent- de
prendre le train ou le métro.
Cassette audio de versets du Coran
MADRID, jeudi 11 mars 2004 - 23h (LatinReporters.com)
- Moins d'une heure avant que ne soit connue en Espagne la revendication
à un journal arabe du massacre de Madrid au nom d'Al-Qaïda,
le ministre espagnol de l'Intérieur, Angel Acebes, annonçait
à la presse la découverte dans une camionnette de sept détonateurs
et d'une cassette audio arabe de versets du Coran.
Cette camionnette était parquée près de la
gare d'Alcala de Henares, petite ville à 30 km à l'Est
de Madrid par laquelle avaient transité les quatre trains de banlieue
éventrés par des explosifs à leur arrivée
dans la capitale. Un massacre dont le bilan actuel est de près
de 200 morts et plus de 1.400 blessés.
Du coup, le ministre Acebes admet ne plus exclure aucune hypothèse
quant aux responsables du massacre. C'est pourtant le ministre qui avait
rapidement attribué la tuerie aux séparatistes basques de
l'ETA. Une accusation rejetée aussitôt par les sympathisants
de l'ETA, qui y voient plutôt la main de ce qu'ils appellent "la résistance
arabe", en représailles à l'appui de l'Espagne à
la guerre en Irak.
Campagne suspendue, mais élections maintenues
MADRID, jeudi 11 mars 2004 - 19h (LatinReporters.com)
- Les chaînes de télévision espagnoles affichent en
permanence un crêpe noir de deuil dans un angle du petit écran.
Le décompte macabre, 190 morts et 1.430 blessés, n'est
pas encore clos. La survie de rescapés atteints grièvement,
y compris des enfants, n'est pas assurée. A en croire les médias,
l'intervention télévisée du roi Juan Carlos, ce soir,
sera la première d'un caractère aussi extraordinaire depuis
la tentative de coup d'Etat militaire de février 1981.
Les Espagnols doivent élire leurs députés dimanche,
mais jamais ils n'auront voté dans de telles conditions. Tous les
partis ont suspendu leur campagne électorale. Le scrutin n'est toutefois
pas annulé ni reporté.
De nombreux observateurs croient que l'émotion, la rage et
la douleur pourraient favoriser les conservateurs du Parti populaire
actuellement au pouvoir. Il a en effet toujours affiché la ligne
la plus dure contre le terrorisme des séparatistes basques de
l'ETA, accusés du massacre de Madrid par le ministre de l'Intérieur.
Mais les proches de l'ETA y voient plutôt la main d'activistes arabes.
Preuves contre l'ETA, selon le ministre de l'Intérieur
MADRID, jeudi 11 mars 2004 - 18h (LatinReporters.com)
- Selon le ministre espagnol de l'Intérieur, la piste des séparatistes
basques de l'ETA serait la seule à retenir dans le massacre de
Madrid. Car, dit-il, le mélange de titadyne et de nitroglycérine
détecté dans les trains de banlieue éventrés
serait un explosif utilisé habituellement par l'ETA.
Le ministre Angel Acebes ajoute que plusieurs pièges explosifs
posés à proximité de la gare madrilène d'Atocha
et désamorcés par les artificiers de la police équivaudraient
aussi à la signature des séparatistes basques.
Mais pourquoi l'ETA n'aurait-elle pas averti pour permettre l'évacuation
des passagers des trains? Car, souvent, l'ETA avait prévenu de
l'imminence de l'explosion de ses bombes.
L'ETA, réplique le ministre de l'Intérieur, est d'autant
plus dangereuse qu'elle est acculée policièrement et politiquement
comme jamais auparavant.
ETA ou non, avec près de 200 morts et plus de mille blessés,
l'Espagne est sous le choc. On attend une allocution télévisée
exceptionnelle du roi Juan Carlos.
Aznar: ne pas céder à une minorité de
fanatiques
MADRID, jeudi 11 mars 2004 - 17h (LatinReporters.com)
- Costume sombre et cravate noire, le président du gouvernement
espagnol, José Maria Aznar, vient de confirmer dans un message
télévisé à la nation les trois jours de deuil
officiel après le massacre à l'explosif perpétré
ce matin à Madrid dans quatre trains de banlieue.
M. Aznar a appelé à manifester en masse, demain vendredi
à 19 h, dans toutes les villes d'Espagne, contre ce qu'il qualifie
"d'assassinat massif". Les victimes, a-t-il dit, ont été
tuées pour le simple fait d'être espagnoles.
L'Espagne, a poursuivi M. Aznar, est une "grande nation" ; elle
n'admettra jamais qu'une "minorité de fanatiques nous impose sa
volonté".
Mais contrairement à plusieurs de ses ministres, dont celui
de l'Intérieur, José Maria Aznar n'a pas accusé nommément
l'organisation indépendantiste basque ETA.
Les sympathisants de l'ETA prétendent que le massacre aurait
pu être perpétré par des activistes arabes en représailles
à l'appui de l'Espagne à la guerre en Irak. On attend à
ce propos le résultat de l'analyse des explosifs.
Le 11 mars 2004 vécu comme le 11 septembre 2001
MADRID, jeudi 11 mars 2004 - 16h (LatinReporters.com)
- Plus de mille victimes, selon un bilan toujours provisoire, à
savoir 173 morts et 898 blessés. A trois jours des élections
législatives, les Espagnols disent qu'ils vivent ce 11 mars comme
les Américains ont vécu leur 11 septembre 2001.
Il était 7h40 du matin lorsque plusieurs bombes ont explosé
dans quatre trains de banlieue, dans trois gares différentes de
Madrid, dont l'immense gare d'Atocha.
En pleine heure de pointe, ces trains étaient bondés
d'ouvriers, espagnols et immigrés, d'employés et d'écoliers.
Les bombes avaient donc été programmées pour provoquer
un carnage.
Un tel massacre terroriste est sans précédent en Espagne.
Les images de centaines de blessés ensanglantés ne cessent
de défiler sur les télévisions. L'édition
spéciale du quotidien La Razon titre "assassins" sur toute la largeur
de sa une.
Pas encore de revendication. Le gouvernement espagnol accuse les
indépendantistes basques de l'ETA, mais leurs sympathisants nient
car, disent-ils, l'ETA prévient toujours avant un attentat et ils
désignent ce qu'ils appellent "la résistance arabe", qui
aurait voulu frapper l'Espagne en représailles à son appui
à la guerre en Irak.
La campagne électorale est suspendue. Trois jours de deuil
national sont décrétés et, demain, manifestations
sans doute massives contre le terrorisme.
Série d'explosions coordonnées: c'est une offensive
terroriste
MADRID, jeudi 11 mars 2004 - 9h (LatinReporters.com)
- C'est un massacre. La télévision nationale espagnole
parle de 30 à 40 morts et de dizaines de blessés dans la
grande gare sud de Madrid, celle d'Atocha. Peu après 7h30 ce matin,
en pleine heure de pointe, des explosions y ont éventré le
1er et le 4e wagon d'un train de banlieue. D'autres médias parlent
d'un deuxième convoi également frappé à Atocha.
Explosions aussi dans deux autres petites gares madrilènes,
celles d'El Pozo et de Santa Eugenia. Partout des ambulances. Le trafic
ferroviaire est paralysé dans la province de Madrid..
Le nombre et les lieux distincts des déflagrations excluent
l'hypothèse de l'accident. Il faut parler d'une série d'explosions
coordonnées, d'une offensive terroriste dont le bilan risque d'être
très lourd.
A trois jours des élections législatives, la police
redoutait une action des séparatistes basques de l'ETA. Le 24
décembre dernier, ils avaient piégé un train à
destination de Madrid avec deux sacs emplis d'explosifs découverts
et désamorcés par la police.
Et fin février, deux membres de l'ETA étaient interceptés
à une centaine de kilomètres de Madrid au volant d'une camionnette
contenant 500 kg de dynamite. Selon la police, cette dynamite était
destinée à un attentat retentissant programmé
pour le 1er mars dans la banlieue Est de Madrid, celle d'où venaient
les trains déchiquetés aujourd'hui.
Flash: deux explosions à la gare d'Atocha
MADRID, jeudi 11 mars 2004 - 8h (LatinReporters.com)
- Deux explosions ont retenti peu avant 8 heures ce matin dans la principale
gare de Madrid, celle d'Atocha. Des témoins affirment avoir vu
un wagon éventré et plusieurs corps gisant sur le sol. On
ignore s'il s'agit d'un accident ou d'un attentat.
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