Accueil   |  Politique   |  Economie   |  Multimédia   |  Société   |  Pays+dossiers   | Forum 
Google
 
Web LatinReporters.com
Critique de l'usage partisan de la commission parlementaire d'enquête

Espagne-attentats de Madrid: partis politiques giflés par l'Association des victimes

Pilar Manjon, porte-parole de l'Association des victimes
Vidéo-photo TVE
MADRID, mercredi 15 décembre 2004 (LatinReporters.com) - Neuf mois après les attentats islamistes de Madrid, les partis politiques espagnols, gauche et droite confondues, ont essuyé mercredi une gifle morale collective sans précédent devant la commission parlementaire d'enquête sur ces attentats, qui ont fait 191 morts et près de 2.000 blessés le 11 mars dernier. L'Association des victimes réclame une nouvelle commission d'enquête, indépendante des partis.

Invitée à comparaître et obtenant enfin mercredi matin que sa comparution soit publique, mais non à huis clos comme le prétendaient les groupes parlementaires, la porte-parole de l'Association des victimes du 11 mars, Pilar Manjon, lança un dur réquisitoire dont une phrase résume l'essentiel: "Vous nous avez convertis en monnaie d'échange d'un jeu politique, mais nous n'admettons pas votre utilisation systématique de nos morts et blessés".

VOIR AUSSI

Aznar superstar
devant la commission
d'enquête sur les
attentats de Madrid

Attentats de Madrid:
1er condamné
et garde civile
éclaboussée

L'Espagne encore
menacée par le
terrorisme islamiste

Leçon des attentats
islamistes de Madrid

Dossier Terrorisme
international

Dossier Espagne

Larmes aux yeux, vêtue de noir, Pilar Manjon, dont le fils a été tué dans les attentats, a donc accusé en commission les députés d'utiliser morts et blessés contre leurs adversaires politiques au lieu de rechercher la vérité, tandis que les administrations publiques ne cessent de s'octroyer mutuellement des médailles en hommage aux victimes, pourtant mal prises en charge.

En outre, a poursuivi en substance Pilar Manjon, les médias commercialisent sans éthique notre douleur depuis neuf mois.

Conclusion principale de ce réquisitoire radio-télévisé qui a ému les Espagnols: l'Association des victimes des attentats de Madrid réclame la dissolution de l'actuelle commission d'enquête et la création d'une autre, composée d'experts indépendants et au sein de laquelle ne siégerait aucun représentant d'un quelconque parti.

Après l'intervention de Pilar Manjon et du président d'une autre association de victimes du terrorisme, José Alcazar, hostile à la réduction de peine des terroristes emprisonnés, les députés de la commission se sont confondus en excuses et en promesses de solidarité, assurant "avoir compris le message".

Le coup moral porté à la classe politique espagnole est d'autant plus que cinglant que le président du gouvernement, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, et son prédécesseur conservateur, José Maria Aznar, ont longuement comparu devant l'actuelle commission, créée en juillet dernier.

Le 13 décembre, en commission, M. Zapatero accusait M. Aznar de "tromperie massive" pour avoir trop longtemps désigné, à des fins électoralistes, les indépendantistes basques de l'ETA comme auteurs des attentats de Madrid revendiqués au nom d'Al-Qaïda. Deux semaines plus tôt, M. Aznar affirmait que si M. Zapatero avait, contre toute attente, gagné les élections législatives du 14 mars (trois jours après le massacre de Madrid), c'est parce qu'il fut le bénéficiaire d'une "conspiration pour retourner le résultat des élections".

En réaction explicite au dur réquisitoire de Pilar Manjon devant la commission, M. Zapatero a annoncé la création, cette semaine par le Conseil espagnol des ministres, d'un Haut commissariat pour l'aide aux victimes du terrorisme qui dépendra directement de la présidence du gouvernement.

Le recteur de l'université madrilène Carlos III, Gregorio Peces-Barba, qui fut au nom du Parti socialiste ouvrier espagnol l'un des rédacteurs de la Constitution post-franquiste de 1978, dirigera le nouveau haut commissariat.

Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum


  Accueil   |  Politique   |  Economie   |  Multimédia   |  Société   |  Pays+dossiers  
 

© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
Le texte de cet article peut être reproduit s'il est attribué, avec lien, à LatinReporters.com