Espagne-attentats de Madrid: partis politiques giflés par l'Association des victimes
Invitée à comparaître et obtenant enfin mercredi matin que sa comparution soit publique, mais non à huis clos comme le prétendaient les groupes parlementaires, la porte-parole de l'Association des victimes du 11 mars, Pilar Manjon, lança un dur réquisitoire dont une phrase résume l'essentiel: "Vous nous avez convertis en monnaie d'échange d'un jeu politique, mais nous n'admettons pas votre utilisation systématique de nos morts et blessés". En outre, a poursuivi en substance Pilar Manjon, les médias commercialisent sans éthique notre douleur depuis neuf mois. Conclusion principale de ce réquisitoire radio-télévisé qui a ému les Espagnols: l'Association des victimes des attentats de Madrid réclame la dissolution de l'actuelle commission d'enquête et la création d'une autre, composée d'experts indépendants et au sein de laquelle ne siégerait aucun représentant d'un quelconque parti. Après l'intervention de Pilar Manjon et du président d'une autre association de victimes du terrorisme, José Alcazar, hostile à la réduction de peine des terroristes emprisonnés, les députés de la commission se sont confondus en excuses et en promesses de solidarité, assurant "avoir compris le message". Le coup moral porté à la classe politique espagnole est d'autant plus que cinglant que le président du gouvernement, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, et son prédécesseur conservateur, José Maria Aznar, ont longuement comparu devant l'actuelle commission, créée en juillet dernier. Le 13 décembre, en commission, M. Zapatero accusait M. Aznar de "tromperie massive" pour avoir trop longtemps désigné, à des fins électoralistes, les indépendantistes basques de l'ETA comme auteurs des attentats de Madrid revendiqués au nom d'Al-Qaïda. Deux semaines plus tôt, M. Aznar affirmait que si M. Zapatero avait, contre toute attente, gagné les élections législatives du 14 mars (trois jours après le massacre de Madrid), c'est parce qu'il fut le bénéficiaire d'une "conspiration pour retourner le résultat des élections". En réaction explicite au dur réquisitoire de Pilar Manjon devant la commission, M. Zapatero a annoncé la création, cette semaine par le Conseil espagnol des ministres, d'un Haut commissariat pour l'aide aux victimes du terrorisme qui dépendra directement de la présidence du gouvernement. Le recteur de l'université madrilène Carlos III, Gregorio Peces-Barba, qui fut au nom du Parti socialiste ouvrier espagnol l'un des rédacteurs de la Constitution post-franquiste de 1978, dirigera le nouveau haut commissariat. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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