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Il fait toujours le lien entre séparatistes basques de l'ETA et terrorisme islamiste

Espagne - Aznar superstar devant la commission d'enquête sur les attentats de Madrid

Devant la commission, M. Aznar (sur cette photo d'archives avec le président Bush) a recommandé aux Espagnols de revenir aux côtés des Etats-Unis pour combattre le terrorisme
White House photo - Eric Draper
MADRID, mardi 30 novembre 2004 (LatinReporters.com) - Attaque frontale contre la légitimité du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. C'est le profil global de la première comparution, lundi, d'un ex-président du gouvernement espagnol, le conservateur José Maria Aznar, devant une commission d'enquête parlementaire, celle des attentats islamistes de Madrid. Critiqué ou applaudi, M. Aznar est redevenu une superstar lors de près de onze heures de comparution télévisée en direct. Il monopolise, ce mardi, la une de la presse espagnole.

Trois jours après les attentats de Madrid du 11 mars dernier, les socialistes avaient remporté contre tout pronostic les élections législatives. "Conspiration pour retourner le résultat des élections" a accusé M. Aznar. Il impute aux socialistes, au journal El Pais et à la radio privée Cadena Ser (deux médias influents du groupe espagnol Prisa, qui est aussi l'un des actionnaires du journal français Le Monde) d'avoir manipulé à des fins électorales les 191 morts et les quelque 2.000 blessés du massacre de Madrid, faisant croire notamment que le gouvernement de M. Aznar mentait lorsqu'il accusait les séparatistes basques de l'ETA plutôt que le terrorisme islamiste.

Contre l'avis de la plupart des experts qui ont défilé devant la commisssion parlementaire, José Maria Aznar reste convaincu de l'existence de liens entre l'ETA et Al-Qaïda. "Tous les terrorismes sont liés" a-t-il dit et, selon lui, "les auteurs intellectuels (des attentats de Madrid) ne vivent ni dans un désert éloigné ni dans des montagnes lointaines".

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L'ex-chef de l'exécutif demande à l'actuel gouvernement socialiste, qu'il soupçonne de "n'être pas intéressé par la vérité", de multiplier et d'approfondir les enquêtes, notamment sur l'étonnante filière asturienne de délinquants espagnols, à la fois indicateurs de la police, qui ont fourni aux islamistes la dynamite du massacre de Madrid.

"Vous avez été incapable de prévenir des attentats islamistes prévisibles en fonction de votre soutien à la guerre en Irak" ont lancé en substance devant la commission parlementaire des députés socialistes, communistes et nationalistes basques et catalans.

"Avant les attentats de Madrid, j'ai averti trente fois le Parlement du danger du terrorisme islamiste, mais l'opposition critiquait et même ridiculisait mes avertissements et l'arrestation de suspects" a répliqué M. Aznar. Et de citer une phrase prononcée en janvier 2003 par le leader communiste Gaspar Llamazares : "N'importe qui un peu bronzé voulant collaborer aux tâches du ménage risque d'être détenu pour appartenance à Al-Qaïda". (Un groupe de Maghrébins venait d'être interpellé en Catalogne. On leur avait saisi des produits de nettoyage qui, après expertise, sont apparus comme des composants possibles dans la fabrication d'un napalm artisanal).

En outre, a souligné M. Aznar, même après le retrait militaire d'Irak opéré par le gouvernement socialiste, l'Espagne reste menacée par les fondamentalistes musulmans et il conviendrait donc de revenir aux côtés d'alliés (sous-entendu les Etats-Unis, dont s'est distancié le socialiste Zapatero) qui poursuivent la lutte contre le terrorisme islamiste.

Politiquement, José Maria Aznar n'a convaincu que les conservateurs de son Parti Populaire (9.630.000 voix et 37,6% des suffrages aux législatives du 14 mars 2004).

Mais médiatiquement, trois des quatre journaux nationaux édités à Madrid proclament M. Aznar vainqueur de sa comparution. Seul l'influent quotidien El Pais, proche du gouvernement socialiste, ne voit en l'ex-chef du gouvernement qu'un menteur insidieux. Ce diagnostic négatif est partagé par la presse régionale basque et catalane.

Qui a comparu? Aznar ou les membres de la commission?

Le dialectique incisive de M. Aznar n'aura en tout cas pas nui à son Parti Populaire.
Exemple: "Vous n'avez pas eu le sens de l'Etat de George Bush qui, lui, a reconnu ses erreurs à la suite des attentats du 11 septembre 2001" lançait le député socialiste Alvaro Cuesta.
Réplique de M. Aznar: "Il est extraordinaire que vous reconnaissiez à George Bush le sens de l'Etat, alors qu'il y a peu vous le traitiez de terroriste et de criminel... Contrairement à moi, le président Bush a eu la chance, lui, de n'avoir pas été accusé par l'opposition d'être responsable d'attentats dont les coupables, je voudrais vous l'entendre dire, sont les terroristes".

Même le caricaturiste Maximo du journal El Pais salue implicitement la force dialectique de M. Aznar. Il fait dire à l'un des lions de bronze gardant l'entrée du Congrès des députés: "Je ne sais si M. Aznar a comparu devant la commission du 11 mars ou si ce sont les membres de la commission qui ont comparu devant M. Aznar".

Le successeur de José Maria Aznar à la tête du gouvernement, le socialiste Zapatero, comparaîtra devant la même commission le 13 décembre. Quelques jours plus tard, un ou des représentants des victimes des attentats de Madrid clôtureront en principe les comparutions, plus de cinquante depuis juillet.

A une date encore non définie, la commission, qui n'est pas un tribunal, rédigera ses conclusions finales. Il s'agira surtout de recommandations visant à éviter un nouveau drame terroriste. Mais des parents de victimes et de nombreux éditorialistes croient que cette commission aura plus servi à régler des comptes politiques qu'à rechercher la vérité, que même la justice peinera à établir.

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