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Premier test électoral depuis l'éclatement de la crise globale
Espagne: enjeu national d'élections au Pays basque et en Galice
MADRID, samedi 28 février 2009 (LatinReporters.com) - Premier test électoral depuis l'éclatement de la crise financière
et économique internationale qui frappe durement l'Espagne; bouleversement
des données du problème basque par la perte possible de la
traditionnelle majorité régionale des nationalistes; obligation
de la droite de gagner en Galice pour demeurer une alternative nationale crédible
au socialisme de José Luis Rodriguez Zapatero: ces particularités
témoignent de l'enjeu national multiple des élections du 1er mars au Parlement
régional au Pays basque et en Galice.
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Le président du gouvernement espagnol, le socialiste Zapatero (à gauche), et son candidat à la présidence du gouvernement basque, Patxi Lopez (photo PSE-EE, Vitoria, 15 février 2009). |
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Les socialistes au pouvoir en Espagne peuvent-ils
encore remporter des élections, fussent-elles régionales, lorsque
la crise économique, longtemps niée par M. Zapatero, fait du
pays le champion d'Europe du chômage avec un taux proche de 15% et,
fin janvier, une armée de 3.327.000 sans emploi qui grossit au rythme
stupéfiant de 200.000 chômeurs de plus chaque mois?
Si les urnes répondent oui tant en Galice qu'au Pays basque, cela
pourrait signifier que la gauche est considérée par les électeurs
comme un rempart social efficace contre les effets d'une crise attribuée
aux dérapages du néolibéralisme. Une prolongation de
la crise n'ébranlerait pas alors nécessairement le pouvoir
de M. Zapatero. Mais une réponse négative des urnes alimenterait
des conclusions exactement contraires.
Une affaire de corruption présumée qui a éclaté
au niveau national pendant la campagne de ces élections régionales
aux dépens des conservateurs du Parti Populaire (PP, principale force
d'opposition) a permis aux socialistes de mettre une sourdine momentanée
à la débâcle économique et sociale provoquée
par la crise internationale. Mais le PP accuse le gouvernement de M. Zapatero
d'instrumentaliser la justice à des fins politiques pour détourner
l'attention de cette crise particulièrement violente en Espagne. Le 23
février, le ministre socialiste de la Justice, Mariano Fernandez Bermejo,
démissionnait après avoir eu l'indélicatesse de partager
une partie chasse avec le juge Baltasar Garzon, chargé de l'instruction
du scandale présumé de corruption.
Selon les sondages, la coalition de socialistes et de nationalistes pourrait
renouveler en Galice sa majorité absolue de 38 députés
régionaux sur 75. Et au Pays basque où l'on élit
aussi 75 députés, Patxi Lopez, candidat de M. Zapatero, est
crédité d'une adhésion qui pourrait donner aux socialistes
la présidence du gouvernement régional et établir une
inédite majorité "espagnoliste" au Parlement basque, dominé
traditionnellement par les forces nationalistes et indépendantistes.
Mais les écarts réduits dans les sondages n'excluent pas des
hypothèses inverses.
Même conditionnée par la nécessité de trouver
des alliés pour gouverner, une victoire au Pays basque du socialiste
Patxi Lopez sur le président régional sortant Juan José
Ibarretxe, qui brigue une 4e mandat consécutif sous la bannière
du Parti nationaliste basque (PNV), porterait un rude coup au souverainisme
basque, à son ambition de définir unilatéralement la
nature de ses relations avec l'Espagne, l'Europe et le monde. La défaite
de ce nationalisme dit modéré donnerait-elle des ailes au terrorisme
indépendantiste de l'ETA? Peut-être, mais peut-être aussi
le problème basque deviendrait-il alors de plus en policier
et de moins en moins politique, soit moins menaçant pour les intérêts
à long terme de l'Espagne.
Le 1er mars, ce sera la première fois depuis 1980, année des
premières élections au Parlement basque, qu'aucun parti proche
de l'ETA ne participera au scrutin régional. Tous les partis jugés
liés à l'ETA ont été interdits par la justice,
non pour leur revendication de l'indépendance, mais pour leur appui
à un terrorisme qui va jusqu'à éliminer physiquement
des adversaires politiques. Les sympathisants de l'ETA avaient recueilli
12,44% des suffrages aux élections régionales de 2005 sous
le sigle PCTV (Parti communiste des terres basques). Leur pourcentage record
fut de 18,33%, en 1990 sous le sigle HB (Herri Batasuna). Ils ont pour consigne
de voter dimanche pour le parti D3M (Démocratie 3 millions), prohibé
début février. Le nombre et l'influence de ces votes nuls sur
les résultats du scrutin est une inconnue de plus.
Quant à l'obligation de la droite incarnée par le PP de gagner
en Galice, où elle perdit le pouvoir en 2005 après un règne
de 24 ans, elle découle de la certitude qu'une nouvelle défaite dans
l'un de ses fiefs historiques au moment où le gouvernement socialiste
de M. Zapatero est décontenancé par la crise économique
porterait un rude coup à la crédibilité nationale du
PP et à son président Mariano Rajoy, déjà contesté
par l'aile la plus conservatrice du parti. La tâche du PP est d'autant
plus ardue que seule la majorité absolue lui permettrait de vaincre
la coalition entre les socialistes et le Bloc nationaliste galicien (BNG) d'Anxo Quintana.
C'est en Galice que Mariano Rajoy et José Luis Rodriguez Zapatero
ont clôturé vendredi la double campagne pour y soutenir leur
candidat respectif à la présidence du gouvernement galicien,
Alberto Nuñez Feijoo et le président sortant Emilio Perez
Touriño. Perchée à la pointe nord-ouest de l'Espagne,
la Galice ne compte que 2,6 millions des 34 millions d'électeurs espagnols.
C'est à peine plus que les 1,77 million d'électeurs basques.
Mais la Galice ressemble plus que le Pays basque au reste de l'Espagne. Y
revenir au pouvoir serait pour le PP une promesse de plus larges succès.
L'en empêcher est apparemment une priorité nationale des socialistes.
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