BARCELONE, vendredi 28 septembre 2012 (LatinReporters.com) - La convocation
d'un référendum d'autodétermination de la Catalogne,
"prioritairement au cours de la prochaine législature" régionale,
qui s'ouvrira après les élections catalanes anticipées
du 25 novembre, a été approuvée jeudi à Barcelone
par 62% des députés du Parlement
catalan (84 sur 135). A Madrid, le gouvernement de droite de Mariano Rajoy
a exprimé au nom de l'Espagne sa volonté d'empêcher ce
référendum.
Après l'adoption de pareille résolution référendaire,
l'envol sécessionniste devient l'enjeu réel de l'élection
régionale de novembre. Celle-ci prendra elle-même l'allure d'un
pré-référendum, puisque les électeurs catalans
savent désormais clairement qui appuie ou repousse l'autodétermination.
C'est sous ce prisme que les résultats électoraux seront évalués.
Proposé par le président de la Catalogne, Artur
Mas, le recours à la consultation souverainiste a été
appuyé lors du vote parlementaire par sa propre coalition nationaliste
de centre droit, Convergència y Unió (CiU), par la gauche républicaine
d'ERC (Esquerra Republicana de Catalunya), les écolos-communistes
d'ICV (Iniciativa per Catalunya Verds), le SI (Solidaritat Catalana per
la Independència), l'indépendantiste Joan Laporta, ex-président
du F.C. Barcelone, et le socialiste Ernest Maragall, ex-ministre catalan
de l'Éducation, soit au total 84 députés.
L'appui au référendum d'autodétermination du socialiste
Ernest Maragall fait grand bruit dans la mesure où il reflète
les hésitations du socialisme catalan, d'où viennent les 26
abstentions lors du vote de jeudi. Qu'en Catalogne les partisans de la rose
au poing n'aient pas réellement rejeté la voie de
l'autodétermination prélude-t-il à une grande déchirure
au sein du Parti socialiste ouvrier espagnol, le PSOE, déjà
très amaigri par sa débâcle aux législatives espagnoles
de novembre 2011?
Les 21 non ont été émis par le petit parti catalan Ciutadans
et par la branche catalane du Parti Populaire, le PP de Mariano Rajoy qui
gouverne l'Espagne. Le décompte ci-dessus porte sur 131 votes au lieu
de 135, car 4 députés catalans étaient absents.
Votée donc par une majorité de près des deux tiers,
la résolution souverainiste dit : "Le Parlement de la Catalogne constate
la nécessité que le peuple de la Catalogne puisse déterminer
librement et démocratiquement son futur collectif et demande avec
insistance au gouvernement [catalan] d'organiser une consultation, prioritairement
lors de la prochaine législature". Aucune autre précision n'est
donnée ni quant à la date ni quant l'organisation du référendum,
prudemment appelé "consultation".
Dans un autre point de la résolution, le Parlement catalan constate
que "les tentatives d'insertion de la Catalogne dans l'État espagnol
et ses réponses réitérées sont aujourd'hui
une voie sans issue". Par conséquent "la Catalogne doit entamer une
nouvelle étape basée sur le droit à décider".
"C'est pourquoi le Parlement [catalan] exprime la nécessité
que la Catalogne suive son propre chemin [...], afin de garantir le progrès
social, le développement économique, la consolidation démocratique
et l'essor de la culture et de la langue propres" insiste la résolution.
Réponse de Madrid
A Madrid, la vice-présidente et porte-parole du gouvernement espagnol,
Soraya Sáenz de Santamaría, a averti que "la convocation [du
référendum en Catalogne] ne serait pas conforme à la
Constitution". "Non seulement il existe des instruments juridiques et judiciaires
pour la bloquer, mais en outre il y a un gouvernement disposé à
les utiliser" a-t-elle menacé, se prévalant de l'appui attendu
du Tribunal constitutionnel.
A la veille du vote de la résolution, le président catalan
Artur Mas avait défié l'Espagne en affirmant que le "référendum"
aurait lieu de toute façon, que Madrid l'autorise ou non.
L'Association de militaires espagnols (AME), minoritaire au sein des forces
armées, a appelé la justice militaire à traduire Artur
Mas en conseil de guerre, rappelant que l'armée a pour mission constitutionnelle
la défense de l'intégrité territoriale de l'Espagne.
La vice-présidente du gouvernement s'est gardée, du moins à
ce stade, de s'aventurer sur ce terrain.
Les grands journaux édités à Madrid critiquent durement
Artur Mas. L'influent quotidien de centre gauche El Pais l'accuse de jouer
un jeu "clairement électoraliste", soumettant "la société
à une grave tension".