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Espagne - L'ETA frappe l'Université de Navarre : 28 blessés lors de l'explosion d'une voiture piégée

MADRID, jeudi 30 octobre 2008 (LatinReporters.com) - L'explosion, le 30 octobre à Pampelune (nord de l'Espagne), d'une voiture piégée sur le campus de l'Université de Navarre a fait 28 blessés légers (un premier bilan officiel en mentionnait 17). Le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, attribue aux séparatistes basques de l'ETA cet attentat qui, dit-il, "aurait pu produire une tragédie énorme".

L'attentat a incendié un bâtiment et plusieurs véhicules sur le campus de l'Université de Navarre. Il s'en dégage un gigantesque nuage de fumée au-dessus de Pampelune. (Captures d'écran des télévisions TVE-24h et Eitb).
L'explosion a retenti vers 11h locales du matin sur le parking proche à la fois du bâtiment central de l'université, de la bibliothèque et de la faculté des Sciences de la Communication. Un incendie a dévasté partiellement le bâtiment central, qui abrite l'essentiel des services administratifs. Six véhicules ont été détruits par les flammes. Une dizaine d'autres sont endommagés.

Les blessés sont des étudiants et des membres du corps enseignant ou de l'administration. La plupart souffrent de coupures, dues à des éclats de verre, ou de problèmes auditifs. L'intense fumée s'élevant du lieu de l'attentat formait un gigantesque nuage gris-noir au-dessus de Pampelune. Cette ville de 200.000 habitants est la capitale de la région autonome de Navarre, voisine du Pays basque.

Le ministre Rubalcaba a révélé lors d'une conférence de presse qu'une heure avant l'explosion la société d'assistance routière DYA avait reçu dans la province basque d'Alava un appel téléphonique annonçant, au nom de l'ETA, qu'une "Peugeot blanche" allait exploser sur un campus universitaire, sans préciser lequel.

L'appel ayant été reçu dans la province d'Alava, c'est le campus de l'université de son chef-lieu, Vitoria, capitale institutionnelle du Pays basque, que la police inspecta en vain. Au moment de l'explosion, l'Université de Navarre, à plus de 100 km de Vitoria, n'avait donc pas été évacuée ni même alertée. La voiture piégée, volée la veille dans la région, était effectivement une Peugeot blanche.

A propos de l'interlocuteur anonyme qui avait averti au nom de l'ETA, le ministre de l'Intérieur estime que "soit il n'a volontairement pas donné tous les détails, soit il s'est trompé". Il en déduit qu'une "tragédie énorme aurait pu se produire à l'Université de Navarre", qui accueille quelque 15.000 étudiants.

A Madrid, le porte-parole du groupe socialiste au Congrès des députés, José Antonio Alonso, ex-ministre de l'Intérieur d'un gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, a fustigé "la bassesse morale" de cet "attentat brutal et atroce" contre un centre "de pensée, de culture et d'étude".

A la tribune du 18e sommet des pays ibéro-américains, réuni en Amérique centrale dans la capitale du Salvador, le roi Juan Carlos et M. Zapatero ont été contraints, jeudi, d'ouvrir leur premier discours par une condamnation de l'attentat de Pampelune et du terrorisme en général.

Il s'agit du sixième attentat à l'explosif, ne faisant par chance comme les précédents que des blessés, perpétré depuis 1979 par l'ETA contre l'Université de Navarre. Souvent considérée par des médias espagnols et étrangers comme la plus prestigieuse université privée d'Espagne, notamment pour sa faculté de journalisme d'où sont issus de grands noms de la presse et de l'audio-visuel espagnols, cette université catholique fut créée en 1952 par le fondateur de l'Opus Dei, Josemaria Escriva de Balaguer.

Les liens entre Franco et l'Opus Dei, dont plusieurs membres furent ministres de la dictature franquiste, et l'influence encore actuelle du catholicisme conservateur de l'Opus Dei au sein de l'opposition centralisatrice de droite qu'incarne l'Alliance Populaire de Mariano Rajoy désignent peut-être l'Université de Navarre comme un objectif "espagnoliste" symbolique aux yeux de l'extrême gauche qui domine l'ETA.

La Navarre proprement dite, où le basque est parlé par une importante minorité, est un objectif plus symbolique encore. Le rattachement, fût-ce par étapes, de la Navarre au Pays basque est en effet l'une des principales revendications soutenue avec constance par l'ETA, que l'Union européenne et les Etats-Unis considèrent officiellement comme terroriste.

Les médias espagnols notent que l'attentat a eu lieu deux jours après l'annonce par la police du démantèlement du commando Navarre de l'ETA, avec l'arrestation de quatre de ses militants présumés en possession d'armes et d'explosifs.

Mais qu'ils visent l'Université de Navarre, une caserne de la garde civile, un aéroport, des officiers de l'armée, un supermarché, des élus tant socialistes que conservateurs, des magistrats, des journalistes ou des plages touristiques, les attentats des indépendantistes, qui ont fait plus de 820 morts et des milliers de blessés depuis 1968, ont tous la même finalité: amener le gouvernement de Madrid à rouvrir des négociations centrées, comme toutes celles qui ont échoué depuis trente ans, sur un droit supposé des Basques à l'autodétermination.


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