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L'opposition a recueilli un nombre suffisant de signatures

Venezuela: référendum en août pour destituer le président Chavez

S'il était révoqué avant le 20 août, une élection présidentielle aurait lieu dans les 30 jours

Le président Hugo Chavez: adieu à l'écharpe présidentielle?
Photo Rep. Bolivariana de Venezuela
CARACAS, samedi 5 juin 2004 (LatinReporters.com) - Qualifié souvent de populiste, se disant lui-même pro-castriste, Hugo Chavez sera-t-il évincé démocratiquement de la présidence du Venezuela, 4e exportateur mondial de pétrole? Le cas échéant, Hugo Chavez sera-t-il candidat à sa propre succession? Le référendum révocatoire -désormais inévitable, sauf coup de force- qui pourrait le destituer aura-t-il lieu avant le 20 août, afin qu'une nouvelle élection présidentielle soit immédiate et que le pouvoir ne soit pas confié à un vice-président "chaviste"? Ces questions signifient que l'heure de vérité a sonné pour le président Chavez. Pour l'opposition aussi: sera-t-elle capable d'assurer la relève?

"Vous voyez qu'il est possible de convoquer le référendum et que Hugo Chavez n'est pas le tyran que l'on disait" clamait Chavez lui-même, jeudi soir, dans un message radio-télévisé à la nation. Le Conseil national électoral (CNE) du Venezuela venait d'annoncer le recueil, par l'opposition, de plus des 2.436.083 signatures nécessaires -20% du corps électoral- à la convocation du référendum révocatoire prévu par l'article 72 de la Constitution bolivarienne plébiscitée en 1999.

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Secoué au cours des deux dernières années par quatre grèves générales et un putsch manqué qui l'écarta du pouvoir pendant 48 heures, Hugo Chavez a salué sa "démocratie participative" qui, dit-il, permet de contrôler les gouvernants. Il aura néanmoins fallu des dizaines de morts parmi ses partisans et surtout parmi ses adversaires, ainsi que les pressions relativement amicales de l'Organisation des Etats américains (OEA) et du Centre Carter (à vocation pacifiste sous l'égide de l'ex-président américain Jimmy Carter) pour que le bouillant ex-lieutenant-colonel accepte enfin, après avoir tenté de torpiller le recueil de signatures, qu'un référendum arbitre une situation pouvant dégénérer en guerre civile.

"Dans mon âme, je n'ai pas le moindre soupçon de défaite. Je ne suis pas encore entré dans le jeu. Le jeu commence seulement maintenant!" a néanmoins lancé Hugo Chavez. Il va donc se battre pour que les urnes ne le destituent pas avant la fin de son mandat de six ans entamé en 2000.

Dans la rue, jeudi, des "chavistes" furieux harcelaient dans les rues de Caracas les manifestants qui fêtaient le prochain référendum révocatoire. Les heurts ont fait deux morts.

Les principales incertitudes qui entourent le référendum sont les suivantes:

1. Hugo Chavez sera-t-il révoqué?

Pour qu'il le soit, deux exigences de la Constitution bolivarienne (article 72) devront être satisfaites: participation au référendum d'au moins 25% du corps électoral et score en faveur de la révocation au moins égal à celui obtenu par Hugo Chavez lors de sa victoire à l'élection présidentielle de juillet 2000, soit 3.757.773 voix. Curieusement, l'article 72 n'indique pas que le nombre de votes en faveur de la révocation doit être supérieur au nombre de votes qui s'y opposent.

Enrique Mendoza, porte-parole de la Coordination démocratique qui regroupe la plupart des mouvements d'opposition, estime que les signatures admises officiellement pour avaliser la convocation du référendum révocatoire devraient se chiffrer à 2.596.584 lorsque le CNE aura terminé son décompte. En outre, selon le même porte-parole, 1.500.000 fonctionnaires et des dizaines de milliers de militaires qui n'auraient pas osé signer par crainte de représailles pourront s'exprimer par vote secret lors du référendum.

2. Si Hugo Chavez était révoqué, qui serait son successeur à la présidence?

Cela dépend notamment de la date de la révocation.

Selon l'article 233 de la Constitution, si cette révocation est prononcée au cours des quatre premières années du mandat présidentiel, soit dans le cas présent jusqu'au 19 août prochain inclus, le successeur du président destitué sera le vainqueur d'une nouvelle élection présidentielle organisée dans les 30 jours suivant le référendum révocatoire.

Rien, sinon le bon sens, n'empêcherait alors Hugo Chavez d'être candidat à sa propre succession. Il a déjà suggéré qu'en de telles circonstances il briguerait effectivement à nouveau la charge suprême. L'opposition n'ayant pas encore réussi à trouver un leader de stature nationale, une paradoxale réélection de Chavez ne serait pas impossible.

Mais si la révocation se produisait lors de la cinquième ou sixième année du mandat présidentiel, soit à partir du 20 août, c'est le vice-président qui, selon la Constitution, devrait assumer la charge suprême jusqu'à la fin du mandat. Le vice-président José Vicente Rangel, un inconditionnel de Hugo Chavez, conduirait alors en principe l'Etat au cours des deux prochaines années. Un scénario cauchemar pour l'opposition.

Depuis plusieurs semaines, la date du 8 août était retenue par le Conseil national électoral pour un éventuel référendum révocatoire qu'il faut désormais convoquer. Mais le vice-président de ce CNE, Ezequiel Zamora, reconnaît que des pressions, qu'il n'identifie pas, s'exercent pour déplacer le référendum du 8 au 15 août. "Ce pourrait être un piège, dénonce-t-il, car si le CNE tardait cinq jours à proclamer les résultats, cela nous mènerait au 20 août. Or, selon les juristes, la révocation n'est effective qu'à l'annonce des résultats". La manoeuvre consisterait donc, en cas de défaite de Hugo Chavez, à réserver la possibilité, si pour quelque raison il ne se représentait pas, de prononcer sa révocation à une date qui offrirait constitutionnellement le pouvoir, sans nouvelle élection, au vice-président "chaviste" José Vicente Rangel.

"Notre chemin de croix va se poursuivre jusqu'au jour du référendum" avoue Enrique Mendoza. Lors de ses prochaines manifestations -comme ce samedi à Caracas- sa Coordination démocratique réclamera le maintien de la date du 8 août.

3. Le résultat du référendum révocatoire sera-t-il accepté par les deux camps?

Rien n'est moins sûr. De nombreux observateurs sont persuadés que le perdant accusera le vainqueur de fraudes et que la situation pourrait devenir rapidement incontrôlable, particulièrement en cas de révocation du président Chavez, qui exacerbe depuis quatre ans la lutte des classes en se désignant comme le président des défavorisés.

L'opposition, il est vrai, ne brille pas par sa sensibilité sociale, même si la classe moyenne qui en est la structure essentielle n'appartient pas à la "classe des riches" à laquelle les "chavistes" et de nombreux commentateurs l'assimilent sommairement.

Les pessimistes redoutent qu'au lieu de refroidir la chaudière vénézuélienne, le référendum ne la fasse éclater.

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