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Sur la date, l'informatisation et le contrôle du scrutin

Venezuela: polémiques autour du référendum anti-Chavez du 15 août

Chavez (à gauche) et Castro: deux ennemis de la globalisation
© Walter Lippmann and NY Transfer News
CARACAS, jeudi 10 juin 2004 (LatinReporters.com) - Le référendum dit "révocatoire" visant à destituer, le 15 août prochain, le président Chavez du Venezuela est entouré de polémiques quant à sa date, à son informatisation et au contrôle de son déroulement par des observateurs internationaux. Hugo Chavez estime "qu'au moins cinq millions" d'électeurs le maintiendront au pouvoir.

Ex-officier putschiste élu démocratiquement, cultivant une verve populiste qui séduit ou irrite, adversaire de la globalisation libérale, le président Chavez prétend mener en faveur des plus défavorisés une politique sociale partiellement inspirée et appuyée par le régime communiste cubain. Cible, au cours des deux dernières années, de quatre grèves générales et d'un putsch avorté, Hugo Chavez est de plus en contesté par une opposition englobant les privilégiés fortunés, la classe moyenne et une frange syndicale et ouvrière.

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Le Conseil national électoral (CNE) du Venezuela a confirmé que les adversaires du président Chavez ont surpassé de plus de 100.000 le seuil des 2.436.083 signatures, soit 20% du corps électoral, nécessaire à la convocation d'un référendum permettant de révoquer le chef de l'Etat, conformément à la Constitution bolivarienne que Hugo Chavez lui-même avait fait plébisciter en 1999.

La date du 15 août pour la tenue du référendum était annoncée mardi par le président du CNE, Francisco Carrasquero. Il surprenait en indiquant que ce processus électoral "sera automatisé dans toutes ses phases". L'informatique va donc soudain chapeauter la démocratie vénézuélienne.

Le 15 août signifie un report d'une semaine par rapport à la date initialement prévue par le CNE. Le scrutin est ainsi rapproché de la date clé du 19 août, fin de la quatrième année du mandat présidentiel de six ans de Hugo Chavez.

Selon la Constitution, une nouvelle élection présidentielle doit être organisée dans les 30 jours suivant la révocation par référendum du président si cette révocation survient pendant les quatre premières années de son mandat. Mais à partir de la cinquième année, c'est le vice-président qui, sans nouvelle élection, succéderait au président révoqué. Donc, Hugo Chavez devrait être récusé au plus tard le 19 août pour qu'une nouvelle élection permette peut-être à l'opposition de s'emparer de la présidence avant janvier 2007, échéance normale du mandat présidentiel.

Le vice-président du CNE, Ezequiel Zamora, dénonçait la semaine dernière l'existence de pressions, qu'il n'identifiait pas, visant à déplacer le référendum du 8 au 15 août. "Ce pourrait être un piège, estimait-il, car si le CNE tardait cinq jours à proclamer les résultats, cela nous mènerait au 20 août. Or, selon les juristes, la révocation n'est effective qu'à l'annonce des résultats".

La possibilité d'un tel piège est probablement écartée, car Ezequiel Zamora a voté pour la date du 15 août au sein du Comité directeur du CNE. Selon lui, les résultats du référendum et donc l'éventuelle destitution de Hugo Chavez seront annoncés la nuit  même du 15 au 16 août.

Par contre, comme sa collègue Sobella Mejias, le vice-président du CNE s'est prononcé contre l'automatisation exclusive du scrutin, décidée par 3 voix contre 2. Selon Sobella Mejias, "il ne faut pas être scientifique" pour conclure que les programmes informatiques qui seront utilisés "sont facilement manipulables".

Redoutant une fraude gouvernementale, l'opposition va continuer à réclamer un comptage manuel des votes et ce d'autant plus qu'un autre membre du Comité directeur du CNE, Oscar Bataglini, considéré comme "chaviste", propose d'exclure les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA) et du Centre Carter (à vocation pacifiste sous l'égide de l'ex-président américain Jimmy Carter). Oscar Bataglini leur reproche d'avoir bafoué la respectabilité des autorités vénézuéliennes par leur manière de contrôler les signatures déposées pour la convocation du référendum révocatoire.

Ne pas démanteler les acquis sociaux de Chavez

Pour la Coordination démocratique, qui regroupe la plupart des mouvements d'opposition à Hugo Chavez, tant le report du référendum du 8 au 15 août que le rejet d'un comptage manuel alternatif sont des "traquenards".

"Le moindre problème avec des machines qui n'ont été testées nulle part dans le monde, la moindre panne, parfaitement prévisible avec un tel gouvernement, y compris une défaillance d'énergie électrique, mettra en danger tout le processus "estime le député d'opposition Wilson Armas.

Son allié Jesus Torrealba, l'un des porte-parole de la Coordination démocratique, avertit néanmoins de l'urgence, à deux mois du référendum, de mettre une sourdine au discours de confrontation au profit de propositions sociales pour résoudre les problèmes des électeurs en matière de santé, d'éducation, d'emploi, de sécurité sociale et de sécurité face à la criminalité.

Enrique Mendoza, dirigeant de la Coordination démocratique,  promet même de ne pas démanteler les acquis sociaux de l'administration d'Hugo Chavez.

L'opposition redoute donc la base populaire d'un président élu en juillet 2000 avec 60% des suffrages. Même s'il était révoqué le 15 août, Hugo Chavez pourrait briguer sa propre succession 30 jours plus tard face à des adversaires qui n'ont pas encore de programme commun ni de leader national.

Déjà en campagne électorale tant à Caracas qu'à l'intérieur du pays, le président Chavez clame "qu'au moins cinq millions de votes, le double de ceux de l'opposition" le maintiendront au pouvoir le 15 août et qu'il remportera en outre la présidentielle de décembre 2006...

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