CARACAS, samedi 16 juillet 2011 (LatinReporters.com) - Prenant le contre-pied de rumeurs sur une hospitalisation au Brésil,
où le secret sur son état réel aurait été
moins bien gardé, le président vénézuélien
Hugo Chavez a annoncé à Caracas qu'il repartira ce samedi 16
juillet à Cuba pour "la seconde étape" de son traitement contre
le cancer, "avec application de chimiothérapie". Il n'a pas précisé
la durée de sa nouvelle absence du Venezuela.
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Entouré de ses deux filles aînées, le président
Hugo Chavez lit devant la presse, le 15 juillet 2011 à Caracas, la
lettre par laquelle il sollicite de l'Assemblée nationale l'autorisation
de repartir à Cuba pour y poursuivre son traitement contre le cancer.
(Photo Marcelo Garcia, Prensa Presidencial) |
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Filmé en direct vendredi par la télévision publique
aux portes du palais présidentiel et s'adressant aux journalistes
après avoir pris congé d'un visiteur qu'il tente de séduire
à nouveau, le président élu péruvien Ollanta
Humala, Hugo Chavez a informé le pays de son envoi d'une lettre à
l'Assemblée nationale la priant d'autoriser son voyage.
Selon l'article 235 de la Constitution bolivarienne, cette autorisation parlementaire
est nécessaire lorsque le chef de l'Etat s'absente du territoire national
pendant plus de cinq jours consécutifs. Une session extraordinaire
de l'Assemblée nationale, dominée par le Parti socialiste uni
du Venezuela (PSUV, chaviste) a été convoquée d'urgence
pour octroyer son feu vert ce samedi matin.
Revenu le 4 juillet d'un séjour de près
d'un mois à Cuba, où il a subi en juin deux opérations
chirurgicales, la seconde pour l'ablation d'une tumeur cancéreuse,
Hugo Chavez dit y retourner "pour continuer ou plutôt pour initier
ce que nous avons appelé la seconde étape de ce processus lent
et complexe de récupération, qui est en bonne voie".
"Cette seconde étape débutera les prochains jours avec l'application
de chimiothérapie, déjà planifiée scientifiquement
de manière détaillée, et je suis sûr que cela
contribuera à la poursuite du chemin de la récupération"
a ajouté le président vénézuélien après
avoir remercié son équipe de médecins cubains et vénézuéliens.
Le leader de la gauche radicale d'Amérique latine a souligné sa "volonté de vivre, de vivre pour
notre peuple, vivre pour mes filles, vivre pour mes petits-enfants, mes petites-filles,
vivre pour moi-même." Cette soif existentielle, à la fois personnelle
et politique, il la clame aussi dans le dernier paragraphe de sa lettre à
l'Assemblée nationale, lue devant les journalistes : "Mon seigneur
Jésus-Christ m'a inspiré l'humilité et le peuple souverain
a gravé en moi la conviction qu'il est nécessaire de vivre
et nécessaire de vaincre. Nous vivrons et nous vaincrons!"
Secret mieux gardé à La Havane
Le retour de Chavez à Cuba pour y poursuivre son traitement contredit,
sous réserve de revirements futurs, le flot international de rumeurs
sur l'arrivée imminente du leader bolivarien à l'hôpital Syro-Libanais
de Sao Paulo, au Brésil. La présidente brésilienne Dilma
Rousseff a récemment offert au dirigeant vénézuélien
de venir s'y faire soigner. Comme le président du Paraguay, Fernando
Lugo, Dilma Rousseff fut traitée avec succès l'an dernier
pour un cancer lymphatique dans cet hôpital prestigieux.
Qu'elle fût préférable ou non du point de vue médical,
une hospitalisation de Hugo Chavez à Sao Paulo plutôt qu'à
La Havane présentait au moins deux inconvénients politiques.
D'abord jeter le doute sur une médecine dont Cuba, le plus proche
allié du Venezuela, prétend encore tirer prestige. Et cela
en offensant personnellement Fidel Castro, que Chavez considère comme
son "médecin chef" et son "père spirituel". Ensuite et surtout,
le secret sur
l'état de santé réel
du caudillo vénézuélien risquait d'être moins
bien gardé au Brésil, où la curiosité et la liberté
de la presse, satisfaites par les autorités médicales et politiques lors
de l'hospitalisation de Fernando Lugo et de Dilma Rousseff, participent
d'une démocratie inexistante à Cuba.
Malgré son omniprésence télévisée, Hugo
Chavez n'a pas encore levé le voile sur la nature de son cancer ni
sur son amplitude exacte. De ces deux inconnues découle
une troisième, fondamentale : le leader du socialisme dit du XXIe
siècle sera-t-il apte à briguer sa propre succession à
l'élection présidentielle prévue théoriquement
pour décembre 2012 ? Cette dernière question revient à
envisager l'éventualité d'un bouleversement politique majeur
au Venezuela.